Fabien Roussel a beau avoir arraché son siège de député grâce à la Nouvelle Union Populaire Écologique et Sociale (NUPES), ce n'est pas pour ça qu'il œuvrera pour la pérennisation de cet outil ô combien utile pour l'avenir des classes populaires et de leurs revendications sociales et environnementales. La dernière déclaration du communiste à la fête de l'Huma a de quoi surprendre et a même donné le vertige à bien des membres de cette jeune alliance politique.
Fabien Roussel a dit ce vendredi sans trembler ni même douter que « la gauche doit défendre le travail et ne pas être la gauche des allocations et minima sociaux ». Emmanuel Macron n'en demandait pas tant et pourtant il a réussi à faire bouger la boussole des idées politiques même au sein des formations dites de gauche. Ces propos auraient parfaitement pu être ceux d'un responsable de la majorité ou des Républicains sauf qu'ils émanent d'un député et président du PCF.
De quoi créer un sérieux malaise pour ne pas dire la nausée à tous les électeurs de gauche et notamment aux privés d'emploi et aux bénéficiaires des minimas sociaux. Derrière les mots, il y a les idées qui se frayent un chemin et nul doute qu'une phrase à la consonance aussi réactionnaire renforcera la stigmatisation des plus fragiles que notre société a mis sur le bas côté.
Cela veut-il dire que la gauche doit abandonner tous ces gens qui perçoivent un RSA, des APL ou une Allocation Spécifique de Solidarité ? Ça y ressemble fortement en tout cas même si l'auteur de cette saillie s'en défendra bien sûr. Sauf que mettre en avant le travail au détriment des allocations et des aides aux plus démunis résulte d'une vision économique foncièrement droitière et libérale. Ce n'est pas tant le travail qu'il aurait fallu promouvoir et encore moins l'opposer aux allocations mais plutôt le salaire qui en résulte.
Les allocations multiples (chômage, familiales, APL, Allocations Adulte Handicapés, maladie etc) en France sont le résultat de conquêtes sociales majeures et fustiger "la gauche des allocations", c'est donc vite oublier que ces dispositifs d'aide sont des marqueurs de gauche et même leur ADN car sans allocations, les travailleurs au bas salaires ne pourraient plus prendre le temps de se soigner chez eux le temps de leur guérison, les chômeurs ne pourraient plus survivre à la perte de leur emploi, la vie des familles nombreuses serait aggravée par encore plus de privations et des exemples où les allocations jouent un rôle primordial sont nombreux d'où l'incompréhension des militants de gauche lorsqu'ils ont entendu le patron du PCF dire qu'ils voulait se détourner du peuple des allocataires car c'est en réalité bien le sens de cette déclaration.
C'est une aubaine idéologique extraordinaire pour Emmanuel Macron et les formations politiques qui gravitent autour de la majorité car réduire à néant les allocations, c'est précisément l'ambition du président de la République. Et ça tombe bien car la première allocation à laquelle envisage de s'attaquer Emmanuel Macron est l'assurance chômage.
La première réforme n'aura donc pas suffi alors qu'elle avait déjà considérablement durci les conditions d'accès à l'assurance chômage en cas de perte d'emploi et a raboté les indemnités des chômeurs. Il est désormais question de faire de cet ultime rempart contre l'extrême pauvreté un outil pleinement au service du capital qui a soif de main d'oeuvre malléable et bon marché.
L'exécutif y travaille assidûment en bon soldat de notre bonne et vieille oligarchie et nul doute que la sortie de Fabien Roussel sera exploitée et instrumentalisée à souhait par la droite parlementaire pour démontrer que même à gauche de l'échiquier politique, on partage aussi cette vision de la société. La gouvernement a décidé de faire la guerre aux chômeurs et Fabien Roussel apporte sa pierre à ce triste édifice. Preuve s'il en faut que Fabien Roussel n'a vraiment rien à faire au sein de la NUPES.