La violence contre les personnes transgenres augmente d'année en année, dans une indifférence mondiale, voire une complicité. Corrélé au racisme, ce sont les personnes trans racisé·es les premières à tomber.
Cette 25e commémoration du Transgender Day of Remembrance honore et rend hommage aux 350 frères et soeurs mort·es cette année, pour ne jamais oublier celleux qui sont parti·es.
Pour ne jamais oublier notre amour qui traverse la mort, la chaleur de leur yeux, la douceur de leur peau et de leurs mots.
Pour ne jamais oublier les assassiné·es, les suicidé·es, les écorché·es sans toit et sans famille, celleux mort·es d'overdose, celleux crevé·es par la maladie et la précarité, celleux abandonné·es par le monde entier.
Pour ne jamais oublier Angélina, Géraldine, Manu, Sacha, et toustes les autres.
Pour ne jamais oublier que la transphobie qui structure le monde reste notre quotidien, que nos corps vous dégoûtent, car affranchis de vos traditions pourries et de votre incessant contrôle, que nos vies hors normes vous effraient.
Alors, vous nous tuez, car nos sommes des aberrations à vos yeux, des monstres à remettre dans le droit chemin, ou à défaut dans le caniveau.
Alors, vous votez des lois pour faire de notre vie un enfer, car incapable de nous éradiquer, vous nous criminalisez jusqu'à l'étouffement.
Alors, vous nous internez avec la complicité de la psychiatrie et de ses praticien·nes, car l'eugénisme est votre seul horizon.
Alors, vous nous discriminez, dans la recherche de taff ou sur notre lieu de travail où vous nous exploiterez par votre domination, dans notre droit au logement, car nous ne sommes pas humain.es à vos yeux, dans nos créations artistiques, car nous profanerions vos insipides imaginaires.
Pour vous rappeler que nous existons depuis des centaines d'années et que nous serons là au moins autant de temps.

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Pour vous rappeler que l'on va se battre - pied à pied - et les dents plantées dans le sol pour ne céder un pouce de terrain. Que l'on ripostera à chaque atteinte à nos droits, ceux de nos enfants et de nos adelphes.
Pour vous rappeler que l'on investira tous vos espaces, qu'on posera notre musique sur vos scènes, nos visages dans vos séries, nos tableaux dans vos musées, que l'on boxera sur vos rings.
Pour vous rappeler que notre adelphité est plus solide et plus belle que vos attaques et votre violence.
Pour vous rappeler que c'est votre panique, celle de vos parents, celle de vos potes, celle de vos collègues devant notre liberté qui emporte nos vies.
Pour vous rappeler que notre soutien est international et que notre amour et notre force va à toustes les frères et soeurs migrant·es et réfugié·es, déporté·es, pourchassé·es, cibles du fascisme dont vous vous accommodez si bien.
Aujourd'hui, nous honorons nos mort·es, célébrons nos vivant·es. Peut-être la larme à l'oeil, mais sûrement le doigt levé.