J’aime bien le printemps. Le renouveau. Les premiers jours de chaleur. De quoi redonner le moral tous ces petits bourgeons prêts à s’égayer sous la brise.
Je lève la tête et regarde le ciel bleu, vidé de nuages. Je sais où ils sont partis tous ces vilains cumulonimbus. Il me suffit de reposer les yeux sur l’écran de mon téléphone portable. Ils se sont exilés au siège du Rassemblement National. Le verdict est tombé en ce dernier jour de mars. Je ne peux m’empêcher de sourire.
Que ce jugement fait du bien. Non pas parce qu’il s’agit d’un parti d’extrême droite mais parce qu’enfin, une sanction légitimée et honnête qui nous donne foi en la justice à été actée, parce que la loi a été respectée et mise en application. Quelle bonne nouvelle ! Puis, il faut le reconnaître, que Madame Le Pen est pathétique à revendiquer l’illégitimité de sa peine d’inéligibilité provisoire. Parce que tout de même, le Rassemblement National c’est elle ! Parce que c’est à la vie politique que l’on s’attaque, parce que c’est la morale politique qui est visée et mise à malle et qu’il est totalement inconcevable qu’une éminence telle qu’elle ne puisse pas se présenter aux prochaines élections législatives. Il est intéressant de noter que personne ne remet en cause la condamnation. Après tout, le détournement de fonds publics est devenu un acte ordinaire. En revanche, ce sont bien les conséquences qui poussent certains à la révolte, pris dans une spirale totalement décontextualisée des lois de notre pays, lois qui s’appliquent à tous ses citoyens, quel que soit le niveau social. « Nous naissons et demeurons libres et égaux en droit ». Doit-on rappeler qu’il s’agit là d’un pilier de notre Constitution ?
Mme Le Pen oublie que ce n’est pas son parti qui a été sanctionné mais elle. Il leur est tout à fait possible de présenter un nouveau candidat. Il reste deux ans pour le préparer, Mais voilà, il faudrait accepter de lâcher les accoudoirs du trône et là, Marine le Pen n’acceptera jamais, choisissant de s’attaquer de façon nauséabonde à l’État de droit. A sa décharge, Monsieur Macron avait ouvert une porte l’été dernier.
Le Rassemblement National, comme au temps du père avec le Front National, serait une nouvelle fois victime d’un complot visant à le déstabiliser avec comme objectif de précariser sa présence au deuxième tour des élections. Cet argument est-il bien valable encore aujourd’hui ? Il y a fort à parier qu’au sein du groupe, la colère est forte. Eux ne lâcheront rien. Ceux qui hésitent encore pourront y voir une injustice électorale et se tourner en soutien vers ce parti. Cela fait une vingtaine d’années que l’extrême droite est présente au deuxième tour et le climat social sera de nouveau en sa faveur en 2027. Au fond, ce n’est pas sa représentativité qui pose problème. C’est bel et bien Marine Le Pen. Elle est l’héroïne du Rassemblement National qui ne peut pas et ne doit pas exister sans elle.
Imposer l’inéligibilité de Mme Le Pen revient-il à signer l’acte de décès du Rassemblement National ? Si cela devait se produire, elle seule en sera responsable. D’abord parce qu’une sanction de justice est tombée en réponse à ses infractions de fraudes financières et ensuite, parce qu’elle n’aura pas su le renouveler ce parti. C’est donc à présent une question de choix et de positionnement. Une question de programme à défendre qui, au fond, n’existe pas.
Une autre question se pose : comment se fait-il que bon nombre de politiciens aujourd’hui relancent le débat sur l’inéligibilité provisoire ? La loi a été votée suite à l’affaire Cahuzac pour que justement, en cas de non probité, les hommes politiques perdent ainsi leur représentativité citoyenne et « rendent des comptes à la société ». Il faut dire que l’affaire avait fait grand bruit en 2016. Cette loi avait été de nouveau appuyée par M. Bayrou alors Ministre de la Justice afin de « renforcer l’exigence de probités des élus ». Aujourd’hui, pourquoi remettre en question la légitimité de sanctions énoncées par nos juges ? Quelles sont donc ses motivations ? Bien évidemment, en raison des plaintes à son encontre dans de nombreux dossiers, la première est bien entendu la volonté de protéger son poste. Or une condamnation pour les mêmes motifs avec le parti du Modem le desservirait bien sûr. De plus, M. Bayrou n’est pas sans savoir que son gouvernement est sous la pression constante d’une censure par le Rassemblement dans l’hémicycle. Alors, il ne faut pas froisser.
L’on peut aussi se demander si l’inéligibilité de Marine Le Pen ne rebattrait pas les cartes aux Législatives. Qui pourrait s’imposer au deuxième tour si aucun candidat sérieux n’était proposé par l’extrême droite ? Cette sanction ne laisse t-elle pas grande ouverte la porte à un front de gauche qui aurait tout à y gagner à être les véritables opposants à une droite libérale et capitaliste ? Cette même gauche qui fait tant horreur à Monsieur Macron au point de s’allier coûte que coûte à une fange politique nocive.
Marine Le Pen, sachez que le printemps s’annonce ensoleillé ce dont nous, militants d’une France humaine et citoyenne, nous nous félicitons.
Sylvie Duval