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Billet de blog 24 mars 2017

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Reach: Au creux de l'oreille

Fin de l'été, début d'automne, je suis tombé sur une image qui, comme bien d'autres l'année dernière et fort des efforts d'un mouvement en cours, m'a fait écrire. Aujourd'hui, un premier post de cette archive, en bilingue, plus ou moins comme il m'est venu.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Reach. Stretching helps get you there without tear. Writing recently as if to keep proving my stretch. Old habits. Reaching stretches from the middle. One stroke at a time. Careful. Attention. Reprise.

Reach. A photo open* in another window here. Une femme dans une sorte de formation entre deux drapeaux. Elle a la bouche ouverte. Elle crie, clairement et posément. Cri muet (image) m’atteint. It reaches me. Because she’s between several twos. “As if the social itself had a structure » (I. Segré). The image displays an architecture, an emerging latency, if you will. Between two flags and over two shoulders. Soutenue par la croisée de ces énergies contraires. Buoyed by the lenses upon her, en partie, la promesse que ces objectifs arborent, forêt de capteurs, un seul qui amène son cri muet jusqu’ici, jusqu’à:

Illustration 1

Nous. This is not a close-up and hers is clearly a face.

J’allais dire que c’est le seul de l’image mais ce n’est pas vrai. Les deux autres visages qu’on voit dans la coupe de l’image que j’ai faite se situent à son arrière plan, aux coins gauche et droite. Un homme à gauche et une femme à droite qui me font me dire que ce qui dote un visage de sa capacité à être reconnu comme tel, c’est l’attention qu’on y voit portée. Attention in English can be spent. En français on la porte. In English you say you are paying it but often as command or justification. « Pay attention! » « I was paying attention ». Il y a une douceur dans le fait qu’en français on la porte. Je porte donc mon attention sur l’attention portée depuis les deux coins en haut de cette découpe d’image. L’attention que j’y vois portée est une bonne partie de ce qui nous donne l’impression que le cri de cette femme soit aussi soutenu. Elle participe de la géométrie de cette image. Elle, cette attention, fait face à distance aux regards des deux militaires dont 

les visages nous sont cachés. Comme s’il y avait un champ de forces qui allait du mur que ces deux soldats tentent, sans trop tenter, je ne connais pas le contexte de cette image je la lis pour qu’elle serve à nous éveiller aux potentialités arborées dans un entre qui peut toujours s’ouvrir dans l’ici. Comme si donc il y avait un champ de forces tirées de ce mur provisoire et mobile, vulnérable à la foule qui l’entoure, à ces deux pointes de personnes attentives qui s’y fondent presque mais s’en détachent par l’attention qu’on les voit porter. Je note en passant que la femme au coin droite de l’image porte des lunettes noires et un foulard et que cette façon de s’habiller n’empêche nullement la perception de son attention. La perception de son attention: le génitif peut se lire dans les deux sens: cette attention s’échange entre la sienne et la nôtre, et tout contexte porte la possibilité de cet échange dès lors que nous en avons la conscience. Je souligne simplement une évidence pour nous entre qui nous sommes en ce moment précis et je le souligne dans son évidence pour que nous puissions la porter ailleurs, clairement, qu’elle nous donne des ailes pour contrer tout discours qui cherche à nier l’intérêt universel de cet échange. 

Nous savoir attentives à tout savoir attentif à l’intérêt de ce qui l’excède. Structure de ces excès, telle par example qu’on les voit dans cette image, la retrouver ailleurs autrement. Posse labilités d’exode entrent, par le milieu.

Par exemple de nouveau, mon oeil caresse encore le coin en haut à droite, depuis l’attention portée par cette femme en lunettes, par rapport à elle une fois qu’on la voit, on remarque l’attention du regard de l’homme dirigé ailleurs, vers ce qui nous est caché par le drapeau. He seems to have it covered. Lui de profil semble calme, recueilli, et pourtant lui aussi se trouve situé à une croisée d’énergies. L’image se fissure entre les formes d’attention qu’on y voit portée. Et ces fissures finissent par suggérer des structures qui, avec une certaine attention, permettraient la poursuite des mouvements qu’on voit s’y faire—non pas s’y accomplir, je le dis pour souligner de nouveau que ces mouvements, ces gestes, ces mots, s’émettent et s’esquissent aussi ailleurs que dans l’image une fois qu’on se mette au fait que l’image nous les fait voir. Image mobile. Ces formes d’exode par les fissures de nos formations, ténues jusqu’ici mais qui vont se confirmant, sillonant, seront toujours en quelque sorte en excès de leurs radars, hors eux. Par le milieu de cet hors, une forme qui se sait tenue entre autres et qui donc se lâche, se déferle: l’acte de cette femme.

