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Billet de blog 18 mars 2025

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Il ne faudra plus raconter des histoires

C’est l’histoire de Jean Weil, interné à Écrouves, Beaune-la-Rolande et Drancy, puis déporté à Bergen-Belsen, à l’âge de 4 ans avec sa mère et sa sœur, Josette, qui n’a pas 7 mois. Alors qu’il vient de décéder à Bazouges-sur-Le-Loir, le 20 janvier 2021, une autre famille Weill-Lévy refait surface dans la mémoire...

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Publication le 3 avril 2025  ici  https://www.editions-harmattan.fr/catalogue/livre/il-ne-faudra-plus-raconter-des-histoires/78536?srsltid=AfmBOoo3YauhyHqx9XQZ_HOJLKgNuBNzVFkhhq2jYoo0cBgXMPlcMfRm

C’est l’histoire de Jean Weil, interné à Écrouves, Beaune-la-Rolande et Drancy, puis déporté à Bergen-Belsen, à l’âge de 4 ans avec sa mère et sa sœur, Josette, qui n’a pas 7 mois. Alors qu’il vient de décéder à Bazouges-sur-Le-Loir, le 20 janvier 2021, une autre famille Weill-Lévy refait surface dans la mémoire... 

Sandrine, sa fille, part à la recherche des fantômes de cette autre famille Weill-Lévy dans les rues de La Flèche.

Ses découvertes la mènent à partir à nouveau sur les traces de la mémoire d’un ami de Jean, Édouard Friemel, l’enfant du mariage d’Auschwitz ; et enfin, elle raconte l’odyssée de sa grand-mère Odette, de son père Jean et de sa tante Josette du 9 octobre 1942 au 30 juin 1945, date du retour d’Odette Weil.

Mais Josette ne reviendra pas des camps de concentration. Née le 29 mars 1942, décédée le 27 avril 1945, Josette n’a pas d’histoire.

Sandrine raconte la fragilité de la mémoire et l’importance du roman familial pour faire « son histoire » et reprendre son histoire à son compte/conte, et, comme dans les contes, dire la tragédie et la surmonter.

Illustration 1
1ère et quatrième de couverture Il ne faudra plus raconter des histoires © L'harmattan et archives privées famille Marcel Weil

Janine Doerry, amie et historienne allemande dont la thèse a porté sur les familles juives françaises déportées à Bergen-Belsen, et dont les pères étaient prisonniers de guerre, m'a écrit :

« Ton texte m’a profondément touchée, je me suis souvenue de beaucoup d’éléments, j’en ai découvert des nouveaux (grâce à ton grand-père, entre autres), et voilà que je t’adresse enfin quelques mots.

[...] Jean qui ne veut pas témoigner, l’extrait de son discours prononcé lors de la remise des insignes de chevalier de la Légion d’Honneur, c’est cela. Il a refusé à faire du ’théâtre de la mémoire’.  Toi, tu racontes son histoire, c’est faire des histoires. Qu’on t’écoute ! On t’écoutera.

Je reviens sur le paragraphe du début et de la fin : Tu finis par exprimer que Jean te manque non seulement à toi, mais qu’il manque à l'humanité et que personne ne peut le remplacer.  Ailleurs, tu racontes le fait de ne pas vouloir annoncer sa mort, et tu fais la comparaison avec Odette qui ne voulait pas annoncer la mort de Josette.  Odette, brisée à la fin de sa déportation à elle et ses enfants, c’est le nazisme qui la vainc par la mort de Josette et par le typhus. Le nazisme, il n’existe pas sans les personnes qui le promeuvent, qui l’exercent, qui le supportent ou qui restent indifférents et n’y s’opposent pas. Et tu écris, justement :  "La hiérarchie et les 'privilèges' instaurés dans les camp nazis ont fonctionné d’autant mieux qu’ils sont identiques à ceux du monde libre."  "Au retour, Jean vit avec une mère folle, un père dépassé, des frères et sœurs en bas-âge (…) Le traumatisme du Sanatorium est double, c’est celui de l’abandon de ses parents, et de la découverte d’un monde ‚libre‘ quasi identique à celui des camps."  Mais malgré cet abandon : "Jean, grâce aux cartes subversives de son père, choisit politiquement l’humanité." - et grâce à Odette, celle d’avant, car: "Le 30 juin 1945, à son retour, Odette Weil née Lévy ne se ressemble plus."  Oui, c’est le livre de Jean. Il y a beaucoup plus à dire, ce sera un autre jour (entre temps, ton texte continuera à me travailler). » 

J'attends vos retours. 

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