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Billet de blog 5 décembre 2009

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Dans nos mémoires pour toujours

Pozoblanco, 26 septembre 1984, au cartel Paquirri, El Yiyo et El Soro. Un cartel de luxe pour une petite arène qui se trouve dans la province de Cordoue. Nous sommes au quatrième toro de l’après-midi. Francisco Rivera ne fera que deux passes de capote avant qu’Avispado ne déboule sur lui pour infliger une cornada d’une violence rare. Cette histoire tous les aficionados la connaissent. Elle est tragique et nous rappelle qu’il y a à peine 25 ans on pouvait mourir dans une arène en raison d'une couverture médicale insuffisante. Ce fut un véritable séisme dans le monde taurin que d’apprendre la mort de ce torero adulé par tout le mundillo. Je n’étais pourtant pas encore né, en ce jour dramatique, mais depuis que je suis petit j’entends parler de Paquirri. Avec l’âge la curiosité se développe, l’envie d’en apprendre plus. J’ai vu des photos, des vidéos, lu des bouquins sur ce mythe taurin mais la meilleure façon de se cultiver sur le sujet reste de converser avec ceux qui ont eu la chance de le voir à l’œuvre. Ils vous en parlent tous comme une légende, sa disparition étant vu comme un déchirement total dans le cœur de chacun. Il est important de comprendre comment après plus d’un vingtaine d’année son souvenir est toujours présent. Ce patrimoine taurin, legué, est transmis de générationen génération. Plus qu’un torero marquant son temps, c’est un torero d’époque qui traverse les décennies. Si autant de jeunes connaissent Paquirri c’est qu’il a marqué l’histoire de cet art.

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Pozoblanco, 26 septembre 1984, au cartel Paquirri, El Yiyo et El Soro. Un cartel de luxe pour une petite arène qui se trouve dans la province de Cordoue. Nous sommes au quatrième toro de l’après-midi. Francisco Rivera ne fera que deux passes de capote avant qu’Avispado ne déboule sur lui pour infliger une cornada d’une violence rare. Cette histoire tous les aficionados la connaissent. Elle est tragique et nous rappelle qu’il y a à peine 25 ans on pouvait mourir dans une arène en raison d'une couverture médicale insuffisante. Ce fut un véritable séisme dans le monde taurin que d’apprendre la mort de ce torero adulé par tout le mundillo.

Je n’étais pourtant pas encore né, en ce jour dramatique, mais depuis que je suis petit j’entends parler de Paquirri. Avec l’âge la curiosité se développe, l’envie d’en apprendre plus. J’ai vu des photos, des vidéos, lu des bouquins sur ce mythe taurin mais la meilleure façon de se cultiver sur le sujet reste de converser avec ceux qui ont eu la chance de le voir à l’œuvre. Ils vous en parlent tous comme une légende, sa disparition étant vu comme un déchirement total dans le cœur de chacun.

Il est important de comprendre comment après plus d’un vingtaine d’année son souvenir est toujours présent. Ce patrimoine taurin, legué, est transmis de générationen génération. Plus qu’un torero marquant son temps, c’est un torero d’époque qui traverse les décennies. Si autant de jeunes connaissent Paquirri c’est qu’il a marqué l’histoire de cet art.

Sa famille est évidemment la plus connue dans le mundillo. En épousant Carmen Ordoñez, fille du célébrissime Antonio Ordoñez, il entre dans une autre catégorie, le public lui en demande encore plus ; il devient alors l’un des toreros les plus médiatiques du moment. En nous quittant il laisse derrière lui une histoire gravée en lettre d’or dans le grand livre de la tauromachie.

Un héritage hors du temps

De cette première union naîtront deux fils, aujourd’hui toreros, à travers eux la légende tente de se perpétuer. Elle est certes beaucoup moins glorieuse mais des gestes typiques chez leur père sont présents dans leur attitude. Paquirri ne pouvait s’empêcher de hausser les épaules pour remonter sa chaquetilla, Francisco Rivera Ordoñez ne cesse de le faire. Avant chaque début de faena il mettait de l’eau dans ses zapatillas, Cayetano le fait également. Ce ne sont que des petits détails mais à travers eux l’image de leur père reste perceptible. Le passé est lourd à porter pour les deux frères.

Ce fut le premier torero, de notre époque, à considérer le tercio de banderilles comme étant aussi important que le troisième. Il mettait tout en œuvre pour faire briller le toro durant cette phase. A Nîmes lorsqu’on parle avec des aficionados ils vous racontent : « c’était le seul à brinder un de ses toros à la musique après un tercio réussi ». Rajoutant un peu plus de mythe à ce torero on m’a conté une chose extraordinaire : « Durant la vuelta, lorsqu’il coupait une oreille, c’était le seul sur qui les chapeaux atterrissaient directement sur sat ête ! ».

