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Billet de blog 21 mai 2024

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De la Pologne à la Biélorussie, les femmes en première ligne

À Varsovie, elles défilent pour sauver le droit à l’avortement. À Minsk, elles battent le pavé pour faire tomber l’autocrate Alexandre Loukachenko. Les femmes d’Europe de l’Est sont de tous les combats et jouent un rôle de premier plan dans les mouvements de contestation qui secouent leurs pays.

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La révolte populaire qui secoue la Biélorussie depuis le mois d’août et la réélection contestée d’Alexandre Loukachenko sont d’abord une histoire de femmes ! C’est un aspect fondamental du mouvement. Non seulement, la cheffe de file de l’opposition est une femme, Svetlana Tikhanovskaïa, mais deux autres figures féminines émergent à ses côtés : Maria Kolesnikova et Veronika Tsepkalo. Un trio d’opposantes, donc. Mais au-delà des meneuses, on est frappés par la présence massive des femmes biélorusses dans les cortèges. Des femmes souvent vêtues de blanc, avec des fleurs à la main, qui ont contribué à pacifier le mouvement, à limiter la confrontation avec les forces de l’ordre. Une stratégie qui a en partie coupé court à la volonté du régime de réprimer brutalement la contestation.

En Pologne aussi, les femmes sont dans la rue. Et là, le ton est plus guerrier ! Les femmes polonaises sont furieuses, face à une nouvelle tentative de restreindre le droit à l’avortement. Téléguidée par la PiS, le parti ultra-conservateur au pouvoir, la justice polonaise a tranché : l’IVG ne sera plus autorisée en cas de malformation du fœtus, ce qui revient à une quasi-interdiction de l’avortement. Cet arrêt du Tribunal constitutionnel a déclenché des manifestations massives depuis trois semaines. La "grève des femmes" a fini par payer : à l’heure où l'on se parle, la décision est gelée, le gouvernement a suspendu sa publication officielle. Le pouvoir est dans l’embarras, surpris par l’ampleur du mouvement, qui déborde désormais des seules revendications sur l’IVG. Il y a est aussi question des droits des femmes et des LGBT, et de la séparation entre l’Église et l’État. 

"Féministes" ou "protectrices"

Surtout, à la différence d’autres mouvements pro-avortement depuis 2016, celui-ci embarque dans son sillage des pans entiers de la société polonaise, ainsi que des minorités : les femmes ukrainiennes notamment – il y a plus de 1 million d’Ukrainiens qui se sont réfugiés en Pologne ces dernières années. Cettte minorité se tenait jusqu’ici à l’écart, mais cette fois, les femmes ukrainiennes sont aussi dans la rue. Tout cela conduit certains à voir les prémices d’une révolution féministe qui serait sur le point d’émerger en Pologne

À l’inverse, en Biélorussie… les femmes qui manifestent contre Loukachenko ne se revendiquent pas comme "féministes" mais plutôt comme des "protectrices", qui feraient en quelque sorte écran entre les contestataires et la police. Les chefs de file du mouvement affirment n’avoir aucune ambition politique personnelle. Elles disent se battre avant tout pour leurs familles et leurs enfants.

Remarquez d’ailleurs que parmi ce trio d’opposantes, toutes se sont d’abord engagées au nom de leurs compagnons, eux-mêmes emprisonnés ou mis hors jeu par le régime de Minsk. Alexandre Loukachenko ne s’est pas méfié de ces femmes arrivées à la tête de l’opposition. Il a pensé qu’il serait suffisant de mettre à l’écart les opposants hommes qui le dérangeaient. Vieux réflexe macho ! Aujourd’hui, Loukachenko a beau les qualifier de "pauvres filles qui ne comprennent rien", il se retrouve débordé. 

