Trente-et-un migrants sont morts dans la Manche dans l'indifférence générale.
Leur crime? C'est d'avoir fui la misère, la guerre et le dénuement. Une situation que la majorité des Français n'arrivent malheureusement pas à comprendre. Une bombe qui peut tomber sur leur maison et tout dévaster en emportant leur famille, ne pas savoir si leurs enfants auront de quoi manger le lendemain, sortir pour chercher leur subsistance sans savoir s'ils reviendront vivants. Voilà ce que ces migrants emportés par la mer ont voulu quitter mais la zemmourisation des discours politiques et des débats télévisés ont rendu l'opinion publique totalement aveugle à la souffrance des peuples dans le monde. L'Afghanistan, l'Irak, la Syrie, le Yemen sont des pays que l'Occident a dévastés. Et la France tient une bonne place dans la responsabilité de ce chaos que traversent ces pays et bien d'autres encore.
Ces migrants et la misère qu'ils ramènent avec eux sont en quelque sorte le reflet de notre politique étrangère et militaire ce qui fait de chacun d'entre nous des coupables ou dans une moindre mesure des complices de toutes ces tragédies. Le comble de cela est de voir les Français fustiger ces écorchés vifs qui cherchent refuge et une vie meilleure comme s'ils étaient un vecteur de pauvreté et de mauvaise fortune. Or il n'en est rien. La pauvreté est créée par des politiques qui tolèrent voire qui incitent à l'optimisation fiscale causant par là-même une chute considérable des recettes pour les caisses de l'Etat. Michel Rocard disait en son temps qu'on ne peut pas accueillir toute la misère du monde. Or nous n'accueillions même pas la misère que nous créons dans le monde ce qui donne un caractère particulièrement éhonté à cette déclaration reprise à l'envie.
Ces migrants quittent leur terre la mort dans l'âme et voir qu'ils sont rejetés par la population française est une souffrance pour eux qui vient se superposer sur d'autres plaies ouvertes. Ces migrants sont morts car nous vivons recroquevillés sur nous-mêmes pensant qu'ils vont nous prendre notre emploi, notre logement ou déliter notre civilisation. Il n'en est rien. Les mouvements migratoires vont dans le sens de l'histoire et de tout temps il y a eu des flux migratoires qui ont rythmé les mutations humaines. Nous sommes à mille lieux de ce que fut la tradition d'accueil française et nous ne pouvons que nous en affliger car ce repli identitaire causé par des discours ouvertement racistes nous condamne à la déchéance morale.
Qu'on laisse alors ces hommes, ces femmeset enfants en quête d'un avenir meilleur vivre paisiblement chez nous car la moindre des choses que nous pouvons et devons leur offrir au regard du désordre que nos gouvernants provoquent dans leurs pays, c'est bien notre hospitalité.