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Billet de blog 29 juin 2024

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Allocution stèle des Malavaux Patrice CORRE Lundi 24 juin 2024

Au nom du Comité en l’honneur des 80 parlementaires et des passagers du Massilia

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https://www.lamontagne.fr/vichy-03200/actualites/80-ans-apres-son-assassinat-un-vibrant-hommage-a-ete-rendu-a-jean-zay-a-cusset_14524030/

Patrice CORRE au nom du Comité en l’honneur des 80 parlementaires et des passagers du Massilia en présence de :

Madame Hélène Mouchard-Zay et, par la pensée, Madame Catherine Martin-Zay

Madame le Préfet, Monsieur le Sous-Préfet,

Monsieur le Président du Conseil Départemental de l’Allier

Monsieur le Maire de Cusset, Vice-président du Conseil Départemental

Madame la Vice-présidente du Conseil Départemental

Monsieur le Maire de Molles

Mesdames et Messieurs les élus

Messieurs les Inspecteurs de l’Education Nationale représentant Madame

l’Inspectrice d’académie, Directrice Académique des Services de l’Education

Nationale,

Mmes et Messieurs les présidentes présidents ou responsables d’associations,

Mesdames et Messieurs les représentants les forces de la Défense de l’Ordre et de

la sécurité,

Mesdames et Messieurs les Porte-drapeaux

Mesdames et Messieurs membres de la Loge des Enfants de Jean Zay

Mesdames Messieurs,

Ce matin 24 juin 2024, c’est au nom du Comité en l’honneur des quatre-vingts parlementaires du 10 juillet 1940 et des passagers du Massilia, et à la demande de son président, le Dr Joseph Bléthon, que je prends la parole, devant vous toutes et tous ici rassemblés, aux Malavaux.

Notre association a été créée voici plus de 30 ans, le 27 mars 1991, sur proposition de Jean Marielle, alors président de l’ANACR.

Prenant le nom de Comité en l’honneur des quatre-vingts parlementaires du 10 juillet, elle affirme par ses statuts la volonté « D’agir pour que le vote des 80 parlementaires qui dirent non à la remise du pouvoir constituant au gouvernement Pétain, prenne sa place dans l’histoire de la France et de de la Résistance, pour défendre leur honneur et en perpétuer le souvenir ».

En décidant d’élargir, en 2015, ses finalités aux «27 parlementaires qui le 20 juin 1940, à partir du Verdon, s’embarquèrent sur le Massilia pour aller continuer le combat depuis l’Afrique du nord », elle a ainsi réuni dans la même mémoire, l’ensemble des parlementaires  surent rester fidèles à leurs convictions républicaines.

Parmi eux il y avait Edouard Daladier, Georges Mandel, Pierre Mendes-France et Jean Zay qui, comme tous leurs collègues furent arrêtés, sur ordre du Maréchal Pétain, à leur arrivée au Maroc.

Parmi ces quatre, deux furent assassinés à quelques jours d’intervalle. Mandel le7 juillet 1944, à Fontainebleau ; pour Jean Zay ce fut, peu avant, le 20 juin au matin, ici même.

Nous voilà 80 ans plus tard, au point de départ de ce qui fut la dernière marche de Jean Zay, après avoir été extrait, au petit matin, de la prison de Riom où il avait été incarcéré depuis 1941, à la suite de sa condamnation lors d’un simulacre de procès, par le tribunal militaire de Clermont-Ferrand.

Au motif de trahison, lui, le patriote qui avait volontairement démissionné de ses fonctions de ministre pour servir sous les drapeaux. Lui qui avait été arrêté alors qu’il partait, sur proposition du gouvernement, dans nos territoires d’Afrique du Nord pour poursuivre le combat.

En cette fin juin de 1944, le contexte change.

Les Alliés ont réussi à prendre pied en Normandie où ils commencent à rassembler leurs forces.

Dans le même temps, les Nazis, aidés des pires collaborationnistes, se déchaînent contre tous ceux qui représentent à leurs yeux l’Anti France. Dans un climat proche de la guerre civile, les violences les plus extrêmes se multiplient.

Comme tous les prisonniers de Riom, Jean Zay espère.

Le 19 juin, il écrit à son épouse « Je pars plein de bonne humeur et de force. Je n’ai jamais été si sûr de mon destin et de ma route.

