La CNIL a fini par condamner la RATP à payer 400000 euros d'amende pour avoir établi des fichiers recensant les agents grévistes. Des fichiers qui ont servi de base de travail pour accepter ou non l'avancement des salariés de l'entreprise publique de transport.
Une décision saluée par l'ensemble des salariés qui se sont sentis bafoués et humiliés par la tenue de tels fichiers. Une telle violation du droit de grève ne pouvait à l'évidence pas se solder autrement que par une sanction du gendarme de la protection des données personnelles. Le droit de grève est, rappelons le, protégé par la constitution dans son préambule et sera proclamé par le Conseil d'Etat le 7 juillet 1950 comme "un principe fondamental de notre temps". Des déclarations qui sont donc à rebours des pratiques épinglées par la CGT-RATP BUS et qui n'en a d'ailleurs pas fini avec le fichage des salariés de la RATP car il reste encore le volet judiciaire devant lequel la direction de la RATP devra répondre. La condamnation de la RATP sur le plan judiciaire semble en effet très probable vu la lecture faite par la CNIL du fichage incriminé qui écrit dans son communiqué : "l’indication du nombre de jours d’absence suffisait ici, sans qu’il soit nécessaire de préciser le motif d’absence lié à l’exercice du droit de grève".
Une déclaration qui ne laisse place à aucun doute. La volonté de sanctionner les agents grévistes en les bloquant dans leur avancement est définitivement prouvée donnant ainsi plus de relief à cette condamnation qui s'inscrit dans un contexte particulier de lutte sociale pour dénoncer l'ouverture du réseau de transport historique à la concurrence. Un mouvement social dur et long s'annonce à la RATP dans le sillage du mouvement conduit par les conducteurs de bus Transdev qui ont mené une grève historique de deux mois et qui a abouti à une victoire éclatante en arrachant la quasi-totalité de leurs revendications.
Une victoire qui dessine le chemin à emprunter pour les salariés de la RATP. Ces derniers ont été le fer de lance du mouvement contre la réforme des retraites et ils seront incontestablement au rendez-vous de la prochaine lutte pour refuser l'allongement de leur temps de travail et la suppression de plusieurs jours de repos.
C'est donc un véritable hold up que les salariés de l'entreprise au logo vert s'acharneront à faire échouer pour rester un bastion du progrès social. C'est dans le tumulte d'une époque dominée par un discours décliniste et catastrophiste que ces fervents défenseurs du service public engageront toutes leurs forces.
Au grand dam de la présidente de la région Ile-de-France, Valérie Pécresse qui est restée bien silencieuse face à cette condamnation retentissante. Peut-être le signe que ces pratiques ne l'indignent pas outre mesure, elle qui disait "il faut une loi de service garanti avec des postes à astreinte. Si on ne les fait pas, c'est un motif de licenciement". Une autre façon de dire qu'elle mènera la guerre aux grévistes jusqu'au bout.