La prochaine Coupe du monde en plus d'être le symbole le plus abouti du capitalisme contemporain et d'un modèle économique injuste, aura lieu cette fois grâce au travail forcé de milliers d'ouvriers venus d'Inde, du Pakistan, du Bangladesh et d'autres pays voisins où sévissent la pauvreté et la misère la plus criante.
Et que dire alors de ces milliers d'hommes morts sur les chantiers de ces stades car les conditions de travail étaient tout simplement inhumaines? Chaleur écrasante, des amplitudes de travail complètement folles, des cadences infernales et le tout pour des niveaux de rémunérations ridiculement bas. En temps de crises économique et morale aiguës, c'était déjà difficile de cautionner une Coupe du monde devenue la plus brillante expression d'une inégale répartition des richesses, mais il faudra désormais ajouter dans la facture de nos consciences défaillantes des milliers de cadavres sur lesquels des spectateurs vont danser, chanter et supporter leur équipe nationale.
Imaginer que la joie et l'enthousiasme seront de la partie, alors que cette compétition a été la sinistre opportunité de réduire à l'esclavage des hommes venus d'ailleurs pour nourrir leurs familles, donne le vertige et interpelle plus que jamais notre supposé humanisme. Payer un billet pour le Mondial au Qatar n'est ni plus ni moins qu'une complicité de crimes comme regarder les matchs de cette même manifestation sportive sur les ondes hertziennes sera tout aussi moralement coupable.
Les stades de football qataris construits pour cette compétition sentent le souffre et avec le niveau élevé d'informations dans lequel notre époque évolue, personne ne pourra dire qu'il ne savait pas les crimes de masse perpétrés au Qatar pour que puisse se tenir cette coupe du monde de football.
Plus que quelques mois donc pour voir si les stades seront bien remplis ou si la prochaine coupe du monde sera l'occasion de dénoncer les dérives d'une économie sanguinaire au seul service de la rentabilité financière.
Et pour couronner le tout, une soixantaine de travailleurs étrangers ont été expulsés il y a quelques jours pour avoir manifesté après plusieurs mois de salaires impayés.
Après 6500 cadavres, des conditions de travail atroces et une contestation sociale réduite au silence, il faudra une sacrée dose de morphine pour anesthésier les consciences de ceux qui décideront d'aller faire la fête au Qatar pendant que des familles pleureront encore la mort de leurs proches.