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Billet de blog 22 novembre 2009

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Nous sommes tous Adrían !

Nous sommes le 1er Mars 2009, il est presque 11h30, la foule s’agglutine à l’entrée du Palacio de Vistalegre à Madrid. Il n’y a jamais eu autant de monde autour de ces arènes pour un début de saison, le noy hay billete est annoncé depuis la veille par la taquilla. Il faut dire que l’évènement proposé est vraiment spécial. La mobilisation est forte et mérite d’être soulignée. Qui osera dire après ce jour historique que le monde des toros est ingrat, cruel et que celui qui va aux arènes est un assassin ? Personne, quel pied de nez aux antis ! Les toreros, ganaderos, empresarios, politiques, journalistes, aficionados ont tous répondu présents pour rendre hommage à cet homme ; la planète toro est définitivement une grande famille. Ce sont toutes les valeurs que prône la tauromachie qui en sortent vainqueurs aujourd’hui.Remettons les choses dans son contexte pour ceux qui n’ont pas compris de quoi je parle. Il y a de ça moins d’un an, le peon du Fundi, Adrían Gomez, se fait prendre par un novillo à Torrejon de Ardóz. Il était en effet dans la cuadrilla d’un apprenti qui aspire à devenir maestro. Par générosité il lui fait part de son expérience et accepte de toréer à ses côtés. Malheureusement après une paire de banderilles Adrían se fait attraper par ce bicho. Le diagnostic qui tombera dans la soirée est tragique. Tout le mundillo est sous le choc en apprenant la nouvelle, l’homme meurtri risque d’être tétraplégique ; après l’opération le verdict tombe : sa vie sera définitivement différente, tout réapprendre, les toros en tant qu’acteur sont du passé. A partir de cet instant c’est toute la planète toro qui est avec lui.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Nous sommes le 1er Mars 2009, il est presque 11h30, la foule s’agglutine à l’entrée du Palacio de Vistalegre à Madrid. Il n’y a jamais eu autant de monde autour de ces arènes pour un début de saison, le noy hay billete est annoncé depuis la veille par la taquilla. Il faut dire que l’évènement proposé est vraiment spécial. La mobilisation est forte et mérite d’être soulignée. Qui osera dire après ce jour historique que le monde des toros est ingrat, cruel et que celui qui va aux arènes est un assassin ? Personne, quel pied de nez aux antis ! Les toreros, ganaderos, empresarios, politiques, journalistes, aficionados ont tous répondu présents pour rendre hommage à cet homme ; la planète toro est définitivement une grande famille. Ce sont toutes les valeurs que prône la tauromachie qui en sortent vainqueurs aujourd’hui.

Remettons les choses dans son contexte pour ceux qui n’ont pas compris de quoi je parle. Il y a de ça moins d’un an, le peon du Fundi, Adrían Gomez, se fait prendre par un novillo à Torrejon de Ardóz. Il était en effet dans la cuadrilla d’un apprenti qui aspire à devenir maestro. Par générosité il lui fait part de son expérience et accepte de toréer à ses côtés. Malheureusement après une paire de banderilles Adrían se fait attraper par ce bicho. Le diagnostic qui tombera dans la soirée est tragique. Tout le mundillo est sous le choc en apprenant la nouvelle, l’homme meurtri risque d’être tétraplégique ; après l’opération le verdict tombe : sa vie sera définitivement différente, tout réapprendre, les toros en tant qu’acteur sont du passé. A partir de cet instant c’est toute la planète toro qui est avec lui.

Le maestro El Fundi, ami du peon, décide donc d’organiser un festival en faveur d’Adrían. Sa volonté première est surtout de rendre hommage à cet homme et évidemment tous les plus grands ont répondu présents à cet appel car ils se sentent, bien sur, tous concernés par cette noble cause. Le cartel prend donc forme vers la fin octobre et quel programme : Diego Ventura, José Miguel Arroyo« Joselito », El Fundi, Enrique Ponce, Morante de la Puebla, Julían Lopéz« El Juli » et le novillero Christian Escribano. Beaucoup d’autres auraient voulu être présent dans le ruedo mais ce n’était évidemment pas possible

C’est donc dans ce contexte lourd d’émotion que s’annonce cette corrida qui promet d’être difficile à suivre. Il est environ 12h05 quand je me dirige vers l’entrée des arènes ; le paseo est à 12h00 mais le monde devant les entrées est tel que le paseo sera retardé c’est une certitude! On croise une cuadrilla se dirigeant vers le patio de Caballo, c’est très rare de les voir arriver à pied mais les bouchons sont tels que le seul moyen d’arriver presque à l’heure c’est en marchant. : c’est le maestro Morante de la Puebla, toujours très classe, aujourd’hui il ne peut pas se permettre de passer à côté. Voilà pour la petite anecdote qui fait sourire parce-que la suite est différente, les sourires n’auront pas la même signification.

Toutle monde prend place dans les tendidos et au centre du ruedo rentre Adrían Gomez accompagné de sa femme. Les aficionados se lèvent et l’ovation est telle que la chair de poule vous envahie, les larmes montent en même temps que les sourires en voyant cet homme ému et heureux de voir ces 14000 personnes debout pour l’acclamer. Le ton est donné, on sent que ça risque d’être dur de suivre correctement ce festival. Devant nous les maestros Antoñete et Manuel Caballero commentent ce spectacle pour la télévision, toutes les images repassent et on se rend compte qu’Adrían est aux anges en réalisant cet élan de solidarité.

