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Billet de blog 23 août 2022

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L'Opinion : un article sur-mesure pour les consommateurs de voyages en jets privés

Les utilisateurs de jets privés organisent la riposte après que plusieurs comptes Twitter ont décidé de suivre les trajets effectués par les milliardaires français dans les airs.

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Les utilisateurs de jets privés organisent la riposte après que plusieurs comptes Twitter ont décidé de suivre les trajets effectués par les milliardaires français dans les airs.

Cette riposte se fait d'abord et avant tout par la voie d'une presse politiquement orientée et le choix du titre est tout trouvé : L'Opinion. Un journal libéral et de droite bien sûr. Un titre fait sur mesure pour les riches, voire les très riches de notre pays ce qui accrédite davantage la thèse et les documentaires faits sur les connivences entre oligarques et journalistes et l'instrumentation de ces deniers pour promouvoir une idéologie. Rappelons quand même que le journal serait contrôlé par son fondateur Nicolas Beytout (24,4 %), associé à Bernard Arnault (22,8 %), la famille Bettencourt (17,1 %) et Dow Jones and Company, maison mère du Wall Street Journal (7,6 %), et les 28,1 % restants seraient détenus par de plus petits actionnaires d'après les informations recueillies sur Wikipédia.

Une fois qu'on sait ça, on comprend très vite pourquoi L'Opinion vient en aide à cette caste qui voyage sans limite et au mépris du risque que ses caprices font peser sur notre planète. D'ailleurs le titre de l'article très racoleur susciterait presque un sentiment de culpabilité de celles et ceux qui appellent à la suppression de ces voyages de luxe. "Aviation privée : le quart des emplois européens en France". Traduire : la suppression ou dans une moindre mesure la régulation de ces voyages écologiquement irresponsables vont entraîner un secteur porteur vers l'abîme et sans doute même vers sa banqueroute. Et les superlatifs ne manquent pas pour convaincre le lecteur de plaider pour un "business as usual". 50 millions de chiffres d'affaires pour une entreprise spécialisée dans la mise à disposition de jets privés, 200 salariés, 101500 emplois directs et indirects en France dans l'aviation sur-mesure. Des arguments massue selon le rédacteur de l'article qui nous décrit les utilisateurs de ces joujous des airs comme les sauveurs de notre économie et de grands capitaines d'industrie et surtout des "créateurs d'emplois". Cette fameuse réthorique utilisée à l'envie pour forcer le citoyen égaré à embrasser le capitalisme et son cortège mortifère.

Cela montre encore une fois que la guerre menée par l'oligarchie financière et industrielle est d'abord idéologique. Il ne fait plus aucun doute aujourd'hui que l'utilisation de ces moyens de transport a des effets dévastateurs pour notre air, notre planète et notre climat mais c'est sans compter sur des journalistes de comptoir qui militent pour les idées de ceux qui leurs donnent un salaire à la fin du mois. Lire des tribunes écrites par des affidés du système capitaliste actuel aide à comprendre jusqu'où ce métier de journaliste est allé dans sa compromission et sa déchéance.

"La guerre tonne a nos portes", disait il y a peu Emmanuel Macron après s'être amusé sur son jet-ski pendant ses vacances "studieuses" nous disait-on, on peut résolument compter sur ces serviteurs d'un capitalisme sanguinaire pour nous vendre un "conflit nécessaire" dont l'enjeu serait de "garantir notre liberté". Une liberté que le président s'est attelé à faire reculer inexorablement par l'emploi d'une police déchaînée, une politique économique et sanitaire des plus oppressantes que le citoyen avisé n'avait encore jamais connu à part dans les livres d'histoire.

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