J’ai le cœur et la conscience tranquilles.

Je n’ai aucune peur.

J’attendrai, comme je le dois, dans la paix de ma pensée, l’heure de vous retrouver tous.»

Alors que le soleil se lève à l’aube de ce beau matin, veille du solstice d’été, trois Miliciens, Henri Millou, Pierre Cordier et Charles Develle, prétextant être des Résistants affirment vouloir remettre Jean Zay au maquis.

Si la destination n’est  pas précise, le sinistre périple s’achève très vite ici, aux Malavaux.

Jean Zay et le compagnon d’infortune que ces tristes personnages animés par la haine ont embarqué à ses côtés sont conduits sans ménagement, sur le sentier escarpé qui gravit cette pente.

Après vingt minutes d’ascension, Jean Zay s’assied sur un rocher pour s’éponger le front.

Cordier le frappe avec une matraque. Jean Zay crie « Vive la République » avant que Develle ne l’abatte d’une rafale de mitraillette.

Dépouillé de ses vêtements, comme son compagnon, il est précipité dans le Puits du Diable.

Ensevelies par un éboulement provoqué par les grenades de leurs assassins, leurs dépouilles ne seront retrouvées que deux ans plus tard par des

chasseurs.

Seule celle de Jean Zay sera identifiée, en 1948, suite à l’arrestation de Charles Develle qui fait, lors de son procès, le récit de cet odieux forfait.

En ce lieu des Malavaux, hommage fut rendu à Jean Zay par l’édification de ce monument où a été intrègrée la stèle placée initialement à l’endroit de son supplice.

Et, à l’occasion de ce 80 ème anniversaire de ce sinistre événement, nous tenons à remercier la Municipalité de Cusset qui a financé et réalisé les travaux permettant de mettre plus pleinement en valeur ce lieu de mémoire.

Ainsi ce monument est-il rendu plus visible, plus accessible avec son entourage de verdure évoquant le souci qu’avait eu Jean Zay de transformer sa cour de prison en jardin.

Consulté sur ce projet, notre association, en collaboration avec le CIERV, a apporté son concours dans l’aménagement du sentier conduisant au Puits du Diable tout le long duquel sont implantées des bornes retraçant la vie de Jean Zay.

Cela avec l’objectif de faire mieux connaître une des pages les plus sombres de notre histoire, par le rappel du crime qui fut commis ici, mais aussi pour perpétuer la mémoire d’un des hommes politiques majeurs de notre pays.

Un homme qui a su honorer, par sa pensée et par ses actes, les plus belles promesses de notre république ; un homme dont l’engagement lui valut d’être victime de la barbarie née des idéologies les plus abjectes.

Condamné en 1940 par une justice aux ordres du gouvernement du Maréchal Pétain, Jean Zay était, comme le souligne aujourd’hui l’historien Olivier Loubes «le Bouc émissaire idéal » auquel on infligea « une peine qui visait à rappeler celle  d'Alfred Dreyfus ».

Tout au long des années Trente, il a représenté tout ce que les hommes, qui prirent le pouvoir en 1940, haïssaient : le juif, le franc-maçon et l’homme politique de gauche, ministre du Front Populaire.

Né dans une famille juive athée et laïque, il fut une des cibles privilégiées de l’antisémitisme attisé dans le contexte de crise économique par les ligues et partis d’extrême droite.

On ressortit contre lui un pamphlet de jeunesse pacifiste, « le Drapeau » que ses adversaires présentèrent comme antimilitariste, ce que démentit pourtant sans conteste, son engagement volontaire dans les unités combattantes, en septembre 1939.

Un débordement de haine que Louis Ferdinand Céline résuma dans « L’école des cadavres » par l’abjecte expression « Je vous Zay».

Jean Zay s’engagea très jeune dans la vie publique.

Dès sa majorité, il entra à la Ligue des Droits de l’Homme fut admis au Groupe de la Libre pensée et fut initié au sein de la Loge maçonnique Etienne Dolet du Grand Orient à Orléans, la même que son père.

Par tous ses engagements il montra son attachement à une philosophie humaniste portée par les Lumières et la Raison, la Foi en l’Homme, la volonté d’améliorer l’humanité dans une société fraternelle juste et éclairée.

