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Billet de blog 19 mars 2022

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Travailler à 7 euros par heure pour percevoir le RSA ou reprendre un travail au SMIC?

Les travailleurs laborieux ont la tenace impression que le président de la République repousse les limites de l'acceptable en matière de répartition des richesses.

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Les travailleurs laborieux ont la tenace impression que le président de la République repousse les limites de l'acceptable en matière de répartition des richesses. 

Les seules propositions qui ont émergé pour l'instant sont le travail obligatoire pour les bénéficiaires du RSA, l'augmentation du temps de travail des enseignants et le passage de la retraite à 65 ans. C'est le candidat qui recueille aujourd'hui plus de 30 % des intentions de vote. D'où l'inquiétude légitime montante d'une population qui se paupérise ou qui est déjà pauvre, soit plusieurs millions de Français. 

Faire travailler des bénéficiaires du RSA incitera tout simplement ces privés d'emploi à reprendre n'importe quel travail et à n'importe quel niveau de rémunération. La logique mathématique est en effet implacable. Une personne seule titulaire du RSA perçoit une somme de 565,33 euros par mois qu'il faut diviser par 80 heures, le nombre d'heures que ces personnes devront donner à la collectivité chaque mois ce qui donne un taux horaire de 7 euros par heure, donc bien en dessous du SMIC. On peut donc raisonnablement dire que l'esclavage n'est plus très loin avec une telle mesure car 7 euros par heure, c'est travailler pour presque rien. La compétitivité sera assurément atteinte en conditionnant la perception d'une modique somme à plusieurs dizaines d'heures de travail par mois. 

C'est un vrai changement de paradigme dans le contrat social qui lie les individus à la République. Le RSA a été pensé, conçu et mis en place, rappelons le, pour protéger les privés d'emploi d'une situation sociale dramatique se traduisant par une perte totale de ressources pour subvenir à leurs besoins les plus élémentaires et cela afin de garder un minimum de dignité. Or une personne sans activité qui bascule vers le RSA mais qui se retrouve contrainte de consentir des heures de travail à sa municipalité par exemple n'est plus sans emploi mais bien en activité, une activité qui l'empêchera d'ailleurs de retrouver un travail à plein temps et rémunéré décemment.

Mais quel est la finalité d'une telle mesure ? Économiquement c'est très simple. La ministre du Travail répète à qui veut l'entendre que des milliers d'offres d'emploi sont toujours non pourvues mais ce qu'elle ne dit pas, c'est que les salaires proposés sont très bas, majoritairement des emplois payés au SMIC ou à peine au dessus du SMIC. Des emplois qui ne couvrent donc pas les dépenses du quotidien, les frais de déplacement, la restauration sur le lieu de travail etc. Mais faire travailler des bénéficiaires du RSA à 7 euros l'heure rend économiquement plus avantageux un travail payé au SMIC que des missions ponctuelles faites gracieusement en échange du RSA. Voilà comment remettre les bénéficiaires du RSA au travail selon Emmanuel Macron. Ces "fainéants" incapables de "traverser la rue" pour trouver un emploi" serions-nous tentés de dire. C'est un projet d'une violence sociale inouïe pour tous ceux qui connaissent l'âpre lutte qu'il aura fallu mener pour obtenir toutes les conquêtes sociales françaises. 

Là où les progressistes s'attelaient à imaginer toujours de nouveaux droits en faveur des plus démunis pour ne laisser personne sur le bord du chemin, nous avons maintenant une élite politico-financière qui réfléchit à la soumission du monde ouvrier par la coercition.

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