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Billet de blog 6 juillet 2023

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Le bien vivre-ensemble, enclencher la réconciliation

Retravailler au bien vivre ensemble devrait être une priorité afin de ramener notre pays vers de l'apaisement mais aussi proposer des axes nouveaux pour les jeunes et pour l'ensemble de la population. Ne laissons pas l'extrême droite gagner face aux valeurs républicaines.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

La mort de Nahel, 17 ans, tué lors d’un contrôle de police le mardi 27 juin à Nanterre a provoqué en France une vague de violences rappelant les émeutes de 2005 elles-mêmes déclenchées par la mort de deux adolescents, électrocutés dans l'enceinte d'un poste électrique alors qu'ils cherchent à échapper à un contrôle de police.

La colère des jeunes est légitime mais le mode de contestation par la violence n’est pas le bon et doit être condamné sans aucune ambiguïté.  Non rien ne légitimise de :  brûler la voiture d’un citoyen, piller des commerces, s’en prendre à des bâtiments publics, s’attaquer à des élu(e)s, mettre en danger des tiers (pompiers, médiateurs, forces de l’ordre…), saccager des biens publics servant à tous tels que les moyens de transport. Rien ne doit rendre un acte de violence légitime.

Il est par ailleurs faux, et injurieux pour ceux qui œuvrent au quotidien dans les quartiers dits sensibles, d’affirmer que rien n’a été fait et que la banlieue a été laissée à l’abandon.

En ces jours difficiles, je pense en particulier à un quartier que je connais bien.  Celui où je suis née ; le décor de ma jeunesse. Celui où j’ai résidé, et où j’ai exercé mon premier emploi, déjà dans le service public. Un des quartiers les plus pauvres d’Ile de France, en Sud Seine et Marne. J’y suis encore tant attachée aujourd’hui. Il a contribué à mon engagement politique et à ma soif de justice sociale.

Pourquoi cette pauvreté ? Il faut remonter le temps. La faute aux années 60-70 où se sont construits beaucoup trop de logements pour trop peu d’emplois à pourvoir dans les environs. Une prolifération d’habitations à loyer modéré, dans un confort qualifié de « standing » en comparaison des cages à lapins où certains furent entassés pour la grande reconstruction d’après-guerre de la France. Le démantèlement industriel dans les années 80 n’a fait qu’aggraver le phénomène, qu’alourdir la peine.

Les politiques ont réalisé la gravité de la situation dès les années 90 en injectant des millions pour rendre la cité plus vivable.  Au début des années 2000, 200 millions ont été investis rien que dans le quartier dont je vous parle : destruction de 9 tours, modernisation des écoles et des espaces publics, construction de nouveaux équipements. L’objectif était de redonner une dynamique au quartier et d’améliorer le vivre-ensemble des habitants. Aujourd’hui le nouveau plan ANRU prévoit 116 millions d’euros supplémentaires. Alors, abandonnée la cité ? Non. Mais il reste à faire.

Pourquoi les tensions sociales subsistent et s’aggravent ?

Le problème ne peut se cantonner à l’aménagement urbain, et voici quelques causes, non exhaustives, du délitement du bien vivre-ensemble dans les quartiers :

  • Le manque d’éducation à la non-violence dès le plus jeune âge partout en France
  • Le racisme, un fléau français. Les enfants d’immigrés sont français point barre. Les discriminations sont insupportables tout comme la stigmatisation.
  • Le manque de mise en avant du multiculturalisme en tant que chance pour la Nation
  • La suppression de la police de proximité (une catastrophe !) et pis à mon sens le fait que certaines polices municipales soient devenues des polices sécuritaires et qui ont perdu leurs âmes de « garde champêtre » 
  • L’absence de courage politique pour lutter contre le fléau des narcos
  • Le manque d’engagements individuels dans ces quartiers

Redonner du sens au « bien vivre ensemble » est notre grande responsabilité collective.

Il y a urgence ! Voulons nous voir la France de l’extrême droite au pouvoir et les clivages s’intensifier ? On ne gouverne pas un pays par la détestation de l’humain et de l’autre.

L’heure est assez grave pour que chacun, tel le colibri, contribue à amener sa goutte d’eau.

Dans notre engagement politique, rappelons-nous que nous souhaitons ardemment rendre la vie des gens meilleure et que poursuivre cet objectif redonne du sens au mot politique.

Si l’on imagine, parce que la politique c’est avant tout imaginer des mesures qui pourraient être prises, on pourrait construire un vrai programme de réconciliation avec les jeunes mais aussi avec l’ensemble des habitants.

Dans ce pacte de réconciliation il paraît indispensable de :

  • Mettre en place un grand plan de lutte contre le racisme
  • Créer au sein de l’Éducation Nationale un programme sur la non-violence
  • Remettre les polices municipales sur leurs missions de proximité et de contact citoyen
  • Entamer la réforme de la Police Nationale, changer les modes de formations, créer une inspection indépendante, rétablir la vraie police de proximité
  • Remobiliser les institutionnels sur l’accueil des TIG pour sanctionner mais en parallèle faire comprendre et offrir des chances de réinsertion
  • Prendre en considération l’Enfance et la parentalité en créant un ministère dédié et nationaliser l’aide à l’enfance pour une équité territoriale. Là on peut sortir les millions ! Investir aujourd’hui cette thématique c’est rendre la société de demain plus apaisée
  • Remettre en place de façon collaborative des comités de « grands frères et grandes sœurs » avec des parcours inspirants pour les autres. Non tous les jeunes des quartiers ne doivent pas être stigmatisés, la majorité silencieuse s’en sort plutôt bien !
  • Redonner une place prépondérante à l’Éducation Populaire

Cette liste aussi n’est pas exhaustive… Cette tribune est la 1ère goutte du colibri que je verse. La République m’a offert un tas de possibilités dans mon parcours personnel, la seule sortie de crise possible est la réaffirmation des valeurs républicaines, et des politiques publiques qui soient conduites en cohérence avec celles-ci.

Virginie JOUVE - Conseillère Régionale Nouvelle-Aquitaine - Élue Place Publique

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.