En politique il milita, tout aussi précocement, au sein du parti Radical-socialiste où il se distingua sur l’aile gauche parmi les «Jeunes Turcs».

Il participa très activement à la constitution du Front Populaire dont il intégra le gouvernement à 32 ans, à la demande de Léon Blum, à la tête du Ministère de l’Education Nationale et des Beaux-Arts dont les compétences englobaient également la jeunesse.

Dans ces fonctions qu’il assura jusqu’en septembre 1939, il accomplit un travail considérable avec des mesures fortes comme l’allongement de la scolarité.

Visionnaire de génie, il jeta les bases d’une transformation complète de notre système éducatif qui a été portée par ses tous ses successeurs.

Les historiens s’accordent à dire que si Jules Ferry avait fait entrer la République à l’Ecole, Jean Zay eut la noble ambition d’y introduire la démocratie.

Mais au-delà des réalisations et des projets la grandeur de l’héritage qu’il nous a légué tient aux valeurs sur lesquelles il a réglé sa vie et son action d’homme public, « d’homme complet » pour reprendre le titre de la pièce qui lui a été récemment consacrée.

Jean Zay était fondamentalement un républicain sincère et militant, l’affirmant jusqu’à son dernier souffle. Il a montré une dignité et un courage exemplaires, à méditer et à ne surtout jamais oublier par temps difficiles.

Voici peu nous y pensions, avec une considération attentive, avec le recul bien confortable du temps qui facilite la perception plus juste des enjeux et des choix, tâches d’autant plus aisées lorsque l’on connaît la suite de l’histoire.

Or, l’actualité vient nous rappeler que les temps troublés qui bousculent les repères ne sont pas forcément assignés au passé.

Quand les boussoles se dérèglent il est difficile de garder le cap, de rester lucide, de ne pas céder à la colère, aux ressentiments, à cette part d’ombre de notre humanité contre laquelle Pascal nous a si bien mis en garde, par l’une de ses Pensées les plus emblématiques : « l’Homme n’est ni ange ni bête, et le malheur est que, qui veut  faire l’ange fait la bête».

Et la « bête elle monte elle monte » comme le disait, non sans jubilation, dans une de ses détestables saillies oratoires, lors de la campagne des européennes de 1984, un leader politique dont on voit parader aujourd’hui, la descendance et les émules.

Aujourd’hui, plus encore qu’hier, n’oublions pas cette affirmation écrite en 1941 par Bertold Brecht dans sa pièce, « La Résistible Ascension d’Arturo Ui » : « Le ventre est encore fécond d’où a surgi la bête immonde».

Et cette bête peut ressurgir d’où on ne l’attendrait pas.

Monsieur Zay, notre Comité des 80 s’est donné pour mission de contribuer à porter votre héritage en le transmettant aux nouvelles générations notamment avec un concours dont la finale de la 3 ème édition se déroulera ce mercredi.

Monsieur Zay, voici 80 ans, vous avez payé de votre vie la force et la grandeur de vos convictions.

Sachez pouvoir compter sur nous, sur notre volonté de rester plus que jamais engagés, aux côtés de tous ceux pour qui, la défense de notre République et des valeurs humanistes universalistes qui en sont les fondements, constitue un devoir civique et moral majeur !

Cela avec la volonté, malgré toutes les embûches, surmontant tous les préjugés exclusifs, d’unir, avec respect et dignité, les femmes et les hommes par-delà leurs différences.

Parmi eux il y avait Edouard Daladier, Georges Mandel, Pierre Mendes-France et Jean Zay qui, comme tous leurs collègues furent arrêtés, sur ordre du Maréchal Pétain, à leur arrivée au Maroc.

Parmi ces quatre, deux furent assassinés à quelques jours d’intervalle. Mandel le 7 juillet 1944, à Fontainebleau ; pour Jean Zay ce fut, peu avant, le 20 juin au matin, ici même.

Nous voilà 80 ans plus tard, au point de départ de ce qui fut la dernière marche de Jean Zay, après avoir été extrait, au petit matin, de la prison de Riom où il avait été incarcéré depuis 1941, à la suite de sa condamnation lors d’un simulacre de procès, par le tribunal militaire de Clermont-Ferrand.

