Warrah
Abonné·e de Mediapart

8 Billets

2 Éditions

Billet de blog 4 mai 2020

Warrah
Abonné·e de Mediapart

Le Choucas des tours

De retour pour les Choucas des tours ! En avant les studios !

Warrah
Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Vous le savez peut-être, un oiseau noir à la tête grise et aux yeux bleu-vert clairs fait des malheurs aux agriculteurs, c’est Corvus monedula ! Ils passent le soir par dizaines ou plusieurs dizaines au-dessus des champs et des maisons, ce petit corvidé opportuniste est un mal-aimé, un pariât, un « nuisible ».

Depuis le début des années 2000, il est de plus en plus remarqué car il mange les semis, l’ensilage, il troue les bâches et il lui arrive de nicher dans vos cheminées ! Quel enquiquineur cet oiseau alors !

Il semblerait que depuis une vingtaine d’années le petit corvidé a su tirer parti d’une nourriture abondante en toutes saisons : il semble avoir profité en particulier du développement de la maïsiculture (fait pour nourrir nos amis les bovins) sur des espaces autrefois occupés par des prairies permanentes. Ils prolifèrent donc car l’accès à la nourriture est plus facile et la monoculture lui permet de ne pas se casser la tête (il est, normalement, majoritairement insectivore).

En attendant on s’arrache les cheveux du côté des agriculteurs et aussi en ville où il a élu domicile dans certaines cheminées. Alors, on se décide à les « détruire » (pour ne pas dire tuer). Des milliers chaque année. Cette année, 20 000 oiseaux sont censés se « faire éliminer ». Mais selon certains ce n’est pas assez, alors que les tueries, organisées depuis 2010, ne résolvent rien.

Des solutions sont pourtant possibles, voici quelques propositions suggérées par la Ligue pour la Protection des Oiseaux (LPO), le Groupe d’Études Ornithologiques des Côtes d’Armor (GEOCA), VivArmor Nature et Bretagne Vivante : L’effarouchement des colonies par diffusion de sons ; La Plantation d'arbres pour fournir des zones de report aux oiseaux ; La mise en place de perchoirs à rapaces ; La réalisation de semis plus profond ; Des filets, des bâches tissées, des systèmes de protection des auges, etc … Mais, pour les agriculteurs, rien ne remplacera le dédommagement des dégâts occasionnés. L’État n’indemnise pas les dégâts causés par les Choucas, mais désormais cela doit changer, l’État doit s’occuper de ses agriculteurs. L’agriculture n’est pas un sujet dont on parle une fois l’an. L’agriculture c’est tous les jours dans les champs. Quand aux communes, c’est à elles de financer les changements à faire pour les cheminées (formes différentes pour bloquer l'accès, grilles, etc) .

Car la cohabitation est possible. Vivre ensemble ce n’est pas faire toujours des efforts dans le même sens, vivre ensemble c’est se remettre en question, chercher des solutions, sans penser à tuer automatiquement. Le changement de notre agriculture était-il une bonne chose ? Les déséquilibres dans la nature au niveau d’espèces auparavant stables et qui devient soudain en telle expansion qu’on les dit « nuisibles » sont des remises en question. Lorsqu’une population d’une espèce ou d’une autre « prolifère », il faut se demander si ce changement vient de l’espèce elle-même ou d’un changement de son environnement lié à la cause humaine. Les déséquilibres ne viennent jamais par hasard et la nature, en général, ne les acceptent pas.

Je rappelle que le Choucas des tours est protégé par l’arrêté ministériel du 29 octobre 2009 fixant la liste des oiseaux protégés sur l’ensemble du territoire et les modalités de leurs protections : Article 3 et Directive 79/409/CEE (Directive européenne dite Directive Oiseaux), Annexe II/2.

The rest as they say is history … To be continued …

Ymisis

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Bienvenue dans Le Club de Mediapart

Tout·e abonné·e à Mediapart dispose d’un blog et peut exercer sa liberté d’expression dans le respect de notre charte de participation.

Les textes ne sont ni validés, ni modérés en amont de leur publication.

Voir notre charte