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Spinoza : l'auteur de l'Éthique s'oppose à l'idée de création de la nature par un Dieu transcendant et reprenant une célèbre distinction scolastique pour la subvertir, il soutient que la "nature naturante", substance infinie se produisant elle-même, est indissociable de la "nature naturée" ou ensemble des produits nécessairement différents qui résultent de cette production spontanée.
note n°55
Cf. Spinoza Ethiques, première partie, prop. XXIX, scolie, trad. B. Pautrat, Seuil, Paris, 1988. p.67
Certes Marx évoque rarement Spinoza et ne se sert pas directement de lui pour penser. (cf. Gérard Bensussan et Jean-Luc Cachon, "Spinozisme" "Dictionnaire critique du marxisme, PUF, Paris, 2e édition, 1985 p.1082 sq et A. Tosel, "Pour une lecture systématique du rapport de Marx à Spinoza" A. Tosel, P.-F. Moreau et J; Salem (dir.), Spinoza au XIXe siècle, Publication de la Sorbonne, Paris, 2007, p.127 à 147).
Pourtant de fortes convergences sont repérables et tout une tradition marxiste a établi un lien de continuité entre eux de G. Plekhanov à L. Athuser et ses disciples.
Plus Récemment, Frank Fischbach a bien montré que si Hegel concevait "la substance spinoziste comme substance morte, immobile et fixe" Marx partage avec Spinoza l'idée d'"une ontologie de la production ou de l'activité comme activité infiniment, naturellement, nécessairement et matériellement productive".
(La production des hommes Marx avec Spinoza, PUF, Paris,2005, p.26 et 27 ; cf, aussi p.121, 135, 141).
Ce thèmes est peut-être passé par les tentations matérialistes de la "philosophie de la nature" élaborée par le jeune Schelling https://fr.wikipedia.org/wiki/Friedrich_Wilhelm_Joseph_von_Schelling
note n°56
Le jeune Schelling forge le projet d'un "spinozisme de al physique", concevant la nature comme "productrice et produit en même temps", comme "pure productivité", "productivité absolue" (Introduction d'un système de la philosophie de la nature, 1799, trad. de Fischbach et E. Renault, Le livre de poche, Paris, 2001, p.70 et 111).
Il loue "l'audace du système atomiste" (p.112) et il écrit à la même époque La Profession de foi épicurienne de Heinz Widerporst, poème matérialiste et athée (in ibid..., p.170 sq ...
Certes, sa conception reste métaphysique : le "réalisme" qu'il revendique est celui de la "physique spéculative" (p.72), car dans les produits de la nature, "on perçoit toujours [...] la plus parfaite fusion de l'idée et du réel" (p.67).
Dès lors sa "science de la nature" prétend soumettre à elle la "physique soi-disant empirique" car elle "ne porte pas tant sur les phénomènes de la nature que sur leurs fondements derniers et [...] il s'agit [...] de déduire les premiers des seconds plutôt que les seconds des premiers" (p.74).