Ce mouvement des femmes biélorusses – même s’il n’a pas du tout les mêmes ressorts qu’en Pologne, pas les mêmes racines historiques, pas les mêmes revendications non plus – pourrait bien, là aussi, aboutir à ce que les femmes occupent une place plus importante dans la Biélorussie de demain.

https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/le-monde-d-apres/de-la-pologne-a-la-bielorussie-les-femmes-en-premiere-ligne-1309604

Bélarus. Les femmes en première ligne de la lutte pour les droits humains

Des femmes ayant joué un rôle prépondérant dans les manifestations au Bélarus sont la cible de représailles et de menaces, a déclaré Amnesty International lundi 8 mars. Dans une nouvelle publication, l’organisation met en lumière l’importance du rôle des militantes dans les manifestations ayant fait suite aux élections présidentielles contestées et révèle les représailles qu’elles subissent de la part des autorités.

Des militantes ont indiqué à Amnesty International qu’elles avaient été accusées d’être de « mauvaises mères » et de « mauvaises épouses », et menacées de se voir retirer la garde de leurs enfants. Elles ont en outre subi des mauvais traitements en détention et des peines d’emprisonnement prononcées à l’issue de procédures pénales sans fondement.

« Svetlana Tsikhanovskaïa, candidate à l’élection présidentielle contrainte à l’exil, Maria Kolesnikova, dirigeante de son équipe de campagne désormais emprisonnée, Marfa Rabkova, militante des droits humains également emprisonnée, et les journalistes Katerina Bakhvalova et Daria Tchoultsova, toutes deux condamnées à deux ans de prison pour avoir diffusé en direct une action de protestation, font partie des nombreuses femmes dont les noms sont devenus synonymes de lutte pour la liberté et les droits humains au Bélarus, a déclaré Aisha Jung, responsable du travail de campagne sur le Bélarus à Amnesty International.

« Dans une société profondément patriarcale où la violence domestique est endémique, des femmes risquent tout au Bélarus pour défendre leurs convictions. Les autorités du pays ont répliqué par des mesures visant les militantes, leurs organisations et leurs proches. »

Dans une société profondément patriarcale où la violence domestique est endémique, des femmes risquent tout au Bélarus pour défendre leurs convictions. Les autorités du pays ont répliqué par des mesures visant les militantes, leurs organisations et leurs proches.

Aisha Jung, responsable du travail de campagne sur le Bélarus à Amnesty International

Ioulia Mitskevitch, militante féministe qui dirige une organisation faisant de la sensibilisation aux questions liées au genre nommée Aktyunym Byts Faina (C’est génial d’être active) et qui est membre d’un sous-groupe du Conseil de coordination de l’opposition, Femgruppa, a été arrêtée vendredi 20 octobre 2020 devant les locaux de son organisation.

Elle a été officiellement inculpée de « participation à un rassemblement illégal », mais elle a indiqué à Amnesty International qu’elle pense être persécutée en raison de son travail sur l’égalité entre hommes et femmes. Les policiers qui l’ont arrêtée et les enquêteurs qui l’ont interrogée lui ont demandé de signer une déclaration affirmant qu’elle avait participé à des actions illégales au nom de son organisation.

« Ils m’ont proposé des avantages si j’acceptais, et m’ont menacée si je n’acceptais pas. La première fois, ils m’ont parlé de Femgruppa, des marches de femmes et des finances, mais la deuxième fois, ils s’intéressaient à mon organisation », a expliqué Ioulia à Amnesty International.

« Nous appelons à la solidarité avec les femmes courageuses du Bélarus dans leur lutte pour la liberté et les droits humains. Elles défient les attitudes patriarcales et un gouvernement déterminé à réprimer les droits humains et à étouffer le changement et le progrès que demandent les Bélarussiens », a déclaré Aisha Jung.

Complément d’information

Amnesty International a lancé une campagne mondiale de solidarité le 27 janvier 2021, avec la publication d’un rapport  révélant que les autorités bélarussiennes instrumentalisent le système judiciaire pour punir les victimes de torture au lieu de sanctionner leurs tortionnaires. L’organisation publie régulièrement des informations montrant comment les différents secteurs de la société bélarussienne sont pris pour cibles. Le Bélarus connaît actuellement la plus grave répression des droits humains de son histoire depuis l’indépendance du pays. Des militant·e·s d’Amnesty International du monde entier participeront à diverses actions pour témoigner leur solidarité avec les manifestant·e·s pacifiques au Bélarus. 

https://www.amnesty.org/fr/latest/news/2021/03/belarus-women-at-the-forefront-of-human-rights-struggle-2/

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