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Billet de blog 1 août 2011

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Nîmes : Arène de première catégorie ?

La féria s’achève sur une note musicale, une œuvre lyrique. Il s’est passé beaucoup d’évènements. Les aficionados repartent-ils avec un sentiment de frustration ? D’amertume ? De satisfaction ? Il est important de s’interroger au vu de ce que doit représenter une arène comme Nîmes. Nous aimons cette plaza qui est esthétiquement la plus belle du monde ; tauromachiquement, une des plus importante par sa programmation. L’est-elle vraiment par le sérieux ? Ce débat n’a fait qu’alimenter les conversations d’aficionados durant une semaine entière. Il est vrai que jeudi soir, la barre avait été placé très haute. Nîmes n’avait pas connu une telle exigence depuis longtemps, cela en a choqué certains. Pourtant, la majorité des aficionados ne le fut pas ; c’est même le contraire. Dans des arènes comme Séville ou Madrid cette rigueur est en adéquation avec la catégorie de la plaza. Nîmes n’est-elle pas considérée comme la Séville française ? Par la sensibilité artistique de son public, la réponse est évidente. La faena de Morante lundi soir l’atteste profondément. Pour le reste…

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

La féria s’achève sur une note musicale, une œuvre lyrique. Il s’est passé beaucoup d’évènements. Les aficionados repartent-ils avec un sentiment de frustration ? D’amertume ? De satisfaction ? Il est important de s’interroger au vu de ce que doit représenter une arène comme Nîmes. Nous aimons cette plaza qui est esthétiquement la plus belle du monde ; tauromachiquement, une des plus importante par sa programmation. L’est-elle vraiment par le sérieux ? Ce débat n’a fait qu’alimenter les conversations d’aficionados durant une semaine entière. Il est vrai que jeudi soir, la barre avait été placé très haute. Nîmes n’avait pas connu une telle exigence depuis longtemps, cela en a choqué certains. Pourtant, la majorité des aficionados ne le fut pas ; c’est même le contraire. Dans des arènes comme Séville ou Madrid cette rigueur est en adéquation avec la catégorie de la plaza. Nîmes n’est-elle pas considérée comme la Séville française ? Par la sensibilité artistique de son public, la réponse est évidente. La faena de Morante lundi soir l’atteste profondément. Pour le reste…

Nîmes est, selon les dires, une arène d’importance, la première de France, une arène de confirmation. Certes, il fut un temps où Nîmes eut ce rayonnement, ce sérieux. Seulement depuis plusieurs années toutes ces qualités se perdent. Sur le papier c’est parfait, on ne fait pas mieux en six jours de féria. Rien n’est remis en cause, juste des points soulevés pour susciter une réflexion profonde et, je le pense, nécessaire afin de la faire briller comme elle le mérite. De plus en plus d’espagnols font le déplacement pour voir des toros chez nous, ce qui est très flatteur. Tout comme le fait que canal + Espagne soit venu pour retransmettre en direct deux corridas. Malheureusement, en fin de féria vous pouvez parler avec toutes ces personnes, voilà ce qu’elles vous répondront pour la plupart : « Esto que es ? Es un pueblo, no es una plaza de primera. » (Qu’est-ce que c’est? C’est un village, ce n’est pas une arène de première.). La réaction de ces aficionados est justifiable quand on voit les oreilles tombées comme une pluie d’automne. Voir le public applaudir des toros sans caste, sans race, avec du genio est incompréhensible, néanmoins à Nîmes c’est devenu une habitude. Applaudir le premier toro de Miura de Rafaellillo est indécent, consternant, un manque de respect envers le torero qui a joué sa vie sur chacune de ses passes. Le silence est parfois bien plus sonore que des applaudissements. Je retiendrai également les commentaires de Moles, Muñoz et Cabellero lors de la vuelta al ruedo accordée au dernier toro de la Quinta : « Que pena de dar la vuelta al ruedo. » (Quelle tristesse de donner la vuelta al ruedo.). Tout est dit, personne ne conteste, tout le monde s’en contente. Il me paraît important d’avoir certaines attentes quand on vante Nîmes comme une arène de première catégorie, de confirmation de surcroît. Le sérieux doit reprendre sa place. Sinon, il suffit d’avouer que la première catégorie de cette plaza n’est que théorique, et là, l’aficion sait où elle se trouve.

Le public est-il vraiment conscient du sérieux qu’exige une arène de première catégorie ? Ces six jours ont montré à tout le monde que ce n’est pas le cas. Il faut tout de même rappeler que la mise à mort est très importante dans l’attribution des trophées. On ne coupe pas d’oreilles lorsqu’un torero pinche, ou tue un toro avec un bajonazo. La deuxième oreille est à la discrétion du Président. Si, comme ce fut le cas jeudi soir, un torero pinche il n’accorde pas de seconde oreille. Cela est vérifiable dans toutes les arènes de première catégorie en Espagne. Rien ne peut être reproché à un président de course qui applique le règlement. Pourtant, à Nîmes et nulle part ailleurs, ce comportement sérieux fut sanctionné par l’éviction de ce dernier. Peu de réactions dans le mundillo, alors que c’est une première à Nîmes. Ce genre d’acte est tout simplement inacceptable ; faire briller Nîmes ne revient pas à accorder des trophées galvaudés. Il vaut mieux une oreille de poids que deux sans aucune saveur. Le but de l’empresa est de remplir les tendidos. Offrir des trophées à tout va n’assure pas un taux de remplissage parfait. Le même spectacle avec un peu plus de sérieux n’aurait pas de répercussion dans la vente des places. Le problème est posé.

En tant qu’aficionado nîmois, je sais que Nîmes ne deviendra pas Madrid, d’ailleurs je ne le souhaite pas. J’aimerais qu’elle comble le fossé qui la sépare de Séville. Oui, Nîmes est la jumelle de la capitale andalouse dans le sentiment qu’elle dégage. Par son sérieux dans sa programmation elle est même au-dessus. Pour autant, elle n’est pas aussi respectée ni vue comme telle par les aficionados andalous. Les clubs taurins ont un rôle à jouer pour tenter d’inculquer cette valeur d’importance au grand public, il faudrait communiquer dans ce sens là. La presse doit jouer le jeu, les professionnels également. Si on ne le souhaite pas, il est simple d’avouer que Nîmes est une arène de spectacle, à ce moment là tout est permis. Je suis attristé quand les espagnols me demandent si à Nîmes on aime offrir les triomphes, pour eux couper deux oreilles c’est très important, à Nîmes c’est la routine. J’aime ma ville, son aficion et je la défendrai encore et encore ! Les espagnols aiment et reconnaissent notre aficion. Cela peut-il durer longtemps ? A méditer…

V.Morelli

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