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Billet de blog 27 janvier 2013

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Quel monde notre avidité laissera-t-elle à nos enfants ?

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En occident, nous n'aimons pas les enfants, sauf pour en faire notre vitrine, le miroir de notre égocentrisme, la reproduction de notre domination sur le monde.

Nous ne les aimons pas pour eux-mêmes, pour ce qu'ils sont réellement - (et non pour ce que nous projetons sur eux qu'ils soient)- en tant qu'êtres vivants ayant des besoins propres autres que purement économiques, promesses d'un avenir qu'ils construiront eux-mêmes avec toute la richesse de leur potentiel humain par nous respecté, dans une nature préservée en pensant à leur bien-être et à celui des générations futures.

J'aurais beaucoup de choses à écrire sur un sujet qui me tient à cœur mais je n'y arrive pas, peut-être justement à cause de cette implication mais aussi parce qu'il faut bien prendre le problème par un bout, calmement et que l'actualité m'inciterait plutôt à me cacher la tête sous un oreiller et à ne plus être informée, ce que je ne peux pas faire non plus.

Tous les discours admis sur l'éducation me paraissent falsifiés, biaisés, suspects parce qu'ils ne prennent pas en compte le fait que dès le ventre de leur mère les enfants sont des personnes à part entière, avec un ressenti et un cheminement personnel intense, qu'ils le sont à la naissance et tout le temps de leur enfance et qu'ils deviendront les adultes qui prendront des décisions demain quand la génération d'adulte qui se sent aujourd'hui toute puissante sera soit dans la tombe, soit rangée dans la catégorie des encombrants qui coûtent chers au merveilleux modèle économique que nous sommes en train de nous laisser imposer.

Une fois cette gentille introduction faite j'en viens au sujet du billet qui est un joli conte moderne....

Située à Fort Bragg, Californie, Glass Beach est un accident de l’histoire. 

La ville de Fort Bragg  fut presque totalement détruite lors du tremblement de terre de 1906 qui a aussi détruit San Francisco. La plupart des décombres ont simplement été jetés par-dessus la falaise. Ensuite Fort Bragg a utilisé la plage en tant que décharge d’ordures : "montez en voiture au faîte de la falaise et jetez de son haut vos ordures ménagères"… Help yourself...

La plupart des ordures étaient brûlées directement  sur la plage et ce qui restait était laissé aux bons soins de l’océan.  Après quelques tentatives de nettoyage la plupart de ces restes se composait de morceaux de verres.  Peu à peu les bords coupants du verre ont été polis par des dizaines d’années de flux et de reflux de l’océan. Ce qu’il en est resté fut une plage recouverte de galets de verres colorés.

Suite à nombre de photos et d’articles à son sujet, Glass Beach est alors devenue une attraction touristique majeure de Fort Bragg. 

Du coup un nombre stupéfiant de personnes est venu, avec seaux et râteaux, s’emparer des bijoux de verres de la plage. La plupart des gens  considèrent Glass Beach comme un self-service gratuit et non comme un bien commun dont tout un chacun pourrait bénéficier.

Le concept d’une plage laissée à la libre disposition pour le plaisir de tous semble être étranger à la plupart d'entre eux. Bientôt Glass Beach ne sera plus qu’un souvenir.

Cependant, il aurait pu y avoir une autre façon de considérer  Glass Beach : elle aurait pu devenir un patrimoine public que l’on aurait pu préserver pour la joie des générations suivantes.

Ce qui a commencé comme un gâchis a été magnifié par l’océan. Il y aurait nombre de leçons à tirer de cela : comment prendre soin de la planète, ce qui nous a amené à faire évoluer notre conception de l’environnement,  l’extraordinaire pouvoir régénérateur du puissant océan Pacifique, par exemple…

La plage a de nouveau changé de façon incroyable : il y reste plus de bouts de métal, de détritus divers que de verre poli par les vagues.

Il y a une grande différence entre ramasser sur la plage quelques galets et coquillages pour les ramener chez soi et venir avec des seaux dans l’intention d’en prendre le plus possible. Si l’on demande aux gens, au court d’une conversation banale, ce qu’ils feront de ces bouts de verre  entassés dans des sacs ou des seaux, il ne savent pas quoi répondre à part l’avidité de la possession.

Le plus amusant dans cette histoire c'est que cette plage qui était la propriété d'une nation amérindienne a été retiré à celle-ci quand les merveilleux bouts de verres ont ébloui les touristes, sous prétexte de "protection" d'un patrimoine collectif.... C'est à hurler de rire, non ?

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