Qu'est ce donc ce phénomène sur deux pattes qui nous tire par le pan de la chemise et nous interrompt alors que nous essayons de développer le moindre concept d'ordre logistique avec leur génitrice?
Les enfants vont bien.
Pour l'instant leur vie se limite à leur nombril, donc tout va bien.
On s'étonne toujours de comment ils aient cette facilité à se laisser emporter par la vie et devenir qui Einstein qui Galilée. Qui personne aussi. La grande majorité étant dans ce cas là.
Tout est dans cette graine qui gigote à tous les niveaux, du macrocosme jusqu'aux niveaux subatomiques.
A la façon de R. Brown cette graine plongées dans un liquide et poussée de toutes parts par des particules plus petites, qui gigotent encore plus fort, n'arrête pas de gigoter. Mais pas n'importe comment. Elle gigote de façon prévisible paraît il. Cela en est il de même pour le phénomène à toutes les échelles? Il faut croire que oui, pourquoi pas.
Et le chaos dans tout ça? Cela ne concerne sûrement pas nos plus petits. Ils relèvent davantage des mouvements browniens, eux.
Le chaos c'est après. Au stade supérieur.
Par extrapolation et en gros, le jour que, ayant pris de la bouteille, tu te dis en parlant des jeunes "Les pauvres!", c'est que t'es vieux. Et des fois con aussi.
L'insouciance de la jeunesse se caractérisant par l'intime conviction que la vaisselle, les courses et la lessive se font toutes seules et que l'on est relié à un réseau VPN haut débit qui distribue des victuailles, vaisselle et linge propre h24. Purée le compteur, il donne le vertige!
L'homme et la femme parents adultes, relèvent t il du mouvement brownien ou du chaos?
On continue de gigoter toute sa vie à mon avis. Du moins pour ce qui est de l'humain atavique, celui de la glande pinéale je veux dire. L'environnement façonne la glaise, on le sait et c'est à partir de là que nous en venons à aller à la messe le dimanche.
Les petites têtes, blondes et brunes, s'en donnent à cœur joie, eux. Pas de contraintes, pas d'emmerdements, jamais. Au moins dans leurs instincts primordiaux jusqu'à 12 ans. Après, ce sera pour faire plaisir aux parents, aux adultes et au vieux en général et ça s'appelle adolescence. Voilà pour le premier cycle de la vie humaine, tout le monde a oublié mais d'autres l'ont redécouvert (ce qui ont enfanté, bien entendu).
Le chaos survient au dix-huitième anniversaire. Mais par quel processus?
J'ai ma petite idée vous allez me dire.
Quand on parle des aléas de la vie, qu'on entends par là ? Qu'a l'instar des molécules baignant dans le fluide qui poussent le pollen à droite et à gauche, nous aussi on est bousculés par les aléas de la vie. Mais ils viennent d'où ces satanés aléas? Des "autres"?
Pas queue.
Nous y sommes pour quelque chose dans tout cela. Nous nous sommes malgré nous lancés dans l'arène et nous contribuons à que tout ce beau monde s'entrechoque à envie et de veiller, car nous sommes des adultes conscients et responsables, à ce que leur monde aille finalement (et finement) dans une direction donnée, choisie de notre propre chef. Nous ajustons à notre niveau, ou à notre échelle, l'horlogerie de ce monde de pichenettes qui nous mène inéluctablement au choix binaire ultime: à savoir, se faire une idée objective de la vie ou à aller à la messe le dimanche?
Il n'est donc toujours pas question de mouvements erratiques me diriez vous. Ben si. Il suffit qu'il y en ait un qui pousse un peu plus fort que les autres que ça change tout. D'où le battement d'ailes du papillon qui avant d'être papillon eut été vermine.
Mais qui est ce malotru qui pousse comme un bétail? Un gourou, un illuminé, un prophète ou un banquier? Un panachée de tout cela? Un ex conseiller politique à col mao peut être ?
