Un beau matin, qui d’ailleurs flirtaillait avec midi, le gentil duo du loriot et de la mésange s’amusait à se faire peur en gazizouillant « Ze t’aiiiime mouei non plus !»
À ceci près que le traité de convention sémantique s’était fondu dans la mousse quantique de leurs ébats…
Qu’Escamillo selon sa coutume matutinale humait savoureusement mixés avec l’air de ses ouailles. Soudain, il sentit comme un truc bizarre,
une sorte de guiliguili, vibrer sur les ailes de ses désirs…
Il s’arrêta un moment en plein cœur de la Grand Place des « Guerriers de la Joie », se caressant voluptueusement l’échine puis, sur un long
long soupir extirpa de sa poche un lambeau de papier, sorte de prolongement de ses sacrosaints manuscrits d’exercices spirituels.
On le pouvait voir marmonnant entre dents et babines, exsufflant des éclats de voix que la serpillère d’Arnold réverbérait exotiquement.
À quelques volées de là, Hilaire savourait avec gourmandise le ballet nuptial des courlis gouailleurs derrière les fenêtres de son
estaminet.
Soudain, il aperçut le saint homme scandant sa « Lectio Divina » à grands coups de sniff sniff avec l’air ahuri d’un hibou face à
un algorithme encodé. Intrigué, Hilaire rajusta ses lunettes et là, aperçu Escamillo mouliner les airs à coups redoublés de chasuble ainsi que lui
avait enseigné la Comtesse dans l’exercice de la respiration du cobra.
Soudain il décolla en vrille vers sa serre tout en exsufflant bruyamment.
Apercevant Hilaire au passage, il lui signifia qu’il y avait un buzz pas très catholique dans les airs et qu’il allait prier le Seigneur : « C’est les petits vents coulis qui font des leurs en balançant le futur vers le passé à l’aide de nanoparticules chargées de stupéfiants inconnus » !
Il nasillarda en virant de bord que le loriot et la mésange eux mêmes en étaient tout tourneboulés, puis il amorça un pas de deux avec une présence invisible et finit par déguerpir tout en sautillant, tandis que ses bras telles des ramures noueuses déployées vers le ciel célébraient un glorieux alléluia.
« Fake News !... Pschttt ! » Persifla Arnold qui de son poste arrière avait suivi d’un œil amusé.
Hilaire demeura un moment le regard fixe, mais pas comme d’habitude.
C’était plutôt une sorte de fixité inattentive, celle d’un acteur soudain anesthésié par la flèche de Cupidon, puis revenant à ses verres conclu en s’essuyant le museau du coin de son torchon qu’on n’était plus synchrones et reprit son exercice…
Lequel exercice ne requérant en terme de charge mentale guère plus que celle d’une amibe, laissait flotter son esprit vers ce flux incessant
d’images kaléidoscopiques qu’Arnold commentait « Always Up For Something ! ».
C ‘est alors que, museau tout de biais, se pointa le prof.
Il cheminait d’un pas alerte vers le café et s’amusa à toquer les vitres du bout de sa pipe, et là comme s‘il venait de quitter Hilaire l’heure d’avant s’installa sur une chaise et d’un signe commanda un café tout en entamant un bref échange. Après avoir siroté du bout de la langue, il ergota des raclements, se leva et faisant allusion à Escamillo turluta non sans quelques fioritures vocales que leur saint homme s’était peut être essayé aux drogues auditives !
À moins que le saint homme ne se soit immergé dans ses archives de bibliothèque dont l’ « L’Asclépius » rayonnait tel le Soleil élevé à une place primordiale dans cet ouvrage exposant un type de magie pratiquée par les prêtres Égyptiens et consistant à animer les statues de leurs dieux.
Certains érudits émirent l’hypothèse que c’était cette sorte de mysticisme solaire de nature affective qui avait conduit Copernic à entreprendre ses calculs.
D’autres autrement chantournés qu’il aurait voulu faire accepter sa découverte en l’inscrivant dans ce nouveau cadre de pensée.
Mais la « Voie du Tao » œuvrant dans un autre concept de caractère quantique d’espace temps à l’échine plus flexible semblait renvoyer à une sorte d’exercice où le temps joue à « Court après moi que je t’attrape ! »
Autrement dit on était dans une réalité où le temps et l’espace n’existait plus !
Alors les couacs du loriot et de la mésange dansaient la macarena aux oreilles de nos buveurs de lune.
C’est alors que, allez donc savoir, par effet d’intrication quantique Angèle laissa entendre qu’elle avait reçu un message de l’au-delà.
Le prof plaisanta que c’était peut être un peu tôt pour commissionner un aéropage d’ingénieurs en décodage hiéroglyphiques.
Cependant l’intonation de sa voix avait quelque chose de l’époque des patriarches.
C’était un rythme que l’on sentait présent de toute éternité quelque chose de vivant, une présence remontant à l’Omphalos des temps.
Arnold « badmoutha » du coin de l’œil que son entendement faisait la sourde oreille et qu’il était comme un hibou en plein cœur du nuage électronique de ses réflexions.
Sans écho perceptible, le prof se leva et sortit.
Hilaire le vit s’éloigner et se diriger vers son café rival …
Lorsque le prof poussa la porte du « Tout est permis », les joyeux guerriers étaient déjà bien échauffés.
Crespin faisait tourniquer son racloir tout en claironnant que Dame Hermine avait redynamisé son programme et qu’il n’y comprenait goutte mais…
Çà avait l’air excitant.
Elle trônait haut perchée sur sa roue de cristal telle une Princesse de l’Altaï.
Arnold grisolla qu’entre le « Pretty Fruity » et en arrière gorge le « Goût du riz au thé vert » il tutoyait les anges et leur escorte de neutrinos invisibles !
Comme on sait « Gone with the wind » !
Qu’Escamillo translata par « In deserto Clamitans » !
Aussitôt trognes et croupions de s’ébranler et s’élancer vers le raidillon.
Parvenus au seuil des « Saillies » ils découvrirent haletants, le panneau annonçant le nouveau programme :
« Amis, chers expérienceurs !
Vous qui allez goûter votre Trésor de guerre,
Dépouillez vous de toute passion !
En découvrant ces saveurs exotiques au parfum subatomique et karmique,
Ne vous scandalisez pas !
Il ne contient ni mal ni substances toxiques.
Tant qu’à vous apprendre, c’est seulement de rire :
Mon torticulis ne peut autre chose choisir
Face au deuil qui vous mine et consume !
Mieux vaut de rire que de larmes verser :
Le rire n’est-il pas le propre de l’homme ? »
« Trip Advisor : Let’s Taste Your New Karma !
Go and Enjoye Transcendantal Meditation !
Il vous suffit de focaliser votre bras armé sur un point fixe :
Ici c‘est votre Torticulis ! Et votre Esprit ainsi pris en otage va générer un
courant de conscience régulier et ininterrompu se dirigeant vers l’objet à
réaliser, et le traverser.
Si on parvient à une totale maitrise de l’Esprit, celui-ci perce le voile
phénoménal d’Isis qui entoure l’objet ‘est à dire ici l’hymen et accède à la
conscience noétique de sa vraie nature. »
Linden Blossom (Titre original : DOES REALLY TORTICULIS DERIVING FROM CONSCIOUSNESS ?)