Les articles, prises de position, postures pour alerter sur les dangers de l'extrême-droite sont totalement contre-productifs en cela qu'ils appellent indirectement à voter en faveur d'Emmanuel Macron.
Combattre l'extrême-droite c'est bien mais combattre en même temps le néolibéralisme qui est, n'ayons pas peur des mots, un fascisme économique, c'est mieux. Le président sortant a cristallisé une telle détestation autour de sa personne que de nombreux électeurs de gauche comme de la droite républicaine assument leur prochain vote pour Marine Le Pen. "Ça ne pourra pas être pire que Macron", "on ne l'a jamais vue au pouvoir", ou encore" avec Macron pour encore 5 ans, on va crever" c'est le discours ambiant qui écrase tous les autres.
Que Marine Le Pen soit xénophobe et raciste n'inquiète plus l'électorat tant l'exaspération accumulée de ce quinquennat qui s'achève est à son comble. Aucun président de la Vème République n'a jamais autant fait l'unanimité contre lui parmi les électeurs qui n'ont pas voté Macron au premier tour. Le front républicain est dépeint aujourd'hui comme une arnaque politique et intellectuelle à laquelle les électeurs ne se feront plus reprendre. Alors pourquoi continuer de faire tourner les sirènes pour tenter de mettre en garde contre la présidente du RN?
Ceci d'autant que les avertissements lancés sur la nocivité des idées lepenistes sont lues comme un encouragement au vote pour Emmanuel Macron. Or le néolibéralisme contemporain défendu et promu par le locataire de l'Élysée ces cinq dernières années est tout aussi néfaste pour la société car il œuvre à une esclavagisation des salariés par le travail et les bas salaires. Fascisme identitaire ou fascisme économique, il faut choisir mais le choix est loin d'être aussi évident qu'il n'y paraît. L'un représente un danger pour le vivre-ensemble et l'autre pour le progrès social. Dire que l'un est plus grave que l'autre est une idée qui n'est plus partagée par le plus grand nombre malgré tous les efforts déployés dans les médias.
D'ailleurs, les libertés fondamentales ont été particulièrement malmenées pendant ce quinquennat ce qui met à mal la thèse d'une ère autoritaire qui s'ouvrirait avec Marine Le Pen au pouvoir. Créer un circuit économique qui permet à la bourgeoisie d'aspirer plus de 80% des richesses produites est un égoïsme des plus criants et c'est bien avec l'assentiment du président sortant que nous avons aujourd'hui des inégalités aussi prononcées. Des inégalités qui appauvrissent, dégradent la santé des plus fragiles et réduisent l'espérance de vie des précaires. Le caractère criminel du néolibéralisme n'est donc plus à prouver. Il a déjà fait toute la démonstration de sa rapacité sur nos vies d'où l'inefficacité des efforts à dire qu'il ne faut pas voter Marine Le Pen.
Le personnel politique dans son ensemble a failli en balayant sa promesse de servir l'État et la Nation depuis trop longtemps. Qu'il assume alors le résultat des élections si c'est Marine Le Pen qui gagne le scrutin.