WILGMA (avatar)

WILGMA

Abonné·e de Mediapart

59 Billets

0 Édition

Billet de blog 28 mai 2011

WILGMA (avatar)

WILGMA

Abonné·e de Mediapart

Douce France ???

WILGMA (avatar)

WILGMA

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

La France condamnée pour le recours abusif au menottage

Mieux ? C’est n’est pas vraiment le point de vue de la CEDH, qui ce 25 mai 2011 (n° 19868/08) a condamné la France pour un recours abusif au menottage, qualifié de traitement inhumain et dégradant. Qu'on critique les USA ou d'autres pays pour des pratiques soit-disant inadmissibles en France relève de l'utopie. En fait c'est venu sur le tapis à cause de DSK qui souhaitait -malgré ce qu'on lui reproche- plus d'égards vu son "rang" et sa "présomption d'innocence" soit-disant bafouée... Et pourquoi svp DSK dirait-il vrai et la "soubrette" ne tiendrait quant à elle que des propos mensongers. La révolution française ou autres n'a pas changé grand chose. Les "grands" de ce monde se croient si grands qu'ils se situent au-dessus de tout et notamment des lois.

Pour parler du menottage il est systématique en France et citer les noms dans la presse est monnaie courante. Idem pour les photos. Ne pas autoriser les prises de vues ou vidéos dans l'enceinte des tribunaux relève d'une véritable hypocrisie. Le jugement est décidé dans ses grandes lignes avant même qu'il ne soit rendu.

Il serait de bon aloi de faire faire un stage "in-vivo" aux magistrats instructeurs en formation et à leurs collabos dans les locaux de garde-à-vue (par exemple à la Conciergerie de Paris qui a tout d'une autre ère) avec fouille au corps en groupe devant des examinateurs dégorgeaant d'alcool (on les comprend un peu) et tout le système (photos, prises d'empreintes, mensurations et autres choses conduisant au fichage...) , wagon cellulaire et autres fouilles au corps principalement axées sur le bas du tronc (curieux!!!), mises au trou avec des couvertures puantes sur les bras ; la bouffe où l'hygiène minimale semble ne pas exister, les nuits faites de cris et de bruits inqualifiables... Ce petit stage disons d'une semaine remettrait sans doute leurs idées en place et éviterait à tout le moins des décisions trop rapides et parfois iraisonnables. Leur formation devrait passer par là.

Nous sommes au XXI siècle. On utilise encore des systèmes du XIX°... La France en matière judiciaire et pénale n'est pas un exemple contrairement à ce que beaucoup pensent partant du principe "qu'ils n'ont que ce qu'ils méritent". Le problème majeur est que tout un chacun peut se retrouver dans la position du justiciable. Et la France à ce sujet n'a pas à donner de leçon à d'autres pays. Tous les avocats qui fréquentent au quotidien les prisons vous le diront. Les détenus également.

Mais DSK c'est autre chose encore... Voyez aussi ce lien :

