C'est une fête de l'Aïd El Fitr qui a un goût amer...très amer cette année. La célébration de la fin du mois de Ramadan est traditionnellement un jour de joie, de rires et de retrouvailles. Ce sera finalement un jour de deuil pour les musulmans de France et d'ailleurs.
Les bombardements intensifs de la bande de Gaza a causé des dizaines de morts parmi lesquels beaucoup de femmes et d'enfants. Des bombardements loins d'être des frappes chirurgicales comme le dit souvent l'état-major pour faire croire à l'opinion publique que Tsahal frappe uniquement des objectifs militaires. La réalité est que la bande de Gaza est l'une des zones les plus peuplées au monde par mètre carré ce qui rend quasi impossible des frappes sans pertes de civils.
Les Palestiniens ne célèbreront donc pas la fin du mois de Ramadan mais pleurent leurs proches qu'ils viennent d'enterrer en ce mois sacré. Alors quand vos corelegionaires sont frappés si injustement par le malheur, comment trouver l'envie ou le goût d'être heureux en célébrant l'Aïd? D'ailleurs, la Palestine contient également un forte population chrétienne notamment dans la ville de Bethléem mais aussi à Nazareth et Haïfa. Tous les humanistes de toutes les religions devraient s'inquiéter du sort réservé à nos frères et sœurs palestiniens mais notre époque est malheureusement celle des lâchetés et des renoncements. Celle du manque de courage politique pour dénoncer un Apartheid à ciel ouvert. Car les violations des droits en Palestine sont quotidiennes sans que notre président ne s'y intéresse, visiblement plus soucieux de savoir comment briguer un second mandat présidentiel. On préfère en France débattre d'une photo de campagne où figure une femme voilée ou d'une tribune de militaires qui se rêvent en héritiers de la doctrine moribonde des années 30.
Voilà pourquoi ce jour si particulier ne peut être un jour de réjouissance mais un jour de recueillement pour penser à toutes ces familles décimées, ces enfants dont la vie s'est arrêtée trop tôt par la volonté d'un seul homme, Benyamin Netanyahou à qui on a délivré un permis de tuer. Rappelons que cette boucherie qui se passe dans un silence assourdissant de la communauté internationale a été déclenchée par l'expropriation programmée de familles palestiennes de leurs habitations à Jérusalem, dans le quartier très convoité par les autorités israéliennes de Sheikh Jarrah. Les territoires de la Cisjordanie et de la bande Gaza sont devenus embryonnnaires à force de créer des colonies qui grignotent chaque jour un peu plus les territoires palestiniens, ou ce qu'il en reste mais ce n'est pas assez. L'ambition d'Israël est bien de faire disparaître le mot Palestine des cartes géographiques et cela avec l'assentiment de la communauté internationale.
Or, détourner le regard parce qu'on ne saurait voir ce qui fait mal à nos consciences, c'est dire oui à l'inacceptable. C'est pourquoi les musulmans mais aussi toutes celles et ceux encore attachés à l'humanisme et à la dignité humaine manifesteront ce samedi à Paris. C'est peu certes au regard du drame qui secoue cette population déjà bien éprouvée par tant de misère et d'injustices mais ô combien nécessaire pour crier d'une seule voix leur indignation.
En attendant les pâtisseries et les douceurs orientales seront sans saveur ce jour de l'Aïd car ces images d'enfants inanimés enveloppés dans un tissus blanc qui attendent de rejoindre leur éternelle sépulture font couler tant de larmes et inspirent une infinie tristesse.