La vie de chaque aficionado est marquée par son empreinte. Sa combativité, son amour des toros sont sa marque de fabrique. Lorsqu’on voit des photos de lui, on s’aperçoit qu’il avait toujours le sourire en piste. Il se battait tout en étant heureux de faire ce qu’il aimait. De lui j’ai appris ce qu’était l’allégresse et cette profonde passion pour le toro qui est la base de l’aficion. Sa sérénité est un exemple, jusqu’au bout il restera calme en ayant le sourire. Delui il faut s’inspirer. Cela fait 25 ans qu’il a disparu et pourtant l’ombre de ce « maestro » est toujours présente dans le ruedo et les tendidos. La référence c’est souvent lui, en sortant des arènes il est intéressant de rester aux abords pour écouter les conversations de chacun ; souvent vous entendez le nom de Paquirri. Il est facile de parler de Francisco lorsqu’on a eu l’occasion de le voir, on trouve toujours quelque chose à dire, pourtant moi je vous parle de lui avec facilité et envie. J’ai appris beaucoup de choses sur la tauromachie grâce à lui. Les notions essentielles, de bases, la simplicité, la profondeur et l’allégresse sont les éléments qui ressortent le plus et qui font qu’aujourd’hui on parle encore de lui comme dans un rêve.

Une exposition décevante

J’étais présent à Madrid début octobre pour la feria d’Otoño. Je ne voulais pas partir de Las Ventas sans avoir vu l’exposition qui lui était consacrée ; en mémoire de ce triste anniversaire. C’est Cayetano qui l’avait inauguré au mois de septembre, en présence de son frère, Francisco José Rivera Pantoja"Paquirrin" (Fils qu'il a eu avec la Pantoja, sa deuxième femme), qui n’est pas torero mais people. Beaucoup de personnalités taurines avaient fait le déplacement :Dámaso González, Curro Vázquez, Ángel Teruel, “Espartaco”,“Niño de la Capea”, Paco Alcalde, “Tinin”. Je m’attendais à faire des découvertes, voir des photos encore inconnues ou des costumes qui ont marqué cette riche carrière. Au final, je suis sorti déçu de cette petite exposition. Située dans la petite salle « Antoñete » des arènes, elle aurait pu être grande par la richesse de son contenu. Malheureusement il n’y avait que des photos déjà vues des centaines de fois par tout le monde, deux costumes qui n’évoquaient aucun grand souvenir de sa carrière. Je m’attendais à autre chose mais il est certain que beaucoup d’aficionados sont sortis de là en étant complètement déçus de ce qu’ils venaient de voir, dommage.

Un souvenir impérissable

Cette exposition aura eu le mérite d’exister et de faire connaître aux plus jeunes d’entre nous ce mythe tant adulé par l’Espagne. Elle aura peut-être créée des vocations, apprit certaines valeurs à des enfants ; c’est bien là le plus important. Le combat contre l’ignorance est le savoir. Apprendre de ce « maestro » est primordial quand on est passionné par le toro. Les valeurs qu’il aura véhiculé durant toutes ces saisons sont les bases même de la tauromachie. Le fait de créer un tel évènement est utile à la survie de notre passion. Les jeunes doivent savoir, connaître l’histoire car c’est grâce à elle, aussi, qu’on apprend à comprendre l’importance du toro. A travers des histoires comme celle de Paquirri, Joselito, Manolete ou « El Cordobes » (entre autres), la jeune génération d’aficionados se rend compte de ce qui nous anime tous : l’AMOUR DU TORO. Les « antis » ne peuvent pas le comprendre, ils agissent en ne pensant qu’à leur petite personne sans se cultiver sur le sujet, sans absorber ces souvenirs impérissables qui sont définitivement ancrés dans cette culture. Ces voyages dans notre passé sont essentiels pour promouvoir l’aficion.

Ce que je retiens du « MAESTRO » Paquirri, ce sont ses qualités dans l’arène et en dehors. J’ai grandi avec les toreros de ma génération mais également des générations précédentes. Curro Romero, Rafaël de Paula m’ont transmis cette affection inégalable de l’art aujourd’hui incarné par Morante, Manolete m’a appris ce qu’était la technique et les terrains, El Cordobes cette foi incomensurable dans le toro ; enfin Paquirri me laisse un souvenir impérissable d’allégresse, d’humilité, de combativité et un pouvoi rmystique sur les toros. Cette envie incomparble de réussir, la reconnaissance de tous en est le témoin. Cela fait déjà 25 ans qu’il nous a quitté mais sa présence est toujours à nos côtés ; merci MAESTRO…

V.M

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