Les salaires mirobolants des dirigeants de la FNSEA indignent le monde agricole

Les agriculteurs seront très heureux d'apprendre qu'avec leur cotisation syndicale, ils engraissent généreusement la direction de la FNSEA. Mediapart révèle en effet que les cadres du premier syndicat agricole sont grassement payés grâce notamment aux cotisations des agriculteurs.

La nouvelle vient de faire l'effet d'une bombe. Des salaires supérieurs à des salaires de ministres, des cadres qui cumulent retraite et généreux émoluments et des agriculteurs qui s'engouffrent dans les affres de l'abîme. C'est le tableau noir qu'on peut dresser de la situation agricole en France. Des salaires stratosphériques pour ces "braves gens" sont d'autant plus incompréhensibles qu'ils représentent (ou censés) le monde agricole.

Un agriculteur se suicide en France tous les deux jours, des hommes de 45 à 54 ans en majorité. Voilà la cruelle réalité de l'agriculture française qui ne cadre absolument pas avec les niveaux de salaire observés dans ce syndicat. Les raisons de ce geste sont souvent à chercher dans un pouvoir d'achat compressé par des prix bas de leurs récoltes, un endettement sans fin et un épuisement moral et physique loin de correspondre aux revenus qu'ils perçoivent. Alors lorsqu'on apprend que le premier syndicat agricole se pavane dans l'abondance grâce au labeur des agriculteurs qui, pour la plupart, vivent dans une précarité chronique, on se demande s'il encore necessaire de payer une cotisation dont l'utilité sociale s'éloigne de la défense de ce corps de métier au profit de quelques technocrates peu scrupuleux.

Devant un tel écart de rémunération entre la base qui crie famine et le sommet de cette pyramide agricole où on mange et on boit sans compter, rendre sa carte devient un devoir pour ces petites gens qui pensaient naivement financer une solidarité et la défense de leur métier. On sait désormais qu'il n'en est rien. Alors que les syndicats retrouvent laborieusement le chemin de la crédibilité vis-à-vis des salariés notamment grâce à leur combativité et à leur créativité dans le cadre du mouvement social contre la réforme des retraites, il semble bien que la FNSEA prenne le chemin inverse.

Ceci permettra au moins aux agriculteurs de mieux comprendre pourquoi leur profession se meurt dans l'indifférence générale de ceux qui se battent à chaque élection pour les représenter. Les représenter pour mieux les trahir.