La révolte gronde en Guadeloupe et ce n'est pas une surprise quand on sait tout ce que ce peuple endure de souffrances et de handicaps. Les manifestations contre le pass sanitaire et l'obligation vaccinale en métropole ont montré encore une fois leurs limites puisque le gouvernement est resté sourd à la colère populaire.
Les Guadeloupéens eux en ont tirés les conséquences en exprimant leur désaccord de façon violente. Si la violence doit toujours être reprouvée car elle amène souvent dans son sillage des dégâts, des blessés, parfois même des morts et aussi du désordre, elle reste le dernier levier d'expression lorsque les doléances ne sont pas prises au sérieux par nos gouvernants. Et des doléances, les Guadeloupéens n'en manquent pas. Entre l'eau polluée par le chlordécone et l'explosion des cancers causée par cette substance toxique, la chèreté de la vie, le chômage systémique des jeunes, les suspensions des contrats de travail des soignants ainsi que leur limogeage mettant par là-même en danger de mort les patients, il y a suffisamment de raisons pour s'indigner. Une indignation que Castex a semblé bon de gérer par l'envoie des forces d'élite, celles qu'on déploie face à une attaque terroriste. Des images qui rappellent forcément l'ère colonialiste française alors qu'il eût été bien plus constructif de régler ces problématiques sociales et sanitaires par le dialogue.
La force est et restera donc dans ce quinquennat le seul vecteur d'accalmie employé par l'exécutif pour calmer ou plutôt mâter les esprits. Mais les Guadeloupéens ne sont pas les métropolitains. La fougue et l'esprit de revanche qui animent ce peuple expliquent pour beaucoup les images de chaos qui défilent sur nos écrans. Une séquence politique qui va raviver chez certains les envies d'indépendance et comment le leur reprocher? Car si le gouvernement veut garder la Guadeloupe dans l'escarcelle de la France, ce n'est pas pour son beau paysage ou pour son attachement au peuple Guadeloupéen mais pour son emprise sur les eaux territoriales qui entourent l'île et qui en font le deuxième domaine maritime au monde. Le peuple Guadeloupéen n'est qu'une variable pour ce gouvernement comme pour les gouvernements précédents et la gestion des maux économiques, sociaux et sanitaires qui secouent la Guadeloupe a fini de renforcer leur conviction d'être relayés au rang de citoyensur de seconde zone.
Les violences qui rythment les nuits dans ce département d'Outre-Mer ne sont finalement rien devant la brutalité politique et policière avec laquelle est traitée cette population qui a déjà encaissé suffisamment de trahisons de l'Etat français. Il est temps que cela cesse mais malheureusement ça n'en prend pas le chemin...