Les bonnes nouvelles commencent à s'enchaîner. LaREM se prend les pieds dans le tapis, le RN coule et Éric Zemmour perd son éditeur Albin Michel. Le polémiste star de Cnews nous a appris hier que son éditeur a refusé d'éditer son prochain livre. Le protégé de Vincent Bolloré s'est dit perturbé par cette nouvelle.
Quand Albin Michel fait le travail du Conseil Supérieur de l'Audiovisuel, c'est qu'il y a quand même un problème en France. Le CSA ne s'embarrasse plus de surveiller les propos tenus sur cette chaîne et notamment les diatribes ouvertement racistes du très controversé Zemmour. Il laisse faire. Heureusement qu'il y a d'autres leviers de la liberté d'expression pour contrecarrer cette intolérance que déverse Cnews sur ses ondes.
Albin Michel a donc décidé de prendre ses responsabilités face aux insoutenables théories du rejet dont Éric Zemmour se fait le chantre. Que les défenseurs de ce sinistre personnage se gardent bien de parler de censure ou de musellement de la liberté d'expression car ce serait déshonorer cette liberté si chèrement acquise. Rappelons tout de même que la liberté d'expression n'a jamais été d'insulter, d'humilier ni de mettre à l'index des religions, des communautés et des races. Sinon pourquoi ne pas remettre au goût du jour "Mein Kampf" si les amoureux de la liberté intellectuelle tiennent tant à ce que chacun s'exprime sans filtre ni retenue. Doit-on rappeler que le rascisme en France n'est pas une opinion mais un délit?
Le CSA peine à utiliser tous les pouvoirs dont il dispose pour faire appliquer une liberté d'expression juste, raisonnable et respectueuse des sensibilités de chacun. D'ailleurs quand on sait que Christine Kelly, l'animatrice de l'émission qui donne la parole à Éric Zemmour chaque jour vient elle-même du CSA, on comprend mieux pourquoi cette institution financée avec l'argent des contribuables ne fait rien ou si peu pour dénoncer les propos abjects tenus sur cette chaîne. Albin Michel sera peut-être le lanceur d'alerte qui ouvrira la voie à d'autres maisons d'édition et si c'est le cas, il faut s'en réjouir car penser librement, c'est aussi penser dans le respect des différences de chacun, chose qui manque cruellement dans notre pays aujourd'hui. Éric Zemmour est en cela un révélateur de cette permissivité intellectuelle à laquelle il faut mettre un frein par tous les moyens et Albin Michel retrouve en ce sens ses valeurs d'universalisme et d'humanisme.
Depuis qu'Eric Zemmour officie sur Cnews avec une carte blanche, on ne compte plus les monstruosités assénées dans l'émission Face à l'info. Entre "il faut que ces jeunes, tous, je vous le répète tous, parce qu'ils n'ont rien à faire ici, ils sont voleurs, ils sont assassins, ils sont violeurs [...] c'est tout ce qu'ils sont, il faut les renvoyer, il ne faut même pas qu'ils viennent", "la France vit depuis trente ans une invasion" et "je n'en ai cure" en parlant des enfants de migrants qui se noient en Méditerranée, ça commence à faire beaucoup de dérapages. Ces dérapages sont en réalité la colonne vertébrale idéologique de l'écrivain. Mais entre une justice débordée et un CSA devenu inopérant, on ne peut que se feliciter de voir une maison d'édition faire le boulot de ces deux institutions même si ce n'est pas son rôle. Voir d'ailleurs plusieurs villes où sont lancées simultanément des opérations de collage d'affiches à l'effigie d'Éric Zemmour montre bien que la France s'enfonce dangereusement dans les méandres de la médiocrité et de la haine alors que notre époque a plus que jamais besoin d'un sursaut moral pour dépasser et accepter les spécificités de chaque citoyen.
Albin Michel se sépare donc de Zemmour après 10 ans de collaboration. Il était temps qu'une maison d'édition sonne enfin la fin de la récréation.