C’est Diego Ventura qui ouvre ce festival. Il est vrai que le rejoneo n’est pas ceque je préfère mais lorsque je le vois, tout comme Mendoza d’ailleurs, je suis vraiment en admiration. Cette facilité qu’il peut avoir sur son cheval est très étonnante. Le meilleur pour moi aura été le second qu’il a sorti, cette magnifique monture blanche (il paraît qu’il faut dire grise pour la robe, je m’excuse pour les connaisseurs mais pour moi c’était blanc). S’il n’y avait pas eu de cavalier c’est le cheval qui aurait torée tout seul, c’est à ça je pense que l’on reconnaît les plus grands. Une très grosse prestation du sévillan (2oreilles) qui nous met dans les meilleures conditions pour la suite.

J’ai oublié de préciser que tous les toreros présents auront brindés (dédiés) leur toro à Adrían. Le second à se retrouver au centre du ruedo a arrêté depuis plusieur sannées, il est maintenant ganadero et il s’est occupé de toreros. Joselito (2oreilles) n’a rien perdu de sa classe, le manque de corridas s’est vu à la muleta où on remarquera une certaine limite. Cependant au capote il n’a rien perdu, la classe à l’état pur, le meilleur de toute la corrida et c’est peu de le dire quand on sait qui était présent au cartel. Des véroniques au ralenti d’une douceur telle que le capote ressemblé pour le coup à un magnifique foulard de soie de grand couturier (c’est la semaine de la mode à Paris il faut rester dans l’actualité). C’est avec le Fundi (2 oreilles) que l’après-midi a commencé à prendre une émotion toute particulière. Investi plus que jamais et touchant le meilleur toro de la course, un novillo d’El Ventorillo. C’est un tout autre diestro que l’on a eu l’occasion de voir sur le sable de ces arènes, totalement artiste à la muleta, c’était un véritable régal de le voir toréer de la sorte. On n’a pas tous les jours l’occasion de rencontrer un Fundi complètement relâché, vraiment une très bonne surprise. En revoyant les images dans les caméras postées devant nous on a pu apercevoir les yeux d’Adrían pétillés de bonheur en voyant son ancien torero effectué une telle prestation, rien que ça c’est un total bien-être.

On est déjà à la moitié de la corrida, Enrique Ponce (1 oreille) on le connaît et on sait qu’avec lui tout peut se passer. Avec le toro le plus faible de la tarde, rappelons que cet exemplaire est issu de sa propre ganaderia, on a encore vu une faena chirurgicale. Il a complètement amené son toro a más, le manque d’émotion s’est fait ressentir malgré toute la science du maestro de Chiva ,la faute au bicho. Avec Morante on ne sait jamais mais aujourd’hui est une après-midi à part. Malgré quelques difficultés au capote, le toreo atypique du sévillan refait surface dès le tercio de banderilles ; posant lui-même les bâtonnets d’une manière très antique. La catastrophe n’est pas passée loin lorsqu’à la manière d’un fandi il a voulu arrêté le toro en courant en arrière, il s’est retrouvé face contre terre et le bicho passant par-dessus lui, heureusement sans conséquence. Nous sommes tous Adrian et lui aussi, sa faena nous le montre. Des passes d’une esthétique parfaite, comme une fresque peinte sur l’instant, empanachent désormais le ruedo madrilène. Une très bonne phase de tauromachie à montrer à tout bon aficionado (2 oreilles pour celui de la Puebla del Río).

On est presque à la fin du festival, le temps n’a plus d’emprise tellement l’absorption est totale. L’émotion particulière de la course y est pour beaucoup. Julían Lopéz « El Juli » (2 oreilles) est un maestro, nous sommes dans le cadre d’un festival et d’entrer il frappe un coup énorme. Plus torero que jamais ; le quite au capote est merveilleux et je ferais un arrêt sur image sur le desplante après la media, il fut à la fois très artistique et ultra torero avec un poder jaillissant de toute part de son traje de campo (costume) gris. La faena n’est pas anecdotique, ce que l’on pourra retenir se sera sans aucun doute ces derechazos profonds, temples et avec une cintura extraordinaire. Mon voisin de gauche (je parle toujours de mes voisins mais ce n’est pas de ma faute si ces espagnols me parle tout le temps) dira que cette temporada il marquera les esprits d’entrée de jeu ; il était peut-être voyant maintenant qu’on sait qu’à Olivenza il a effectué un faenón. Christian Escribano (1 oreille) clôture l’après-midi et il accomplira une très bonne prestation devant un novillo ne l’aidant pas beaucoup. Encore un petit peu vert, comme on dit, mais les gestes qu’il aura laissé sur le ruedo sont intéressants, de très bon goûts et nets, à revoir de toute évidence…

C’est après cela que l’émotion présente toute la journée ressort, Adrían revient au centre du ruedo, le sourire jusqu’aux oreilles, pour une sincère ovation de toutes les arènes. C’est ainsi que se termine cette journée exceptionnelle dans l’humilité, l’humanité et en FAMILLE. Toreros, ganaderos, empresarios et aficionados nous sommes tous Adrían…

V.M

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