Actualité Juive a publié une interview de Valérie Pécresse dans son édition du 11 août. Celle-ci croit dénoncer un antisémitisme rampant qu'elle se targue de combattre au quotidien notamment en tant que présidente de la région Ile-de-France.
Les propos tenus par Valérie Pécresse dans ce journal transpirent un satisfecit absolument indécent combiné à un racisme antimusulman des plus abjects. On a bien compris que la gagnante des dernières élections régionales était en campagne et pour cela, il faut draguer tous les publics quitte à piétiner éhontément la laïcité, ce précepte que nos élites appliquent à leur convenance. C'est très à la mode de dénoncer l'antisémitisme et surtout ça ne coûte pas cher. Sauf que la grandeur d'âme n'est pas de dénoncer l'antisémitisme en 2021. Il eût été bien plus méritoire de le dénoncer dans les années trente lorsque les pires poncifs et amalgames pouvaient être assénés dans l'indifférence générale outre-rhin mais aussi en France. Il ne faut pas oublier en effet que la France de Vichy instaurée par le Maréchal Pétain, ce "grand soldat" selon les termes d'Emmanuel Macron, a beaucoup de sang juif sur les mains.
Les juifs assimilés aux usuriers, au nez long, aux usurpateurs de richesses sont autant de stéréotypes que l'Allemagne nazie et la France collaborationiste ont répandu dans la conscience collective. Qui alors pour dénoncer cette idéologie mortifère lorsqu'il était permis d'insulter, de dépouiller et d'humilier les juifs? Qui pour crier son indignation lorsqu'a été mise en place la solution finale qui a conduit l'humanité à ses pires tourments? Les résistants et seulement eux car ils risquaient l'exécution sur le champ une fois débusqués. Ceux qui ont caché les juifs au péril de leur vie, qui leur ont permis de fuir ce drame qu'est la shoah sont les seuls qui peuvent se vanter d'avoir combattu l'antisémitisme.
Dans quel camp aurait été Valérie Pécresse lorsque la France était vichyste? Une chose est sûre, c'est que Valérie Pécresse dit défendre la communauté juive avec comme outil la stigmatisation des musulmans. Étrange façon de lutter contre l'antisémitisme car on comprend très nettement dans le discours de la candidate à la présidentielle que l'antisémitisme est avant tout l'adage des musulmans. Le terrorisme islamiste, les jeunes des banlieues sont dépeints comme les principaux vecteurs d'antisémitisme. L'élargissement de la définition de l'antisémitisme à l'antisionisme participe aussi à accabler les musulmans en les privant de toute critique vis-à-vis de la colonisation israélienne.
Les islamophobes d'aujourd'hui sont les antisémites d'hier et c'est en cela que les défis de chaque époque requièrent une intelligence collective pour dépasser cette haine à laquelle nous invitent nos élites qui tentent avec leurs discours de flatter nos plus bas instincts.
La dénonciation de l'antisémitisme en 2021 n'a donc rien de méritoire et encore moins de courageux. Faire du mercantilisme politique avec la lutte contre l'antisémitisme n'est guère glorieux et ne fait absolument pas avancer cette cause. Il faut espérer que les lecteurs d'obédience juive seront suffisamment clairvoyants pour voir la supercherie morale d'un tel discours qui puise sa source dans la seule ambition de monter sur les marches de l'Élysée.