Ça commence à faire beaucoup d'échecs pour Gérald Darmanin mais des échecs qui lui permettent miraculeusement de se maintenir au gouvernement. Le petit protégé de Nicolas Sarkozy s'en sort à bon compte avec tous ses loupés et pourtant, les raisons de le démettre de ses fonctions ne manquent pas. Trois séquences suffisent à caractériser l'action bancale pour ne pas dire totalement inefficiente du ministre de l'Intérieur.
D'abord la tentative de dissolution de l'association Palestine Vaincra qui s'est soldée le 20 avril dernier par un gigantesque flop. Le Conseil d'Etat avait en effet suspendu la dissolution souhaitée par Darmanin à coups de tweets et d'une présence médiatique totalement disproportionnée. Les arguments invoqués par la place Beauvau considérés comme faibles voire totalement fallacieux ont affaibli la crédibilité du ministère dont il a la charge. Là où Gérald Darmanin voyait dans cette association de l'antisémitisme et de l'apologie de la violence, le Conseil d'Etat y a vu tout simplement l'usage d'une liberté d'expression rendue possible par le régime démocratique de notre pays. Deux lectures et donc deux décisions différentes qui montrent que Gérald Darmanin ne sait visiblement pas très bien évaluer ce qui relève d'appels à la haine et ce qui relève de la critique d'un État et de sa politique vis-à-vis d'un peuple voisin.
Il y a ensuite l'organisation totalement ratée de la finale de la Champions League au Stade de France le 28 mai qui restera comme le symbole d'un ministre en plein naufrage. Le fiasco de cette soirée a connu un retentissement mondial et s'il y a un responsable de ce ratage complet, c'est bien Gérald Darmanin. Mais non Gérald est toujours là malgré les violences policières et l'insécurité qui ont rythmé cette triste soirée et qui ont durablement terni l'image de la France en dehors de nos frontières. Très difficile donc de comprendre comment Gérald Darmanin fait pour se sortir de ses échecs qui sont de surcroît des échecs amplifiés par une résonance médiatique importante.
Et enfin l'affaire Hassan Iquioussen finirait normalement d'achever comme dans toute démocratie digne de ce nom la carrière politique d'un ministre qui enchaîne les ratés les uns après les autres. L'imam connu pour ses positions rigoristes mais bien loin de l'antisémitisme et de la misogynie dont l'accuse le ministre de l'Intérieur ne sera finalement pas expulsé alors que le dit ministre a déployé tous les leviers de sa vaste administration pour le renvoyer au Maroc. Ni antisémitisme ni la misogynie n'ont été retenus par le tribunal administratif ne pouvant donc pas arborer dans le sens de Gérald Darmanin. Ce dernier reste désespérément seul à voir de l'antisémitisme, des dérapages là où il y seulement l'usage d'une liberté d'expression pleine et entière.
Rappelons que c'est Darmanin lui-même qui a porté la fameuse "loi confortant les principes de la République" dite loi contre le séparatisme afin d'avoir les mains plus libres pour expulser, dissoudre et arbitrer à la convenance de ses opinions politiques ostensiblement d'extrême-droite. Une loi sans aucun impact donc. Encore un échec mais un échec qui permet d'alimenter la bête raciste et xénophobe qui grossit un peu plus chaque jour en France.
Gérald Darmanin pourrait presque marcher sur l'eau. Rien ne peut l'atteindre. Il peut tout rater, accuser à tort, engager des dissolutions et des expulsions illégitimes et se faire retoquer dans ses décisions. Si on ajoute en plus les accusations de viols qui l'ont pris pour cible mais sans jamais l'atteindre, on peut définitivement dire qu'il est indéboulonnable alors que sans talent, ni charisme et foncièrement malhonnête. C'est le drame de la classe politique française.