Valérie Pécresse a remporté la région Ile-de-France avec plus de 45% des voix. Cela semble être un score honorable et pourtant ce score cache une réalité moins flatteuse pour l'ancienne Ministre de Nicolas Sarkozy et plus globalement pour la démocratie.
67% des électeurs ont tourné le dos à ce scrutin dont l'importance n'a cessé d'être rappelée. En vain. Ce taux d'abstention record pour l'Ile-de-France signe une véritable déroute démocratique qui restera dans les annales électorales de cette région. On se demande alors comment Valérie Pécresse pourra dans ces conditions mener une politique d'ampleur qui concernera une majorité silencieuse. Il ne suffira pas de dire "vous n'aviez qu'à voter" pour convaincre les Franciliens d'accepter des réformes au rabais. Cette élection s'est déroulée sans électeurs et en Ile-de-France plus qu'ailleurs puisque le taux de participation est encore plus faible qu'au niveau national.
Comment diriger une région lorsque plus de deux tiers des électeurs n'ont pas voté alors que ce scrutin concerne le quotidien des Franciliens? L'abstention est devenue un acte militant pour bon nombre de citoyens refusant de cautionner un système politique obsolète au service d'une d'élite bien choyée. La facture est aujourd'hui le résultat d'errements, de dévoiements et de renoncements. Avec un taux de participation ridiculement faible en Ile-de-France, Valérie Pécresse sort de cette échéance électorale particulièrement affaiblie et potentiellement illégitime. Jamais un scrutin en Ile-de-France n'aura aussi peu mobilisé alors que les enjeux en matière de transports et d'éducation sont majeurs.
Les affaires de financements occultes des partis politiques, les scandales de conflits d'intérêt, les pantouflages devenus la norme dans la classe politique française ont fini de convaincre les Franciliens et plus largement les Français de délaisser les urnes. Mais ne faut-il pas voir dans l'abandon de l'isoloir les prémisses d'une insurrection populaire aux conséquences totalement imprévisibles? L'avenir s'écrit au conditionnel en ces temps troubles mais il est à peu près certain qu'un tel niveau d'abstention n'annonce rien de bon pour la démocratie dont le pilier cardinal reste la rencontre entre le peuple et ses gouvernants. Une rencontre qui n'a malheureusement pas eu lieu ce 27 juin. Or une élection sans électeurs n'est plus une élection mais un simulacre démocratique dont l'objectif n'est autre que d'imposer une regression sociale à moindre frais pour satisfaire les appétits financiers insatiables d'une oligarchie bien-pensante.
Les chiffres de ce soir résonnent en tout cas comme la fin d'un cycle politique et expriment plus que jamais des aspirations sociales et humanistes trop longtemps oubliées alors que la pandémie a montré au grand jour l'importance d'avoir un service public fort, solidaire et capable d'absorber les chocs d'une époque pleine d'incertitudes.