Des Français vraiment sont-ils victimes d'épuration ethnique dans certains quartiers?

Des Français seraient aujourd'hui victimes d'épuration ethnique dans certains quartiers de notre pays. C'est ce qu'a affirmé le maire de Chalon-sur-Saône Gilles Platret sur la chaîne Cnews face à Jean-Marc Morandini.
Surclassant de loin tous les superlatifs conceptuels existants, l'idée défendue par le maire LR vient alimenter encore un peu plus ce réservoir de haine déjà bien chargé par d'autres prophètes de malheur. Éric Zemmour en tête, est de ceux qui font aujourd'hui bouger les lignes politiques et idéologiques et cette phrase est la parfaite illustration de la permissivité langagière dans laquelle nous emmènent les prêcheurs de haine. L'expression utilisée par cet habitué des plateaux télé renvoie habituellement à des massacres méthodiquement organisés contre des communautés identifiées comme les Rohingyas en Birmanie, les Tutsis au Rwanda, la minorité musulmane du Kosovo mais la voici totalement dévoyée de sa véritable définition pour réveiller les plus bas instincts des électeurs à la recherche de boucs émissaires pour comprendre leur malheur, leur précarité ou leur déclassement social.
Face à une boussole sémantique totalement déréglée, la parole publique de ceux qui représentent nos institutions vaut-elle encore quelque chose? Quand les mots n'expriment plus le réel mais véhiculent un fantasme avec pour seul objectif d'exister politiquement, c'est que le vide sidéral n'est plus très loin. Devant tant de velléités verbales visant toujours la même communauté, l'inquiétude grandit chez les musulmans qui deviennent la seule et unique cible de toutes les attaques lancées par le personnel politique allant de la gauche caviar à l'extrême-droite qui n'a plus peur de rien. Le dernier sondage Harris Interactive publié par Challenges qui place Éric Zemmour au second tour de l'élection présidentielle a définitivement convaincu les indécis de raccrocher leur wagon à la rhétorique zemmourienne quitte à choquer l'opinion publique qui n'est d'ailleurs pas si choquée que cela. Il ne faut plus perdre un point d'intention de vote dans les sondages et pour ce faire, il faut courir après l'agenda politique du polémiste car c'est désormais lui le maître des horloges.
Cela n'augure rien de bon pour le prochain scrutin car il y a fort à parier que la surenchère droitière va continuer son œuvre jusqu'à rendre l'air totalement irrespirable. Marine Le Pen semble finalement bien aimable quand on la compare à ce déferlement de xénophobie dont est saisie la classe politique. C'est à celui qui braquera le plus à droite qui remportera l'adhésion du plus grand nombre. Les Français assistent donc malgré eux à un concours de déclarations au fort potentiel de buzz car c'est le buzz qui donne de la visibilité et la visibilité contribue au moins partiellement à créer l'opinion.
Quand nos politiques grassement payés n'ont plus d'offre politique à proposer sinon de vieilles marottes identitaires, cela devient le symptôme d'une démocratie malade de ses tourments qui compromet sérieusement l'avenir du vivre-ensemble, de la tolérance et des différences.