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Billet de blog 9 décembre 2010

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De Jefferson à Assange - Texte de Robert Scheer, rédacteur en chef de Truthdig (Web Magazine) du 7 décembre

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"Abandonnez Assange et vous abandonnez le fondement de notre république : Le droit du peuple à savoir."

Éditorial de Robert Scheer, rédacteur en chef de TRUTHDIG (Web Magazine)

(received Webby awards 2010 du Best Political Blog)

publié le 7/12/2010

http://www.truthdig.com/report/item/from_jefferson_to_assange_20101207/

"De Jefferson à Assange

Tout ce que l'on a besoin de savoir sur la valeur de Julien Assange en tant que journaliste d'investigation (« de croisade ») est que le New York Times et la plupart des plus importants journaux dans le monde font leurs unes chaque jour avec des révélations importantes basées sur ses divulgations.

Tout ce que l'on a besoin de savoir sur la faillite du support traditionnel pour la protection de la constitution qu'est une presse libre est que Dianne Feinstein, la démocrate centriste qui préside le Comité de renseignements au Sénat a appelé à ce qu' Assange « soit vigoureusement poursuivi pour espionnage ».

Dans son écrit dans le Wall Street Journal, Feinstein, qui a fortement soutenu les invasions en Irak et en Afghanistan, a l'audace d'appeler à l'emprisonnement d'un homme qui, plus qu'aucun autre individu, a permis au public d'apprendre la vérité sur ces aventures impérialistes désastreuses – faits connus depuis longtemps par Feinstein en tant que responsable du Comité de renseignements, mais jamais partagés avec le public qu'elle prétend représenter.

Feinstein représente précisément le gouvernement que Thomas Jefferson avait à l'esprit quand il disait, en défense d'une liberté sans restriction de la presse : « S'il m'était laissé à décider si nous devrions avoir un gouvernement sans journaux ou des journaux sans gouvernement, je n'hésiterais pas un seul instant à choisir la seconde solution. »

Dans la lettre de 1787 dans laquelle il écrivait ces mots, Jefferson faisait preuve de la profonde sagesse d'un leader politique qui avait été « crucifié » par une presse vicieuse, ce qui ferait des commentaires traitant Assange d'anarchiste bien légers en comparaison. Plus de 35 ans après, et après avoir souffert encore bien plus d'attaques au vitriol de la presse, Jefferson a confirmé sa croyance en une presse libre, et en toutes ses errances, comme pilier du fondement d'une démocratie. Dans un courrier de 1823 à Lafayette, Jefferson prévenait : « La seule sécurité de tous est dans une presse libre. La force de l'opinion publique ne peut pas être contrée s'il lui est permis de s'exprimer librement. Il faut se soumettre aussi à l'agitation produite. C'est nécessaire pour conserver des eaux pures. »

C'est précisément cette agitation qui alarme autant Feinstein, car les vérités gênantes qu'elle a cachées dans son rôle au Sénat allait en fait choquer nombre de ceux qui ont voté pour elle. Elle savait en temps réel que l'Irak n'avait aucun lien avec l'attaque du 11 septembre, et cependant, elle a voté pour envoyer de jeunes américains pour tuer et se faire tuer sur la base de ce qu'elle savait être des mensonges. C'est sa duplicité, ainsi que celles des leaders des deux partis politiques, qui se trouve maintenant exposée par les documents Wikileaks.

Et c'est pourquoi, les leaders gouvernementaux américains vont maintenant employer l'énorme pouvoir de l'Etat pour discréditer et détruire Assange, qui a osé faire connaître au public la profondeur de la tromperie officielle – une tromperie qu'ils ont masquée en prétendant protéger la sécurité nationale.

Les expertises risibles apparaissant dans les messages publiés montrent que nos marionnettes en Irak et Afghanistan sont grandement corrompus et antidémocratiques, et qu'Al-Qaïda continue à trouver ses bases de soutien non pas dans ces pays mais plutôt en Arabie Saoudite, au Koweït et aux Émirats Arabes Unis, ces mêmes pays que nous armons et protégeons. L'idée que le tissu officiel de mensonges renforce notre sécurité est contrer par la force montante de l'Islam radical dans la région, et prouvé par le succès de l'Iran, le principal bénéficiaire de notre invasion de l'Irak, ce que les messages font apparaître clairement.

Les prétendus patriotes qui utilisent l'argument de la sécurité nationale pour vider ce qui reste du fondement le plus important de notre sécurité – nos garanties constitutionnelles par une presse vraiment indépendante – sont juste ce que le Président George Washington craignait lorsque, dans son discours d'adieu, il prévenait « contre les malversations des intrigues des affaires étrangères et de se garder des Impostures d'un prétendu patriotisme,... ».

Le prétendu patriotisme de Feinstein, la première démocrate à parrainer la loi d'extension de l'U.S. Patriot Act, représente la mort du parti démocratique en tant que protecteur de nos libertés. En tant que résident Californien, je ne voterai plus pour elle, même si son opposant est le plus détestable des républicains d'extrême droite. Il n'y a pas plus dangereux qui puisse être trouvé dans quelqu'un qui voudrait si cavalièrement emprisonner les pratiquants d'une presse libre et indépendante.

C'est le problème ici, clair et simple. Il est inconcevable de poursuivre Assange pour publication des documents sur internet dont les principaux grands médias ont reconnus la valeur légitime des informations. De même que dans le cas historique où Daniel Ellsberg a donné au New York Times, l'exposé des mensonges à partir des documents du Pentagone ayant justifié la guerre du Vietnam, Assange a agi en temps que reporter dans ce cas, et donc ses activités doivent être protégées par la garantie du First Amendment sur la liberté de la presse.

En fait, la position d'Ellsberg, bien que moralement forte, était plus faible que celle d'Assange, par le fait que l'ancien Marine et conseiller en chef du Pentagone avait travaillé à la Rand Corp. Subventionné par le gouvernement, et avait donc accepté les règlements internes sur la manipulation et la divulgation des documents classifiés, y compris ceux du Pentagone. Assange n'a aucune contrainte de cet ordre et est l'exemple très clair d'un journaliste qui trouve et saisit des informations et les publie. Il n'a aucune autorisation spéciale qui lui donne un accès quelconque, et ce qu'il a fait ne présente aucune différence avec ce que les éditeurs du New York Times ont fait en publiant des informations bonnes à publier.

Il est scandaleux pour tout journaliste, ou personne respectueuse de ce que chaque président américain a soutenu – le droit divin à une presse libre et inaliénable – de ne pas s'associer à la défense d'Assange sur ce problème, et distinctement de ce qui apparaît de plus en plus comme des accusations en trompe-l'œil qui a conduit à son arrestation volontaire mardi à Londres dans un cas concernant son comportement personnel. Abandonnez Assange et vous abandonnez le fondement de notre république : Le droit du peuple à savoir."

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.