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Billet de blog 16 juillet 2024

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Se battre contre le fascisme à francisque avec Christian de Montlibert (2) ...

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Pages 416/417 Défaire les collectifs de salariés 

Tout se passe comme si la première "défaisance" conduisait à casser non seulement les collectifs à défaire le droit du travail mais aussi à défaire les groupes d'atelier, de bureau dans lesquels se communalisent les insatisfactions et les revendications.

Cette volonté s'est élaborée progressivement.

Le pouvoir hiérarchique du système, il y a une trentaine d'années, s'usait.

Le patronat devait bien se résoudre, dans les années soixante dix, à constater que le nombre de journées perdues pour fait de grève augmentait, que les formes de contestation pouvaient être vigoureuses (séquestration, occupation des locaux, injures...), que l'appel à une maint d'œuvre immigrée ne suffisait plus puisque cette main d'œuvre se syndicalisait à son tour, que le transfert des activités, grâce à la délocalisation, vers une périphérie plus contrôlable et moins payée n'était pas une solution généralisable.

Dans ces conditions, la part des bénéfices réservée au capital décroissait, (toutes proportions gardées), alors que la part des salaires s'accroissait (bien relativement il est vrai).

La crise du capitalisme était, d'ailleurs, d'autant plus accentuée que les rapports de force politiques conduisaient à limiter le pouvoir des employeurs par une extension de l'Etat de sécurité sociale.

Tout se passait donc comme si plus le capitalisme allait mal, plus les salariés amélioraient leurs conditions d'existence et obtenaient une extension de leurs droits et de  leur pouvoir.

Une telle solution ne pouvait durer.

Face aux gaspillages, aux mises au rebut, aux résistances informelles dans les ateliers, au coût de rotation du personnel, aux "journées perdues pour fait de grève", à l'extension de la sécurité sociale et au développement des droits syndicaux, les critiques émanant du patronat, des hauts fonctionnaires, des économistes, des agents des instances internationales étaient de plus en plus nombreuses et encourageaient un mouvement de "reconquista" des employeurs.

La financiarisation actuelle de l'économie, qui a permis aux actionnaires de reprendre le pouvoir et d'imposer leurs exigences, na pu se développer qu'autant avait été réduite, auparavant, la capacité des collectifs de salariés à se faire entendre et n'a pu se poursuivre qu'autant, le droit du travail protecteur des salariés avait été partiellement défait. 

Ce procès a demandé du temps pour se mettre en place et a pris différentes formes :

recours à des solutions psychologisantes pour mettre en place une "domination douce" ; éviction des personnels peu enclins ou peu adaptables aux nouvelles exigences de la flexibilité ; réorganisation des structures de production avec la filialisation, la sous-traitance, l'externalisation et la location des services ;  répression antisyndicale ; appel à la technique des automates ; rationalisation de la gestion des temps de travail et affinement du contrôle financier grâce à l'informatique ; contournement du droit du travail par le droit commercial, destruction du droit du travail.

Ces diverses solutions ont été essayées ici et là.

Alors que certains s'attachaient, avec des techniques manipulatrices, à "susciter la participation", d'autre secteurs industriels, comme la sidérurgie, engageaient des réorganisations radicales conduisant à des licenciements en grand nombre, alors que d'autres encore, à l'exemple des patrons italiens amorçaient un fractionnement des grandes unités où les forces syndicales étaient très organisées.         

Ce livre reprend les textes politiques que l’auteur a pu diffuser depuis une trentaine d’années, alors que vient de se développer une mobilisation collective de grande ampleur contre la prolongation à 64 ans de l’âge légal de départ en retraite. 

De fait dans l’augmentation de la durée de la vie professionnelle se formule crûment la volonté des classes possédant le capital de maintenir leurs profits. La diminution du nombre d’enfants et, plus encore, la prolongation de la durée des périodes de formation de la jeunesse diminuent automatiquement la masse des travailleurs disponibles donc la possibilité du profit.

L’appel à une population immigrée, comme l’auraient souhaité des politiques néolibérales favorables à la libre circulation des salariés, aurait pu être une solution, si elle n’avait été écartée par des politiques néoconservatrices.

Restait alors, pour au moins maintenir le volume de la population, à prolonger la durée de la vie professionnelle, ce que vise le projet de loi sur les retraites au bénéfice des classes dominantes.

Cette dimension des rapports conflictuels entre les classes sociales structure l’ensemble de cet ouvrage.

https://editions-croquant.org/hors-collection/1001-trois-decennies-de-prises-de-position.html

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