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Billet de blog 11 janvier 2021

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La démocratie capitole...

Bien sûr, le responsable de cet invraisemblable scénario qui a vu des manifestant.e.s envahir le Capitole et arrêter un temps le fonctionnement de la démocratie américaine est connu et il lui reste quelques jours pour continuer son show commencé il y a 4 ans, avant, espérons-le, de disparaître de la scène médiatique et politique.

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On aura tout dit de ce personnage grossier et pathologiquement narcissique dont les codes ne correspondaient pas à ceux attendus d’un.e président.e d’un pays à l’histoire démocratique établie et aux institutions solides qui ont tenu malgré tout jusque-là. Quatre années de sidération et de déni de la réalité à considérer pour beaucoup d’entre nous l’élection de 2016 comme un moment d’égarement et Trump comme un imposteur. Pourtant c’est ce vénéré système démocratique qui l’a porté au pouvoir, ces institutions qui se sont mises à son service, ses amis républicains qui ne l’ont pas destitué, ses ennemis démocrates qui n’ont pas su comment s’y opposer et plus de 70 millions d’électeurs soit près d’un sur deux aux États-Unis lui ont de nouveau accordé leur confiance lors de l’élection de 2020... 70 millions dont la grande majorité pense, contre toute évidence, que la victoire lui a été volée !

Un Trump peut en cacher bien d’autres

Est-on sûr à partir de là que le passage de témoin du 20 janvier prochain marquera un «retour à la normale» comme par enchantement ? On a beaucoup glosé sur le caractère de kermesse de l’invasion du Capitole, sur les accoutrements des un.e.s et des autres, sur le côté Village People... pas au point d’en faire un envahissement bon enfant mais au moins de le réduire à un simple événement aux divers qualificatifs en évitant de voir que cela aurait pu tourner au coup d’État si Trump n’avait pas fait son général Boulanger et qu’il s’agissait d’une alerte insurrectionnelle à prendre très au sérieux. Car même si Trump ne se relève pas de cette fin de mandat et n’est plus jamais le candidat du parti républicain, il y a, à n’en pas douter, de nombreux petits Trump dans son sillage. Il n’est pas arrivé là par hasard et bénéficie d’un soutien très important dans certains États et dans certaines franges de la population. Le système électoral américain lui aurait même permis à quelques dizaines de milliers d’électeurs et d’électrices près de se maintenir au pouvoir en cas de vote inversé dans quelques États. Certains de ses soutiens populaires, marqués sociologiquement et catalogués sont loin d’être des enfants de chœur : situés très à droite, proches de groupuscules fascistes, suprémacistes ou des fameux QAnon aux théories fumeuses de plus en plus partagées sur les réseaux sociaux et dans une partie de la population. Mais il n’y a pas 70 millions de complotistes ou de fascistes aux États-Unis ! Et ce que cette réalité états-unienne porte en germe est bien plus inquiétant que cela...

Le 20 janvier et après ?

La récupération politique en France n’a pas traîné, la droite et une partie de LREM en profitant pour faire l’amalgame qui avec les gilets jaunes, qui avec les blacks blocs, sans oublier l’ultra-gauche avec en ligne de lire LFI... le président de la république lui-même «omettant» de parler d’extrême-droite en dénonçant les risques que faisaient peser sur la démocratie les événements d’outre-atlantique. Chacun ses marottes et sa stratégie en prévision de 2022 ! Bien sûr la France n’est pas les États-Unis et chaque révolte a ses spécificités mais on aurait tort de penser qu’il suffit d’une élection pour réconcilier les populations avec la démocratie représentative telle qu’elle fonctionne dans de nombreux pays : la confiscation du pouvoir par une caste que masque mal les alternances droite-gauche, l’explosion des inégalités, l’augmentation de la précarité et de l’incertitude, les reculs de la protection sociale au nom de la responsabilisation et la dérive néo-libérale autoritaire changent les formes de contestation. L’adhésion syndicale ou politique, la manifestation encadrée avec parcours prévu et déposé, la grève classique etc. sont en recul au profit de l’abstention ou de diverses formes de dépolitisation, de mouvements transversaux plus horizontaux, de manifestations pouvant tourner à l’émeute... les États-Unis viennent d’en donner au monde un aperçu édifiant. Le 20 janvier constituera à n’en pas douter pour l’Amérique et pour le monde une date importante mais il s’agira d’une date symbolique comme l’était pour le coronavirus le 1er janvier 2021 laissant derrière lui l’annus horribilis 2020... dès le 2 janvier, il a bien fallu admettre qu’il allait falloir continuer avec, vivre avec et que le «retour à la normale» prendrait du temps !

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