Rachel Keke, élue députée et désormais figure incontournable de LFI a fait vibrer tout le peuple de gauche qui voit en cette femme une résistance et une combativité hors normes. Il faut dire qu'elle a fait plier le groupe Accor par une grève d'usure qui a duré 22 mois et qui s'est terminée par un happy end pour les femmes de chambre de l'hôtel Ibis Batignolles. Une histoire comme on aimerait en connaître plus souvent.
Seulement voilà, le passé finit toujours par remonter à la surface et dans le cas de Rachel Keke, le passé n'est pas très joli à voir. La députée a en effet partagé entre 2016 et 2018 des publications qui laissent pour le moins circonspects les militants et électeurs de LFI. Elle a en effet milité pour l'élection de Marine Le Pen en 2017 sur les réseaux sociaux mais a également partagé des vidéos dénigrant les Maghrébins et plus généralement les musulmans. Voici la vidéo qui retrace son positionnement politique avant de militer aux côtés de LFI.
Les vidéos par lesquelles la nouvelle députée s'est faite épinglée font explicitement l'apologie de l'islamophobie ce qui l'a contrainte à se murer d'abord dans un silence assourdissant pour ensuite s'expliquer dans le JDD. « Il y a quelques années, j’ai repartagé sur Facebook des posts qui ne reflètent absolument pas qui je suis et ce que je défends aujourd'hui dans mon combat politique. J’ai beaucoup appris de mon engagement syndical et de la lutte à l’Ibis Batignolles. Je l’affirme : en tant qu’élue de La France insoumise et de la Nupes, je partage pleinement les combats et les valeurs de ces organisations qui ont composé cette belle union de la gauche. »
Maintenant qu'elle est élue sous les couleurs de la NUPES, pouvait-elle tenir une autre ligne de défense que celle-ci ? Évidemment non. Peut-on passer du marinisme à la LFI sans être marqué par cette idéologie du rejet et de l'intolérance ? C'est toute la question que les électeurs du Val de Marne et de la NUPES plus globalement ont le droit de se poser. Un jour, fustiger les musulmans et leurs croyances en appelant à voter sans complexe pour Marine Le Pen puis le lendemain, prôner l'universalisme et l'égalité entre tous les Français de toutes les origines. Tout un art! Un si grand écart semble tout de même difficilement concevable d'un point de vue idéologique.
Alors que les électeurs de la NUPES ont réalisé l'exploit d'envoyer plus de 130 députés au Parlement en investissant notamment des hommes et des femmes de la vraie vie comme Rachel Keke, on ne peut s'empêcher de s'interroger sur le possible opportunisme de l'intéressée en se lançant dans l'arène politique sous l'étiquette NUPES. Passer de la droite à l'extrême droite, de la gauche à l'extrême gauche du centre à la droite sont des cheminements politiques plausibles pour le commun mortels que nous sommes mais passer du RN à LFI laisse perplexe et même certains totalement incrédules.
Loin de la juger ou de la clouer au pilori, ce billet a simplement vocation à questionner la part de sincérité dans le chemin politique emprunté par cette femme issue des classes populaires car même si voir une femme de chambres siéger à l'Assemblé Nationale est un progrès pour la démocratie, cela ne peut suffire à rayer d'un trait de plume ses engagements passés, un passé pas si lointain.