http://www.zurbains.com/vie-prison-degrade_67984A823572B3.html

qui dit

L'article 1er de la loi pénitentiaire de 2009 prévoit que la sanction doit s'inscrire dans la préparation d'une réinsertion des condamnés dans la vie sociale, afin de prévenir toute récidive. Dans les faits, la situation est catastrophique.
Évidemment, le plus simple est de penser que les gens qui sont en prison ne méritent pas notre attention, mais peut-on accepter que l'inhumanité et la corruption s'installent dans l'univers pénitentiaire ?
En 2010, la Cour des comptes publiait un rapport sur le service public pénitentiaire. Elle constatait que la plupart des préconisations qu'elle avait faites 4 ans auparavant étaient restées sans suite... Les magistrats de la Cour des comptes peuvent difficilement être suspectés de sympathie pour les détenus, ce qui rend leurs analyses sur la situation catastrophique de notre système pénitentiaire particulièrement intéressantes.
Sous l'effet de la multiplication des lois pénales, le nombre de détenus emprisonnés s'est considérablement accru depuis 10 ans sans que les capacités d'accueil aient été mises à la hauteur de cet afflux. Résultat inévitable : une dégradation inquiétante de la vie et de la santé des détenus et un travail de préparation à la réinsertion à l'abandon, faute de moyens.
La France se situait au 24e rang sur 27 parmi les États de l'Union européenne, en termes de densité carcérale, avec 131,1 détenus pour 100 000 habitants, soit une densité supérieure à celle de l'Union européenne.
Le rapport de la Cour des comptes est en phase avec le rapport du Contrôleur général des lieux de privation de liberté (!), Jean-Marie Delarue, qui met en lumière des dérives inadmissibles et... condamnables. On apprend que la vie en prison est d'autant plus chère pour un détenu que le passage du public au privé, en matière de gestion, a fait augmenter les prix de 25% en moyenne. En question, la fameuse cantine. La cantine est le service auquel peut recourir le détenu pour se procurer des biens de la vie quotidienne, tels que bouteilles d'eau, produits alimentaires, dentifrices, sacs-poubelle... etc.
Selon les études réalisées, le prix des articles vendus à la cantine atteint parfois le double des prix des mêmes articles vendus dans les grandes surfaces proches de l'établissement pénitentiaire.
Il n'y a pas de tarification nationale, ce que déplore d'ailleurs la Cour des comptes. La location de télévision relève elle aussi des pratiques les plus fantaisistes. Certains établissements facturent la location de télévision, non pas par cellule, mais par détenu. À 42 € par mois à Nice, ou 40 € à Marseille, l'affaire est juteuse. Or, les recettes sont gérées par les surveillants de prison, via des associations dites socioculturelles. Les locations de télévisions dégagent des marges bénéficiaires impressionnantes.
Selon le rapport de la Cour des comptes publié en 2010, la maison d'arrêt de Montbéliard affiche 39% d'excédent. Un calcul financier donne même 78% de rentabilité à la prison de Lons-le-Saunier. Avec 800 000 € en caisse fin 2009, l'association de Fleury-Mérogis s'impose comme la plus riche. Sur tout le territoire, le cumul des sommes récoltées se monterait à environ 10 millions €, gérés "dans des conditions opaques", dixit la Cour des comptes.
Certaines associations laissent apparaître des frais de réception ou de déplacement pour des milliers d'euros, sans explications très claires, avec la bénédiction de l'administration pénitentiaire qui ne veut pas s'immiscer dans des comptes d'associations... Autrement dit, un détenu qui n'a pas de revenus et qui n'arrive pas à travailler, car on se bat aussi pour les emplois en prison, est dans une situation impossible. Selon le Contrôleur général, certains détenus disposent de seulement 1 700 calories par jour, à peine plus de la moitié de leurs besoins.
Lorsque l'on aborde le problème de la santé des détenus, cela tourne à la Cour des miracles.
D'après une étude épidémiologique de l'INSERM, publiée en 2006, l'état de santé psychiatrique des détenus à leur entrée en prison était très préoccupant : 35% des détenus interrogés dans ce cadre étaient considérés à l'époque comme manifestement ou gravement malades. Dans une étude publiée en décembre 2009, l'Institut national des études démographiques (INED) indique que la France présente le taux de suicide en prison le plus élevé de quinze pays européens.
Ne nous y trompons pas, l'univers pénitentiaire d'un pays reflète aussi l'état général de ce dernier. Il n'en est pas toujours que la caricature.
Le budget de la Justice en France nous classe en avant derniers de l'Europe élargie (27 avec les pays de l'Est). Le classement des prisons dans le monde par des organismes internationaux nous classe très proches de la Malaisie (rapport 2009). Or, le pourcentage de récidive dans les pays qui traitent humainement leurs prisonniers est bien inférieur à celui des autres. Il faut lire le rapport public sur le service public pénitentiaire, publié par la Cour des comptes en juillet 2010, il s'intitule "Prévenir la récidive, gérer la vie carcérale", mais surtout, il nous parle de notre société, il nous parle de... nous.

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.