Au motif de trahison, lui, le patriote qui avait volontairement démissionné de ses fonctions de ministre pour servir sous les drapeaux. Lui qui avait été arrêté alors qu’il partait, sur proposition du gouvernement, dans nos territoires d’Afrique du Nord pour poursuivre le combat.

En cette fin juin de 1944, le contexte change.

Les Alliés ont réussi à prendre pied en Normandie où ils commencent à rassembler leurs forces.

Dans le même temps, les Nazis, aidés des pires collaborationnistes, se déchaînent contre tous ceux qui représentent à leurs yeux l’Anti France.

Dans un climat proche de la guerre civile, les violences les plus extrêmes se multiplient.

Comme tous les prisonniers de Riom, Jean Zay espère.

Le 19 juin, il écrit à son épouse « Je pars plein de bonne humeur et de force.

Je n’ai jamais été si sûr de mon  destin et de ma route.

J’ai le cœur et la conscience tranquilles.

Je n’ai aucune peur.

J’attendrai, comme je le dois, dans la paix de ma pensée, l’heure de vous retrouver tous.»

Alors que le soleil se lève à l’aube de ce beau matin, veille du solstice d’été, trois Miliciens, Henri Millou, Pierre Cordier et Charles Develle, prétextant être des

Résistants affirment vouloir remettre Jean Zay au maquis.

Si la destination n’est pas précise, le sinistre périple s’achève très vite ici, aux Malavaux. Jean Zay et le compagnon d’infortune que ces tristes personnages animés par la haine ont embarqué à ses côtés sont conduits sans ménagement, sur le sentier escarpé qui gravit cette pente.

Après vingt minutes d’ascension, Jean Zay s’assied sur un rocher pour s’éponger le front.

Cordier le frappe avec une matraque.

Jean Zay crie

« Vive la République » avant que Develle ne l’abatte d’une rafale de mitraillette.

Dépouillé de ses vêtements, comme son compagnon, il est précipité dans le Puits du Diable.

Ensevelies par un éboulement provoqué par les grenades de leurs assassins, leurs dépouilles ne seront retrouvées que deux ans plus tard par des

chasseurs.

Seule celle de Jean Zay sera identifiée, en 1948, suite à l’arrestation de Charles Develle qui fait, lors de son procès, le récit de cet odieux forfait.

En ce lieu des Malavaux, hommage fut rendu à Jean Zay par l’édification de ce monument où a été intrègrée la stèle placée initialement à l’endroit de son supplice.

Et, à l’occasion de ce 80 ème anniversaire de ce sinistre événement, nous tenons à remercier la Municipalité de Cusset qui a financé et réalisé les travaux permettant de mettre plus pleinement en valeur ce lieu de mémoire.

Ainsi ce monument est-il rendu plus visible, plus accessible avec son entourage de verdure évoquant le souci qu’avait eu Jean Zay de transformer sa cour de prison en jardin.

Consulté sur ce projet, notre association, en collaboration avec le CIERV, a apporté son concours dans l’aménagement du sentier conduisant au Puits du Diable tout le long duquel sont implantées des bornes retraçant la vie de Jean Zay.

Cela avec l’objectif de faire mieux connaître une des pages les plus sombres de notre histoire, par le rappel du crime qui fut commis ici, mais aussi pour perpétuer la mémoire d’un des hommes politiques majeurs de notre pays.

Un homme qui a su honorer, par sa pensée et par ses actes, les plus belles promesses de notre république ; un homme dont l’engagement lui valut d’être victime de la barbarie née des idéologies les plus abjectes.

Condamné en 1940 par une justice aux ordres du gouvernement du Maréchal Pétain, Jean Zay était, comme le souligne aujourd’hui l’historien Olivier Loubes «le Bouc émissaire idéal » auquel on infligea « une peine qui visait à rappeler celle d'Alfred Dreyfus ».

Tout au long des années Trente, il a représenté tout ce que les hommes, qui prirent le pouvoir en 1940, haïssaient : le juif, le franc-maçon et l’homme politique de gauche, ministre du Front Populaire.

Né dans une famille juive athée et laïque, il fut une des cibles privilégiées de l’antisémitisme attisé dans le contexte de crise économique par les ligues et partis d’extrême droite.