Qu’est-ce qu’elle fait? Elle crie. Et on dirait bien qu’elle lève ce drapeau dont je me suis tenu de faire jusqu’ici tout commentaire alors qu’elle structure toute ma découpe de l’image, la pose et lui donne son poids (composition picturale classique) mais seulement parce qu’elle s’y trouve également déposée par la formation qui s’esquisse autour d’elle dans la foule. Un symbole levé, et on dirait bien par la main de cette femme dont le cri nous atteint, même muet. Je dis cela parce que tout de suite j’y vois s’y apposer la puissance de ce triangle qui a retenu mon attention pour commencer, ce triangle entre cette femme qui crie et l’homme et la femme à l’arrière plan. Comme si le triangle rouge qu’on voit clairement et qui donne une bonne partie de la stabilité de ma découpe se trouvait déposé entre les personnes qui se détachent dans la foule et grâce auquel on imagine l’attachement psychique, affectif et politique dans la Palestine que ce drapeau représente. Je tente de lire les lettres arabes pour trouver confirmation d’une évidence. 

Drapeau levé vecteurs couchés dans la foule. Mains levées, celle qui lève le drapeau, baton tenu en poing et juste derrière striant encore l’image d’une ligne, force posée, mains levées, paumes ouvertes, répondant à l’appel de la formation. Nous aussi, elles semblent dire, présentes ! nous sommes là. We are here. Présence portée encore plus loin, bras qui prend le relai et ouvre sa paume ailleurs, de l’autre côté, derrière, au sens contraire de notre vue. L’éclair de ces bras et de ces mains levés, d’autres paumes encore ouvertes. They reach. 

Lignes, encore des lignes, ça fourmille dès qu’on les remarque. Mains levées paumes ouvertes, bras, baton drapeau, réplique et déposition du triangle rouge levés, le touche et l’inverse à côté.

Mon oeil s’arrête de nouveau sur le baton tenu, les deux mains juste derrière paumes ouvertes.

Drapeau porté haut et déposé dans la foule, entre les gens qui la composent: de même, poing fermé mains ouvertes qui suivent la ligne du baton, font lien et relai avec le bras derrière, la tête chauve, t-shirt bleu clair turquoise éclat entrecoupe l’éclair des bras et des mains forme de foudre qui semble le récit d’une image pour livrer lecture du déjà écrit. Ce que vous entendez au creux de l’oreille, proclamez le sur les toits. What you hear in whispers…Elsewhere bowl of the ear. Au centre donc de cette image, inc royal j’allais écrire effectivement royale crue, on trouve le creux d’une oreille, doublée même, par la forme des mains en éclair qui y mène et en haut d’une nuque d’homme vu de dos, le creux d’une autre, d’une vraie. Oreille, cou, points de vulnérabilité maximale exposés à la jonction des avant et arrière plans le long de la ligne d’un drapeau longtemps tenu pour signifier la survie d’une vulnérabilité malgré tout. Une déposition du Louvre debout rassemblée ailleurs, en marche et en vue. A l’écoute. Lui aussi comme elle  calme, au creux de cette oreille, une vague monte par sa bouche si précisément sise au creux, là encore, des deux épaules des deux hommes qui nous tournent le dos. Un autre drapeau penché en écho, sa strie bleue la poursuite de la noire de celui du centre qui ici ancre et déplace l’ordre de leurs pouvoirs étatiques établis. Entre les deux il y en a maints, dont elle en face de lui et lui, eux éléments ici détachés mais formant bloc contrée contrée par la portée de la force de son cri. 

*pour la clarté de mon exposition, j'ai reproduit la découpe de l'image ici. Si vous êtes ayant droit et voulez que je l'enlève, n'hésitez pas à me le signaler.

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