Les machinistes RATP n'ont qu'à bien se tenir et le licenciement express d'un de leur collègue le démontre sans détour. La RATP a révoqué en 2015 après 23 ans de bons et loyaux services Alexandre Rodes, un ancien machiniste, pour avoir tenu les propos ci-contre « Les régulateurs sont des baltringues. Quoi ? Bien sûr que ce sont des baltringues ! ». La révocation de ce dernier a finalement été jugée "sans cause réelle ni sérieuse" par la Cour d'Appel ce qui lui a valu 58000 euros d'indemnités prudhommales.
Si le combat de ce dernier a fini par lui donner gain de cause, la mise à l'écart de cet ancien agent qui, rappelons le, etait un militant syndical, va laisser des traces dans l'inconscient collectif de cette corporation qui se prépare aux affres d'une concurrence où tout porte à croire que les machinistes vont en être les grands perdants. Les conseils disciplinaires tournent à plein régime dans un contexte de dialogue social en crise et d'un avenir ombrageux pour l'ensemble des machinistes du groupe. Le licenciement devient dans ce contexte alors une arme redoutable pour museler toute forme de revendication sociale alors que la direction promeut un modèle social au rabais pour repondre aux standards de rentabilité européens.
Les dépressions, les maladies, l'anxiété sont devenus le quotidien de bon nombre de salariés de l'entreprise publique. Les suicides et tentatives de suicide commencent aussi à prendre de l'ampleur face à une logique productiviste et financière poussée à son paroxysme et la gestion du personnel roulant jugée particulièrement répressive est devenue un sujet de discussion inévitable dans les salles machinistes. Combien de licenciements arbitraires? Combien de sanctions disciplinaires sans fondement?
Le cas d'Alexandre Rodes n'est sans doute pas le seul cas de révocation "sans cause réelle ni sérieuse" selon les termes du jugement prononcé en faveur de l'ex-agent mais il est l'un des seuls à avoir défendu avec courage et pugnacité son honneur devant une justice qui nous prouve encore une fois qu'elle restera indépendante et impartiale malgré les tentatives répétées de l'exécutif d'en faire un instrument au service des puissants.