On ressortit contre lui un pamphlet de jeunesse pacifiste, « le Drapeau » que ses adversaires présentèrent comme antimilitariste, ce que démentit pourtant sans conteste, son engagement volontaire dans les unités combattantes, en septembre 1939.

Un débordement de haine que Louis Ferdinand Céline résuma dans « L’école des cadavres » par l’abjecte expression « Je vous Zay».

Jean Zay s’engagea très jeune dans la vie publique.

Dès sa majorité, il entra à la Ligue des Droits de l’Homme fut admis au Groupe de la Libre pensée et fut initié au sein de la Loge maçonnique Etienne Dolet du Grand Orient à Orléans, la même que son père.

Par tous ses engagements il montra son attachement à une philosophie humaniste portée par les Lumières et la Raison, la Foi en l’Homme, la volonté d’améliorer l’humanité dans une société fraternelle juste et éclairée.

En politique il milita, tout aussi précocement, au sein du parti Radical-socialiste où il se distingua sur l’aile gauche parmi les «Jeunes Turcs». Il participa très activement à la constitution du Front Populaire dont il intégra le gouvernement à 32 ans, à la demande de Léon Blum, à la tête du Ministère de l’Education Nationale et des Beaux-Arts dont les compétences englobaient également la jeunesse.

Dans ces fonctions qu’il assura jusqu’en septembre 1939, il accomplit un travail considérable avec des mesures fortes comme l’allongement de la scolarité.

Visionnaire de génie, il jeta les bases d’une transformation complète de notre système éducatif qui a été portée par ses tous ses successeurs.

Les historiens s’accordent à dire que si Jules Ferry avait fait entrer la République à l’Ecole, Jean Zay eut la noble ambition d’y introduire la démocratie.

Mais au-delà des réalisations et des projets la grandeur de l’héritage qu’il nous a légué tient aux valeurs sur lesquelles il a réglé sa vieet son action d’homme public, « d’homme complet » pour reprendre le titre de la pièce qui lui a été récemment consacrée.

Jean Zay était fondamentalement un républicain sincère et militant, l’affirmant jusqu’à son dernier souffle. Il a montré une dignité et un courage exemplaires, à méditer et à ne surtout jamais oublier par temps difficiles.

Voici peu nous y pensions, avec une considération attentive, avec le recul bien confortable du temps qui facilite la perception plus juste des enjeux et des choix, tâches d’autant plus aisées lorsque l’on connaît la suite de l’histoire.

Or, l’actualité vient nous rappeler que les temps troublés qui bousculent les repères ne sont pas forcément assignés au passé.

Quand les boussoles se dérèglent il est difficile de garder le cap, de rester lucide, de ne pas céder à la colère, aux ressentiments, à cette part d’ombre de notre humanité contre laquelle Pascal nous a si bien mis en garde, par l’une de ses Pensées les plus emblématiques : « l’Homme n’est ni ange ni bête, et le malheur est que, qui veut faire l’ange fait la bête».

Et la « bête elle monte elle monte » comme le disait, non sans jubilation, dans une de ses détestables saillies oratoires, lors de la campagne des européennes de 1984, un leader politique dont on voit parader aujourd’hui, la descendance et les émules.

Aujourd’hui, plus encore qu’hier, n’oublions pas cette affirmation écrite en 1941 par Bertold Brecht dans sa pièce, « La Résistible Ascension d’Arturo Ui » : « Le ventre est encore fécond d’où a surgi la bête immonde».

Et cette bête peut ressurgir d’où on ne l’attendrait pas.

Monsieur Zay, notre Comité des 80 s’est donné pour mission de contribuer à porter votre héritage en le transmettant aux nouvelles générations notamment avec un concours dont la finale de la 3 ème édition se déroulera ce mercredi.

Monsieur Zay, voici 80 ans, vous avez payé de votre vie la force et la grandeur de vos convictions.

Sachez pouvoir compter sur nous, sur notre volonté de rester plus que jamais engagés, aux côtés de tous ceux pour qui, la défense de notre

république et des valeurs humanistes universalistes qui en sont les fondements, constitue un devoir civique et moral majeur !

Cela avec la volonté, malgré toutes les embûches, surmontant tous les préjugés exclusifs, d’unir, avec respect et dignité, les femmes et les hommes par-delà leurs différences.

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