Décidément, Madagascar restera éternellement une exception africaine.
Dans tout autre pays africain, combien de capitaine, combien de politiciens véreux et corrompus se seraient jetés sur un pouvoir vacillant et agonisant ? Non, à Madagascar, cela ne se passe jamais comme cela.
La Guerre, les nombreux, les très nombreux, les très très nombreux officiers de l'armée malgache savent la faire. Ils s'y entraînent régulièrement avec les forces françaises ou leurs voisins africains. Certains officiers supérieurs ont même fait, grand privilège, l'Ecole de Guerre en France. L'Ecole Militaire d'Antsirabe a par ailleurs formé dans le passé des gens aussi célèbre en la matière que le Capitaine Thomas Sankara.
On se dit que tous ces gens, élevés et formés aux plus hautes valeurs patriotiques que sont l'honneur, le sens de la patrie, la défense de l'intérêt national n'auraient de cesse de se précipiter pour défendre les citoyens contre le seul ennemi connus à ce jour à Madagascar à savoir ... son propre compatriote. Insularité oblige.
Il est a parier que la triste journée du 10 mars de restera pas dans l'histoire de Madagascar tant elle reflète les errements d'un pays livré à lui même. Dans ce sacro saint ventre mou des institutions internationales que de Diplomates, de Haut-fonctionnaires pour délivrer des messages vides de sens et surtout de réalités. Que de mots inutiles à servir en pature à un peuple crédule, sans culture politique, mais à la patience incommensurable.
Assurément la grille de lecture des valeurs démocratiques n'a pas de traduction malgache. Ce matin un état inexistant, des mutineries au sein de la troupe, un Chef d'Etat major qui démissionne sous la contrainte en clamant " j'y suis contraint mais c'est mieux ainsi ... " !!! Tous les ingrédients étaient réunis pour un coup de force, presque oserai je dire, souhaité. Il n'en fut rien. Un communiqué de presse du Chef d'état major (de quelle armée ?) annonçant avec toute la morgue d'un officier marchant vers l'échafaud "Nous promettons de ne prendre aucun parti pris et invitons les décideurs politiques, toutes les forces politiques,(...) à se réunir immédiatement et à se mettre d'accord pour apporter une solution dans un délai de 72 heures afin de faire sortir le pays de la crise, sinon l'armée prendra en charge les affaires du pays".
Nous voila reparti pour 3 jours de plus. La seule guerre que livre cette armée c'est celle des communiqués. On serait tenté de prendre cet avertissement au sérieux si ce Chef d'Etat major representait plus que son chauffeur et son porte serviette et s'il n'en était à son troisième avertissement.
Il parait évident, aujourd'hui, que le Président Ravalomanana avait sous estimé ses ouailles. Aujourd'hui dans un grand "Mea Culpa" (Azafady be en malgache) le Président déclare, dans une vision ultime, à ses concitoyens qu'il a pu, peux être, se tromper, qu'il en soit pardonné, la faute est humaine. Dramaturgie chrétienne avant de rentrer dans l'arène. S'il croit encore en ce moment qu'il est le Lion, il n'a pas en tête cette phrase de Georges Clémenceau qui affirmait "la Démocratie c'est le pouvoir des poux de manger les Lions".
D'aucun auront pu penser que la situation déliquescente du début de la semaine ne laissait rien présager de bon pour l'avenir de la démocratie malgache,. mais souvenons nous de Thomas Mann et de sa foie absolue dans les vertus de la démocratie quand il écrivait "Une civilisation naît au moment où les hommes sans génie croient qu’elle est perdue.”
Ayons tous l'audace de penser qu'un monde meilleur peut renaitre de ces cendres. Il faut un grain pour y croire mais la aussi croyons dans le génie d'Erasme qui nous dit « c'est bien la pire folie que de vouloir être sage dans un monde de fous.»