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Billet de blog 23 avril 2024

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Des réformes pour la forme, des inégalités scolaires accentuées

Les réformes en cours vont probablement renforcer les inégalités et la stigmatisation des jeunes collégiens étudiant en ZEP. D'autres voies étaient possibles pour combattre les inégalités et promouvoir l'égalité des chances.

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Aujourd’hui le 23 avril 2024, le Conseil Économique, Social et Environnement fera part, après une grande enquête, de préconisations sur l’équilibre vie professionnelle – vie personnelle.

À une époque où cet équilibre est de plus en plus recherché, le Premier Ministre envisage d'imposer aux collégiens de ZEP (Zones d’Éducation Prioritaire) une présence obligatoire de 10 heures par jour au sein de leurs établissements scolaires.

L’information a été rapidement diffusée et a suscité peu de débats, cette mesure contestée devrait donc s’appliquer à la rentrée prochaine dans quelques établissements. Le Premier Ministre en a ainsi décidé et le silence de la ministre de l’Éducation Nationale vaut acquiescement.

Pourquoi de nouveau créer une inégalité ? Pourquoi par cette mesure on stigmatise de nouveaux les jeunes des quartiers ? Quelle conséquence sur la mixité dans ces établissements ?

Une telle décision, s’additionnant aux mesures de groupes de niveaux et de « casier scolaire » sur Parcoursup, interroge.

Sous couvert de lutte contre les inégalités, on va donc imposer aux adolescents une journée de 10 heures dans leurs établissements scolaires.

Quid de l’équilibre vie collégienne-vie personnelle ?

La vie personnelle des adolescents dans ces quartiers est en partie constituée par une ou des activités dans les différentes structures associatives de leurs villes après leurs cours.

Rappelons que les associations et les acteurs de l’Éducation Populaire proposent un panel d’activités permettant d’apporter une aide aux devoirs, une inclusion par le Sport, un accès à la Culture et qu’ils sont des piliers pour favoriser l’émancipation citoyenne.

Pourquoi alors avoir baisser considérablement les aides qui leur étaient dévolues ? Sous couvert d’économies budgétaires indispensables ? Les budgets ne vont pas toujours avec les priorités semble t’il au point de friser avec l’incohérence.

10 heures dans un établissement représenteront combien d’heures d’activités associatives en moins pour ces jeunes ?

N’aurait-il pas été préférable pour combattre les inégalités de proposer un véritable plan d’accompagnement ? Quelques mesures semblant assez justes pourraient être proposées :

  • Redonner du souffle budgétaire aux associations
  • Augmenter le montant du PASS SPORT pour que chaque adolescent puisse pratiquer une activité. Aujourd’hui en France le prix moyen d’une licence sportive oscille entre 250 et 300 euros. Le PASS est de 50 euros.
  • Créer au sein de l’Éducation Nationale un programme sur la non-violence
  • Remettre en place de façon collaborative des comités de « grands frères et grandes sœurs » avec des parcours inspirants pour les autres. Non tous les jeunes des quartiers ne doivent pas être stigmatisés, la majorité silencieuse s’en sort plutôt bien !
  • Investir en profondeur la thématique de la parentalité
  • Rendre l’école obligatoire jusqu’à la majorité pour lutter efficacement contre le décrochage scolaire et offrir des possibilités aux adolescents au moment de la transition vers l’âge adulte

Cette mesure des 10 heures mise en parallèle avec la mention conduite dans le dossier Parcoursup est une machine à broyer des jeunes.

Qui n’a pas commis d’erreurs dans son parcours de vie ? Un adolescent ou une adolescente qui aurait commis une faute se verra attribuer un bonnet d’âne qui figurera dans son dossier Parcoursup. Une erreur commise à 12 ans pourra donc avoir de lourdes conséquences sur le parcours scolaire et la vie d’adulte.

Voulons-nous une société purement répressive qui ne donne pas de seconde chance ?

Se pose le même questionnement par rapport aux groupes de niveaux qui sont aujourd’hui remis en cause à l’étranger là où ils ont été testés et qui ne satisfont absolument pas le corps enseignant. Mauvais un jour, mauvais toujours ?

Qui voudrait se voir affubler d’une telle étiquette ? Pour qui est ce encourageant d’être mis dans un groupe dit faible, ou de passer du groupe « bons » à « mauvais ».

Se pose par ailleurs une question importante, les parents qui en ont les moyens et dont l’enfant dépend d’un établissement ZEP, ne vont-ils pas se résoudre à se tourner vers le privé ? La mixité déjà malmenée, va finir par disparaître dans ces établissements, des ghettos scolaires vont-ils apparaître ?

Dans notre engagement politique, rappelons-nous que nous souhaitons ardemment rendre la vie des gens meilleure et que poursuivre cet objectif redonne du sens au mot politique.

Il est temps d’enclencher la réconciliation avec les jeunes des quartiers et de faire cesser immédiatement la stigmatisation en prenant des mesures inclusives et non répressives.

Virginie LENOIR –  Élue Place Publique - Conseillère Régionale Nouvelle-Aquitaine

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.