La vidéo diffusée par le mouvement antifasciste Jeune Garde où on retrouve deux hommes en train de tirer sur des cibles nommées Raquel Garrido, Alexis Corbière, des "gauchistes" et des sans-papiers est le symbole d'un vent mauvais en France.
L'apologie du meurtre grandeur nature au vu et au su de tous. C'est ainsi qu'on pourrait intituler cette macabre séquence vidéo. Que fait le gouvernement? Où est la classe politique de droite comme de gauche? Où est l'indignation? Il faudra repasser pour voir l'élite politico-médiatique s'effaroucher face à autant de haine et de violence. Et pourtant, les images glacent le sang et mériteraient bien une perquisition en règle des services de police. Voilà où nous conduisent les discours identitaires et antimusulmans. À des hommes qui annoncent leur prochain "fait d'arme" dans une ambiance d'impunité totale.
Et lorsque le drame se produira, car il se produira dans un futur proche, les auteurs des assertions les plus abjectes diffusées dans l'indifférence générale sur les ondes hertziennes diront qu'ils n'ont jamais encouragé la violence. La lâcheté n'a point de limite lorsque les coupables sont mis faces à leurs responsabilités.
La tuerie de Christchurch perpétrée par un adepte de la théorie du grand remplacement nous fait craindre le pire en France. Renaud Camus bien que se faisant le chantre d'une nation nation blanche et chrétienne, s'est défendu d'être à l'origine de drame en Nouvelle-Zelande. "Be voyons..."
Si un homme originaire de Nouvelle-Zélande a trouvé l'inspiration de son acte dans les écrits d'un écrivain français, plus aucune de raison de croire que les discours de nos penseurs ouvertement xénophobes seront circonscrits au seul espace idéologique. Les idées fascistes progressent à une vitesse préoccupante et le pari fait par les prêcheurs de l'intolérance est de jouer sur l'instabilité et la fragilité mentale d'une poignée d'individus pour les inciter au passage à l'acte mais sans le dire explicitement. C'est la force de ces théoriciens à l'intelligence supérieure qui manient le verbe, l'art du raisonnement et de la diatribe contre tous ceux qui ne leurs ressemblent pas. Le chômage, la pauvreté, la délinquance, la criminalité et le mal-vivre sont tous imputés aux immigrés et aux progressistes qui prônent la justice sociale et l'ouverture. Mais le danger est la permissivité du discours raciste qui rend cette opération reconquête particulièrement difficile. Un discours tellement raciste que les racistes eux-mêmes se défendent d'être racistes. Le comble de l'aveuglement!
Patience, le carnage se produira bientôt mais une fois l'irréparable commis, il sera trop tard pour agir ou prévenir et encore moins se lamenter. Gouverner, cest prévoir dit-on. Les différentes vidéos mettant en scène des apprentis meurtriers comme celle de Papacito il y a quelques mois montre que nous sommes devant un phénomène nouveau. Celui de la violence promue au rang de moyen utile pour "sauver la nation" selon les termes d'Éric Zemmour. Mais la sauver comment? En incitant insidieusement les plus ultra-nationalistes à prendre les armes tout en se dédouanant de la responsabilité dans toute épopée meurtrière qui guette la France.
Qui sera le cadavre de la prochaine folie meurtrière à la motivation raciste? Nul ne le sait mais il est très vraisemblable que face à l'effusion de sang tant redoutée sur notre sol, on entendra sur tous les plateaux de télévision "on ne savait pas". Et pourtant le discours ambiant montre qu'on sait déjà.