Les enfants eux ça leur est égal: Leur logiciel, dirions nous aujourd'hui, n'est pas à niveau pour s'emmerder. Tout fichier d'un octet qui dépasse un tantinet soit peu leur système de pensée booléenne, égocentrique et circonscrite dans un aire de 3m2, ne vaut pas la peine d'être traité. Et puis quand on mue on la ramène pas, ça fait rigoler tout le monde.
Ce qui est horrible dans l'existence humaine c'est qu'on réalise, à un moment donné, qu'on va tous vers un but ultime: arrêter de gigoter.
Un principe concurrent de l'inflation? Nous allons vers l'ordre ou le désordre déjà ? En discutant physique et inflationnisme avec mon fils de 14 ans j'en déduis qu'il aurait un léger penchant pour la dernière option au vu de l'état de sa chambre.
Le pire c'est que si on écoute la science, même morts on gigote. Mais si, mais si... Tu te fais crémer, les cendres tu le mets dans un verre d'eau et tu regardes ça au microscope. Nom de dieu tout puissant, ça gigote encore, dans le sens de la physique des molécules et des particules subatomiques, du moins.
Même sans la flotte, l'énergie des atomes restants, après des millions d'années, de tes cendres, se dissipe encore et encore dans un twist satanique effréné. Tout gigote autour de nous en autosimilarité. Au points qu'on se sent des cordes vibrantes d'un immense piano cosmique. (C'est pas moi qui le dis et mon fils non plus).
Nos enfants aussi nous font vibrer. Vibrer et parfois trembler.
Parfois il nous flanquent bien la frousse: "Papa l'aut' jour y a un m'sieur qui m'a proposé des bonbons de sa voiture, c'est gentil non? Mais y avait des méchants derrière qui klaxonnaient et y a du partir".
L'attracteur étrange de Lorentz a t il été découvert par un vieux pédophile matant un petit devant une école maternelle?
Lorentz sera pour plus tard, petits ils se contentent des auto-tamponneuses.
Le bateaux de fête foraine qui oscille a 50 m du sol ça sera pour plus tard aussi. Quand ils commenceront à découvrir l'adrénaline et autres substances illicites.
Tel un somnambule équilibriste, celui qui écrit navigue dans l'immensité sidérale de la noble tâche de papa.
Tout se bouscule à droite et à gauche mais "moi je garde le cap", dit fièrement le commandant au timonier de la Costa Croisière, en présence de sa maîtresse moldave, accoudé à la barre pour faire genre. Je trace.
Pourquoi apprendre à un enfant nos valeurs? Quel est le cahier des charges de parent? Qui l'a décidé? Cela s'est fait dans une concertation démocratique érigée en exemplarité au moins? Ça se discute.
Aussi, on craint pour eux des fois, le bunker antiatomique de la place du Colonel Fabien c'était l'épouvantail de notre génération terrorisée par la "troisième guerre mondiale". Eux ils n'en sont plus là, ils en voient, d'ores et déjà, d'autres.
Un atome ionisé par l'éjection d'un électron c'est un cheval écopé? Pour les cellules biologiques oui. On ose à peine l'imaginer. Tchernobyl est passé par là mais pas par ici. Pourvu que l'avenir n'appartiendra pas à un énorme groupe de Bâles ou à une grosse paire de couilles comment dirait l'autre. Fichés à la naissance comme nous, eux ils envoient des likes à trois ans et des tweets à cinq, gobent les oax et marchent dans le buzz . Les Google et les Areva, (tous unis pour le même combat) conspireront ils? Brrr.
Pourquoi s'acharner à en faire des gens comme nous?
La parabole du vieux monsieur, oriental, un peu asiatique d'au delà des steppes, qui conseille d'apprendre à pêcher plutôt que de donner du poisson, est elle toujours d'actualité? C'est vrai que nous ne sommes pas complètement ratés, mais quand même. On pourrait mieux faire, assurément.