Les déclarations à l'emporte-pièce ne finissent pas de repousser les limites de l'inacceptable. Le racisme en France se banalise et vu la violence des propos qu'on peut entendre sur les chaînes d'information CNews et BFMTV, on pourrait même dire qu'il s'institutionnalise.
On savait que le terrorisme avait pour seule religion l'islam d'après le tout petit cercle médiatique qui officie sur les plateaux télé, que l'islam était le plus grand pourvoyeur de criminels et de délinquants mais saviez-vous que les pénuries d'huile constatées dans les rayons sont aussi le fait des musulmans ? Et oui c'est ce que les téléspectateurs ont appris médusés il y quelques jours en regardant BFMTV. Le reportage dit précisément que "cette pénurie s'explique dans un premier temps par l'arrivée du Ramadan. Cette huile est très utilisée par les musulmans pour préparer des beignets traditionnels de rupture du jeûne".
Même Marine Le Pen et Éric Zemmour n'ont pas osé un raccourci aussi ignoble. Mais comment une chaîne dite d'information peut-elle affirmer de telles contre-vérités ? Sans preuves ni éléments tangibles allant dans le sens de ses assertions, BFMTV s'est visiblement lancée dans une course à l'échalote avec CNews de celui qui sera le plus raciste des deux.
Les musulmans seraient donc devenus des consommateurs effrénés d'huile et pour ce faire, ils stockeraient même chez eux des litres et des litres d'huile au détriment du reste de la population. C'est bien la lecture en filigrane qu'on peut faire de ce reportage si tant est qu'on puisse appeler ça un reportage. BFMTV nous montre ainsi que le racisme et l'islamophobie ne sont pas les propriétés intellectuelles de CNews seulement. BMTV aussi peut s'affranchir des frontières de la morale en ne s'embarassant pas de nuances et en balayant toute forme de déontologie journalistique. On savait que BFMTV ne disait pas toujours la vérité mais là nous atteignons l'Himalaya du mensonge avec comme conséquence désastreuse la mise au banc des accusés -encore une fois - des musulmans qui sont décidément le maillon (très) faible de cette société française.
Et que dire de l'intervention du très sérieux Vincent Hervouët sur CNews qui fait de façon lunaire le lien entre le suicide des agriculteurs et les vols de moutons par des supposés musulmans à l'approche des fêtes du calendrier islamique. La séquence est encore plus surréaliste que la précédente. Parlant du mal-être dominant dans le monde agricole, le temps s'est complètement arrêté lorsque le journaliste dit que "les agriculteurs sont pillés dans leurs champs, leurs engins, l'essence, on rentre dans le Ramadan ça va être les moutons qui vont être enlevés". Des élucubrations que seuls des xénophobes maladifs et totalement illuminés peuvent tenir face caméras. Les vols de moutons étant là aussi, c'est ce qu'on appris les téléspectateurs de CNews, un "savoir-faire" purement musulman et causant par là même donc le suicide de nombreux agriculteurs. Il faut le voir pour le croire mais la séquence est bien réelle. Et personne pour contredire une telle affirmation sur le plateau bien sûr. "Qui ne dit mot consent" dit le vieux proverbe.
Entre les musulmans qui stockent l'huile chez eux et les musulmans qui volent les moutons des agriculteurs, la coupe est plus que pleine. Il n'y a plus de limite à l'outrance du moment que le buzz est au rendez-vous. Sauf qu'à banaliser de tels propos, tout le monde sait comment ça finit mais il faut croire que ça n'inquiète pas les plus "cultivés" dont les analyses et les chroniques s'arrachant à prix d'or. La campagne présidentielle a incontestablement laissé place à une permissivité dans les discours qui en temps normal devraient être sanctionnés par la loi. D'où ce festival d'accusations qui rendent les musulmans coupables de tout. Qui sait de quoi demain on les accusera ? Après l'huile et les moutons, il est permis de tout imaginer même les théories les plus folles pour flatter les instincts les plus bas et bien sûr battre des records d'audience.
Ce qui compte c'est le business et tant que le CSA est occupé à...on ne sait pas, la fête peut continuer comme si de rien n'était faisant cruellement penser au fameux dicton "quand le chat n'est pas là, les souris dansent".