Mais où est Valérie Pécresse depuis que le conducteur de bus RATP s'est fait agressé au volant de son bus? Un agent RATP s'est fait littéralement lynché par un automobiliste suite à un différent de circulation sur la place de la Bastille le jeudi 20 janvier. L'agression a été diffusée sur les réseaux sociaux et très vite, les coups et les gifles assénés au chauffeur ont rendu la vidéo virale si bien que la presse s'est saisie de l'affaire pour relayer cette agression loin d'être un fait divers.
Valérie Pecresse fut très prompte à intervenir en 2019 suite à des allégations mensongères qui avaient alors accusé un machiniste de ne pas avoir laissé monter une femme car celle-ci portait une mini-jupe. Que ne fallait-il pas entendre. Islamisme, séparatisme, demande d'une enquête sur le champ pour faire la lumière sur les accusations portées à l'encontre de l'agent RATP. Une calomnie que madame Pécresse a contribué à amplifié par sa notoriété sans jamais s'être excusée une fois la calomnie révélée au grand jour.
Celle-ci semble aujourd'hui peu préoccupée du sort qui a été réservé au conducteur il y a deux jours alors qu'elle est toujours la présidente d'Ile-de-France Mobilités (IDFM) et donc la garante du bon fonctionnement des transports publics franciliens. On était habitué de la part de la candidate au scrutin présidentiel à de tels écarts dans les principes et surtout dans l'indignation et là, elle nous en offre encore un de très belle facture.
Le silence de Valérie Pecresse est assourdissant à un moment où elle doit exprimer tout son soutien aux machinistes RATP qui sont victimes d'agressions et d'incivilités chaque jour. Des risques qui accompagnent les agents RATP au quotidien et qui participent à rendre leur travail de plus en plus difficile. Mais évoquer un métier difficile, des conditions de travail précaires et une rétribution loin de satisfaire les salariés qui s'engagent pour la mobilité de tous les Franciliens ne cadre évidemment pas avec le projet de la numéro un d'IDFM d'ouvrir le réseau de transport RATP à commencer par le réseau de bus à la concurrence. Peut-on dénoncer la violence à laquelle sont exposés les machinistes ratp et souhaiter l'aboutissement de l'ouverture à la concurrence du réseau de transport historique de la RATP? Un "en même temps" difficilement tenable politiquement d'où la tentative d'évitement par le silence de madame Pécresse qui feint de regarder ailleurs.
Pourtant la candidate LR a déjà livré des positions qui brillaient par leur paradoxe. Celle qui remporte la palme d'or du grand écart est sans conteste son tweet datant du 10 décembre 2013 où elle se disait "heureuse pour G Tron de son non-lieu. Je pense aux épreuves qu'il a endurées" et finissait son tweet par "la présomption d'innocence existe-t-elle pour les politiques?" Goerges Tron était alors accusé d'agressions sexuelles par plusieurs de ses collaboratrices lorsqu'il était maire de Draveil, une ville qu'il a dirigée pendant plusieurs années. La chronique judiciaire s'est finie par sa condamnation définitive en appel. Un tweet qui était à mille lieux de sa déclaration face à Jean-Jacques Bourdin dans l'émission La France dans les yeux sur BFMTV le mardi 18 janvier, accusé lui aussi d'agressions sexuelles et sous le coup d'une enquête judiciaire. Une déclaration à l'hypocrisie foudroyante : "Si ces accusations sont avérées, elles sont graves et doivent être condamnées. Le combat contre le harcèlement sexuel et les violences faites aux femmes est un combat personnel pour moi. Trop longtemps, la société a regardé ailleurs, a fermé les yeux, a cherché à minimiser. Trop de femmes ont eu peur pendant longtemps de porter plainte. Je ne laisserai plus aucune femme avoir peur de porter plainte. La loi du silence, c'est fini. Pour que la parole se libère, les femmes doivent se sentir soutenues. Elles le seront avec moi."
Un électoralisme d'une médiocrité vertigineuse qui au lieu de montrer sa détermination à combattre les violences sexistes et sexuelles fait surtout la parfaite démonstration d'une candidate à la magistrature suprême qui prêche là où le vent tourne.