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Billet de blog 17 mars 2009

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Madagascar: entre espoir et désespoir

Entre espoir et désespoir, tel est le sentiment qui prévaut aujourd'hui à Madagascar. Au-delà des reportages dont raffolent les télés françaises montrant des hommes en armes montant à l'assaut d'un palais présidentiel vide de tout occupant... la journée du mardi 17 mars à comme nous l'espérions amener son lot d'espoir et de désespoir.

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Entre espoir et désespoir, tel est le sentiment qui prévaut aujourd'hui à Madagascar. Au-delà des reportages dont raffolent les télés françaises montrant des hommes en armes montant à l'assaut d'un palais présidentiel vide de tout occupant... la journée du mardi 17 mars à comme nous l'espérions amener son lot d'espoir et de désespoir.

La journée a commencé très tôt ce mardi matin. Les diplomates étaient sur le pied de guerre vers 7h. L'appel de détresse du Premier Ministre, se faisant probablement l'écho d'un Président aux abois, rameutant les diplomates probablement pour s'assurer que les promesses d'un exfiltration en toute sécurité étaient toujours d'actualité. Il faut dire que le coup d'esbrouf de la nuit à payé. Le bruit et le feu d'artifice tiré par un blindé portant le N°226 ...sans qu'on connaisse l'existence des 225 autres ... n'avait pour autre but que d'effrayer les derniers réticents.

Ambiance de fin de règne.

Tout le monde se préparait au sacre du jeune Andry sans se soucier de la démission du Président Ravalomanana que tout un chacun pensait pour acquise pour la fin de matiné. C'était sans compter sur la roublardise et la perfidie d'un dictateur agonisant. La passation de pouvoir organisée dans l'ultime geste assassin de la signature de l'ordonnance 2009-01, transférant le pouvoir à un directoire militaire, sonne comme un dernier bras d'honneur à son fils adoptif, Andry Rajoelina. Les vieilles relations familiales qu'entretenaient Ravalomanana et Andry, jusqu'à souhaiter le voir devenir son gendre, vont se dégrader dès 2002, l'année d'accession de Ravalomanana à la Présidence avec pour conseiller en communication Andry TGV lui même, agé de seulement 27 ans à l'époque.

L'affrontement entre Sara, la fille du Président et Mialy, l'épouse de Andry, sont un secret de polichinelle.

Peu de médias on relever, le rôle mais aussi les capacités étonnantes de Mialy Rajoelina, maitresse femme, dont la famille va porter le jeune Andry des salles obscures ou il organise des soirées en tant que DJ, aux commandes de son entreprise de communication DOMAPUB / INJET. La rupture est consommée quand le président fait déposer deux panneaux de pub de la société INJET qui font ombrage à deux panneaux de la société TIKO qui appartient au Président.

Pour sauver son entreprise Andry n'a d'autre solution que de partir à la conquête de la Mairie d'Antananarivo sur les traces de son ancien mentor. Une fois la mairie conquise et le candidat du Président déshonoré et battu, lequel sera envoyé en poste à Ryad en guise de remerciement, les harcèlements redoublent. Tous les pouvoirs et les recettes de la Communauté Urbaines se réduisent comme peau de chagrin sous les coups de butoir des Ministres larbins du Président. Coupures d'électricité dans les écoles, coupes franches des recettes de la mairie, transferts de la gestion des ordures ... Le maire d'Antananarivo ... devient une potiche sans pouvoir.

La coupe semble pleine. Le jeune Andry décide d'amener dans l'arène ... le pire ennemi du Président ... l'ancien Président Ratsiraka par le biais d'une interview diffusée sur sa chaine de télévision Viva. La réaction du pouvoir ne se fait pas attendre ... le Ministre de la Communication suspend les autorisations d'émettre de la télé de M. le Maire. La hache de guerre est déterrée ... et ne s'achèvera qu'avec la mort de l'un des protagonistes.

Ce bref rappel des faits montre à quel point ces querelles de familles ont instrumentalisé un peuple et un pays pour le mener au bord du Chaos.

Ravalomanana avait fait de la soumission des militaires une condition de promotion. L'allégeance était obligatoire sous peine de mise en retraite immédiate. Tous les colonels dociles avaient gagné leur étoile de général... les Généraux ayant gagné le droit de faire valoir leur droit à pension.

Au pire moment de la crise, après les massacres et les pillages le jeune Andry, aculé dans les fossés d'Ambatobe, sera sauvé in extrémis par quelques officiers et sous officiers qui avaient d'abord pour soucis de ne pas servir de chair canon sous les ordres de Généraux attablés et trop occupés à se partager des Primes de Loyauté généreusement distribuées par la Présidence, ensuite il sera remis en selle par des erreurs répétées de la Présidence notamment la déchéance de Andry de son mandat électif malgré l'affirmation du contraire la veille à Marie-Claire Girardin, 1ère conseiller de l'Ambassade de France et fervente admiratrice du Président en place ... admiration qu'il sut mettre à profit jusqu'au dernier moment.

Durant ces querelles les représentants d'une communauté internationale n'ont de cesse de répéter comme une poupée barbie parlante "c'est un problème malgache qui doit être réglé par les malgaches dans le respect du cadre constitutionnel ". Il est interessant de prendre acte aujourd'hui de ces déclarations et de se retrouver dans 6 mois pour voir les mêmes bailleurs parler, dans un accès de réalisme, de relance, de nécessité d'aider le Peuple Malgache, un peuple pacifique et attachant ... avec une amnésie totale des dégats causés par leurs déclarations inconséquentes d'aujourd'hui.

A l'heure ou ce papier sortira, les derniers Généraux rétifs auront, dans un grand élan de patriotisme retrouvé, sous la pression amicale de quelques membres de la Haute Cour Constitutionnelle ... fraichement réconfortés et convertis aux bienfaits du TGVisme, remis le pouvoir à Andry Rajoelina.

Les premières mesures devront être claires, franches et empreintes d'espoir rien de moins que :

La vente de l'avion présidentiel en toute transparence.

La nationalisation de la société Tiko.

La retrait ponctuel de l'Union africaine.

A partir d'aujourd'hui ... le jeune DJ va devoir faire des miracles ... et mixer avec talent les aspirations des vrais opposants, des ralliés de la dernière heure, des traîtres, des champions de la pirouette politique. Il va devoir faire danser dans un pas harmonieux les amis de la première heure, les purs, les durs, les vrais, les faux, les opportunistes, les exilés. Il va devoir nous obliger à choisir entre espoir et desespoir. Une certitude le Peuple malgache n'attend aucun miracle. D'ailleurs TGV n'est pas le Christ ... le Christ qui va sauver le monde vient déja d'être élu ... aux Etats-unis.

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