S'il y avait encore besoin de se prouver que la France n'est plus la France, il faut se rendre à porte de la Chapelle ou à porte d'Aubervilliers pour constater soi-même le désastre humanitaire que le nord de Paris accueille en son sein. Il faut le voir pour le croire. La situation sanitaire et sociale est devenue tout simplement un scandale innommable qu'aucun être humain n'accepterait pour soi ni pour ses enfants.
Des milliers de gens entassés comme du bétail qu'on laisse livré à eux-mêmes et qui ne peuvent compter que sur leur bonne étoile. La dignité qu'on pourrait mesurer par de simples gestes comme le fait de se laver, de se raser ou même d'avoir des habits propres sur soi est un luxe pour toutes ces personnes qui côtoient la misère et le dénuement au quotidien. La livraison de nourriture assurée par la Croix Rouge donne systématiquement lieu à des mouvements de foule incontrôlés et une effervescence qui rappellent des images de distribution de rations alimentaires en zones de conflit. Des maladies comme la gale prolifèrent un peu partout vu l'absence d'hygiène persistante qui domine à ces endroits sans que cela n'interpelle la mairie de Paris ni le gouvernement ni nos députés ni aucun élu. Pourtant la situation est bel et bien critique vu l'adversité que traverse ces migrants qui n'ont fait que fuir l'extrême pauvreté quand ce n'est pas la guerre et les génocides. Pourquoi si peu d'humanité et d'empathie pour ces démunis dans un pays pourtant si riche et marqué par une tradition d'accueil séculaire? Accepter une situation pareille, c'est tout simplement accepter la négation de l'humanité et ses conséquences.
La mode est à la xénophobie et aux théoriciens de la préférence nationale qui nous font croire que la France n'a plus les moyens d'accueillir "toute la misère du monde". Une phrase qui revient sans cesse à la bouche des populistes qui ont le vent en poupe pour échapper à leurs responsabilités alors que nous sommes très loin d'avoir pris notre part réelle à cette misère mondiale qui se développe dans un climat de guerre en Syrie, en Irak, en Afghanistan et ailleurs. Quel reproche peut-on leur faire sinon de fuir les persécutions, la mort et la faim? La France n'aurait plus les moyens ni les capacités d'accueil de jadis mais étrangement le gouvernement trouve les moyens de déployer nos armées dans des conflits dont nous sommes en partie responsables. Ce serait bien de se rappeler que la France fait partie des plus grands vendeurs d'armes au monde faisant ainsi de notre pays un complice de ces drames humanitaires qui se produisent bien loin de chez nous. Le 14 juillet a été l'occasion d'annoncer une hausse du budget de la défense car faire la guerre en effet coûte très cher. Autant d'argent qu'on préfère donc donner à Dassault plutôt que de traiter avec humanité des écorchés vifs de la vie.
Un arbitrage que des figures de l'Histoire de France dénonceraient avec véhémence mais vu que notre pays manque d'hommes et de femmes d'envergure, nous finissons par nous accommoder d'une situation que la conscience morale devrait nous interdire.
Qu'on se le dise, l'histoire nous rendra la monnaie de notre pièce et à vouloir traiter des familles entières comme nous le faisons aujourd'hui, c'est-à-dire sans égard ni compassion, nous finirons par le payer dans les manuels d'histoire comme ce fut le cas pour Vichy, la traite négrière ou encore la colonisation. D'ailleurs notre pays réservait-il le même accueil si ces réfugiés étaient des réfugiés allemands, italiens ou belges? La question mérite légitimement d'être posée car la réponse elle, sonne comme une évidence : bien évidemment que NON! Malheureusement le rejet de la différence culturelle et religieuse continue à faire partie de l'ADN français sinon comment expliquer le sort que la France accorde à ces migrants en ayant sur son sol des centaines de milliers de mètres carrés vacants et des tonnes de denrées alimentaires qui finissent aux ordures chaque année?
Continuons donc à faire comme si tout est normal au pays des Droits de l'Homme ou de ce qu'il en reste, mais il ne faudra pas oublier dans ce cas de payer la facture plus tard car réduire l'être humain à une condition d'homme primitif comme nous le faisons aujourd'hui comporte un coût qu'il faudra assumer. Aussi, n'oublions pas que la roue tourne. La France a connu en effet la première et la deuxième guerre mondiale et n'est pas à l'abri d'un troisième conflit planétaire. Nous serions alors bien contents de trouver hospitalité et mansuétude ailleurs que chez nous si notre pays était ravagé par la famine et les armes. A bon entendeur...