Le Festival du Film Sundance à Park City, Utah est l'un des plus grands festivals pour le cinéma indépendant aux USA. La sélection de cette année qui créé un énorme buzz est un documentaire titré « The Black Power Mixtape ». Ce film présente les prises de vue rares d'archives prises entre 1967 et 1975 par deux journalistes suédois et a été retrouvé dans les caves de la télévision public suédoise 30 ans plus tard.
L'acteur et activiste Danny Glover a coproduit ce film. C'est un film qui n'a été broadcasté qu'une seule fois et est riche d'incroyables interviews de personnes impliquées et de membres du Black Power movement.
Par exemple :
Stokely Carmichael (militant du Black Panther Party) fait un discours dans ce film :
« Maintenant, partons disons de la période moderne, je pense que nous pouvons commencer en 1956. Pour notre génération, c' était l'arrivée de l'apogée de Dr. Martin Luther King. Dr King a décidé qu'à Montgomery, Alabama, les noirs devaient payer le même prix que les blancs dans les bus, mais ils fallait nous assoir au fond des bus. Et si un blanc était debout dans le bus, nous ne pouvions nous assoir. Aussi Dr King et ses associés ensemble ont déclaré que c'était inhumain et ont décidé de boycotter les systèmes de bus.
Maintenant, comprenez ce qu'est un boycott. Un boycott est un acte passif. C'est l'acte le plus passif qui soit, simplement dire « nous ne prendrons pas vos bus ». Ce n'est pas de l'antagonisme. Ce n'était même pas verbalement violent. C'était un mouvement sans violence. La politique de Dr King était la non-violence et il pensait que cela aboutirait à des améliorations pour la condition des noirs aux USA. Son hypothèse majeure était : si vous êtes non-violents, si vous souffrez, votre ennemi sera conscient de votre souffrance, y sera sensible jusqu'au fond de son coeur. C'est parfait. Seulement son hypothèse était fausse : pour que la non-violence puisse marcher, votre ennemi doit avoir une conscience. Les Etats-Unis n'en ont pas, n'en ont pas ! »
Un autre passage très émouvant dans le film est l'interview d'Angela Davis avec sa coiffure affro d'il y a 40 ans. Le journaliste suédois lui demande :
http://www.makingof.com/posts/watch/2931/-the-black-power-mixtape-1967-1975-movie-clip-angela
« Comment allez vous arriver à ces buts ? Utiliserez-vous la confrontation, la violence ? »
Angela : « En fait vous me demandez si j'approuve la violence – cela n'a aucun sens – si j'approuve la violence par les armes. J'ai grandi à Birmingham, Alabama. De très très bonnes amies ont été tuées par des bombes, des bombes placés par des racistes. Je me souviens depuis mon plus jeune âge, je me souviens des explosions de bombes dans notre rue ; notre maison tremblait. Je me souviens que mon père avait des armes sous la main tout le temps parce que vous pouviez être attaqués à tout moment. L'homme à l'époque qui dirigeait la ville – son nom Bull Connor – parlait souvent à la radio pour des déclarations de ce style « les nègres se sont installés dans un quartier blanc; attendons nous à un bain de sang cette nuit ». Et bien sûr, il y avait un bain de sang.
Quatre jeunes filles qui vivaient dans notre voisinage et avec qui nous étions amies ont été retrouvées les membres et têtes éparpillés après une explosion de bombe. Ma mère qui était enseignante avait l'une d'elle dans sa classe. La mère d'une des fillette a appelé ma mère car elle n'avait pas de voiture et voulait aller chercher sa fille à l'église après avoir entendu parler de l'explosion. Ma mère l'a conduite là …........
Ensuite dans notre quartier, tous les hommes ont organisé eux-mêmes des patrouilles armées. Ils ont dû prendre leurs armes et ont patrouillé chaque nuit, car ils ne voulaient pas que cela se reproduise.
C'est pourquoi, lorsque quelqu'un me demande mon avis sur la violence, je trouve cela incroyable car cela signifie que la personne qui pose cette question n'a aucune idée de ce que le peuple noir a subi, qu'elle n'a aucune idée de ce que le peuple noir a pu endurer dans ce pays depuis que le premier noir a été kidnappé des côtes africaines. »