Régulièrement je fais avec les enfants des ateliers divers selon les possibilités du moment.
Cela peut aussi bien être des ateliers d’éveil à l’art plastique que des ateliers d’écriture.
Je suis très rigoureuse en ce qui concerne le dispositif mis en place pour les ateliers qui est conçu pour éviter au maximum tout risque repéré de conflit entre les enfants : chaque enfant dispose de son matériel même si celui-ci est fait principalement de matériaux de récupération – je n’enseigne pas les arts plastiques, mon objectif est plutôt de montrer aux enfants qu’avec des objets de la vie de tous les jours on peut être créatif.
Je n’ai non plus aucune visée éducative et donc je n’impose aucune règle comportementale aux enfants. Mais moi, je suis extrêmement polie avec eux – certains adultes prétendent que je le suis exagérément – et très attentionnée à leurs besoins que ceux-ci s’expriment avec virulence ou, au contraire, par un excès de discrétion.
Par ailleurs je dis aux enfants que copier n’est pas tricher, que c’est être en recherche, que la personne qui copie sur une autre apprécie le travail de l’autre et peut s’en servir comme source d’inspiration. Cela ne venant pas comme ça, brut de décoffrage, mais dans le cadre animé de discussions qui font suite à des conflits.
Ces discussions ont amené l’idée que lorsque l’on copie sur quelqu’un d’autre – du moins en art plastique – il y a toujours une petite différence et que c’est dans cette « erreur » même minime, que se situe la création personnelle du « copieur » qui, grâce à elle, n’est pas un habile faussaire…
S’ensuit alors toute une discussion sur la notion d’ « erreur » d’où il ressort qu’à partir d’une erreur on peut atteindre d’autres niveaux de créations plus singuliers, plus imaginatifs, que cette « erreur » ouvre le champ des possibles (terme, que les enfants adorent, trouvé chez René Diatkine) et…..Bon, à ce niveau là de la discussion, je les vois tous reprendre des œuvres mises de côté, voire déjà soigneusement déposées à la poubelle histoire de voir si cela va fonctionner….
Le résultat les étonne souvent eux-mêmes - et m’émerveille toujours - même si, au final l’enfant décide que, non, vraiment il n’y a rien à tirer de ce machin.
Bon, ceci posé, hier soir deux petites filles africaines (7-8 ans) sont venues me chercher pour faire des origamis : en suivant les indications d’un livre on a fabriqué des ours blancs, comme elles dessinaient soigneusement les yeux des ours blancs et se racontaient des histoires en jouant avec ceux-ci, je me suis lancée dans le pliage d’une chauve-souris qui – en photo – me paraissait facile à réaliser ….. le flop ! Alors, dépitée, je leur ai fait des grues du japon, et j’ai mis la chauve-souris ratée de côté.
Une des deux petites filles m’a alors demandé si elle pouvait prendre la chauve-souris et je me suis alors écriée : « mais elle est ratée ! », ce à quoi elle m’a répondu que « cela n’a aucune importance puisque c’est avec ce qu’on a raté que l’on fait les plus belles créations ! ».
Ouiche !
Et aussitôt dit, aussitôt fait : elle s’empare du pliage, le triture, le colorie en gris et en noir et….
Et le résultat est superbe ! Différent de la photo du livre, mais bien plus beau. Suis-je vraiment Objective ? Oui, résolument oui !
Et j’en suis encore toute époustouflée !
Je sais que cela ne valait peut-être pas la peine de faire un billet pour si peu, mais c’est ce si peu qui me fait tenir !
watayaga@hotmail.fr