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Billet de blog 7 septembre 2024

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Et si l'on osait la révolte ?

Lettre ouverte à Monsieur Macron d'un peuple en colère

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Autocratie :  Régime politique dans lequel un seul individu détient le pouvoir, alors qualifié de pouvoir personnel et absolu.

         La colère m’envahit de nouveau. Une colère sourde, animale. Nous avons, nous, peuple français, un Premier Ministre. Hip hip hourra ! Et pas n’importe lequel. Un homme politique jeune, moderne, en avance sur son temps, engagé dans les sujets qui nous préoccupent, à l’écoute de la France de demain et qui saura exprimer au mieux nos attentes.

         J’hésite à pleurer. C’est une meurtrissure cette nomination. Un mépris incommensurable. J’ai fait preuve, comme bon nombre de mes concitoyens, de candeur, étant persuadée, monsieur Macron, que vous respecteriez au moins la Démocratie et la République, faute de nous respecter. Comment ai-je pu être aussi naïve ? Je me suis souvenue qu’au cours des années passées, vous n’avez eu de cesse d’imposer une vision dictatoriale de votre mission ; mission qui consistait non pas à gouverner mais à enrichir par tous les moyens vos amis qui vous avaient permis d’accéder à la plus haute marche du podium. Et c’est bien la seule et unique que vous vous êtes assignée. Peu importe de laisser derrière vous un pays dévasté économiquement et socialement.  Vous aurez été à la hauteur de ce pourquoi vous avez été engagé.

        Monsieur Macron, cette nomination est une mutilation supplémentaire. Votre dédain n’a pas de limite. Je me suis rappelée des mots de Brigitte, vous décrivant adolescent comme étant d’une grande intelligence. De cela personne n’en doute. Malheureusement, vous ne possédez qu’une intelligence comptable. Nous, pauvres humains qui pourtant assurons par notre travail votre pain quotidien, sommes dotés d’une intelligence humaine qui assure notre richesse. Celle qui n’a pas de prix. Celle-ci vous fera toujours défaut.

        Je regarde à la télévision le visage de Michel Barnier. Je ne parviens pas à y croire. Notre fille, assise à mes côtés, me demande qui est le «vieux » sur l’écran. Je me tourne vers elle et tente une réponse. Elle reprend en élevant la voix. « Non ? » avance-t-elle avant que les mots ne franchissent mes lèvres (elle vient de comprendre), « C’est ça notre Premier Ministre ? Non ? C’est une blague ! ». Elle écarquille les yeux, le geste en suspend en direction du moniteur. Je hoche la tête. « Mon cœur, ce n’est pas une plaisanterie ». « Mais on n'a pas voté pour ça ? » Je lis la stupéfaction dans son regard. Je n’ai même plus l’énergie de la reprendre sur le pronom. Au fond, elle a raison, nous n’avions pas élu ça. Elle ne comprend pas. « Enfin maman, pourquoi sommes nous aller voter ? » Et c’est bien là qu’est le problème. Depuis de nombreuses années, je me bats contre les gens qui ne veulent plus se rendre aux urnes parce que « cela ne sert à rien ». Finalement, je me demande s’ils n’ont pas raison tous ces gens. Ce droit, vous nous l’avez volé. Notre voix ? Réduite en cendres. Par votre inconscience et votre soif de pouvoir, vous avez piétiné ce pour quoi nous nous battions ; à savoir le respect de nos institutions. Nous avions cru que le véritable danger prendrait les traits du Rassemblement National. Nous avions tort.

       Monsieur Macron, vous mettez la République en péril.  Le 7 juillet, nous vous avions exprimé notre volonté de faire barrage au Rassemblement National par tous les moyens et vous sembliez d’accord jusqu’aux résultats finaux plaçant en tête le Nouveau Front Populaire. Petit couac dans votre stratégie. Vous avez dû être surpris. Mais qu’à cela ne tienne, vous avez fait valoir l’étymologie du verbe en choisissant celui qui devait travailler pour vous. Je vous félicite de votre lucidité exemplaire. Vous avez œuvré pour discréditer le programme du NFP. Vous avez cherché à diviser la Gauche, cette Gauche anti libérale et humaine qui vous fait tant peur. Vous avez échoué. Vous avez attendu que le Rassemblement National se positionne. Votre peuple qui avait porté un mouvement de Gauche en espérant une vie meilleure s’est effondré dans son salon dans l’incompréhension la plus totale. Doit-on vous rappeler le score de la droite Républicaine aux législatives ? Non bien sûr et quand bien même, cette comptabilité ne vous intéresse plus.

      Vous avez fait de vos alliés le Rassemblement National. Alors il vous faudra céder face à leurs exigences si vous souhaitez les conserver comme partisans de votre politique. Oui mais sur quels sujets ? L’immigration ? La sécurité ? L’économie ?

      Vous n’avez que faire de vos concitoyens, ceux qui bien sûr ne vous ont pas nommé aussi bien que ceux qui vous ont élu. Parce que beaucoup d’entre eux n’ont pas choisi d’être des compagnons de route du Rassemblement National. A eux aussi, vous affichez votre mépris. A eux aussi vous leur devez des comptes.

      Cher monsieur Macron, il n’existe pas de mots pour décrire le misérabilisme que vous incarnez. Vous avez une fois de plus ouvert en grand la porte au RN qui, grâce à vous, pourra enfin accéder au pouvoir ultime. Vous avez donné une légitimité à la parole raciste, celle du quotidien. Votre déni et arrogance fragilisent la paix au sein de la démocratie que vous reniez.

       Sachez, monsieur Macron, que nous, force d’opposition, nous nous battrons contre vous, contre cette autocratie que vous avez mis en place. Alors, je ne doute pas un seul instant que nous subirons votre silence jusqu’à épuisement de nos forces. Que vous jouerez la carte de l’attente. La question est de savoir si votre peuple est prêt pour la révolte. Beaucoup espère votre destitution. Mais vous ne lâcherez rien comme en témoigne la nomination de Michel Barnier.

      Notre fille est elle aussi effondrée. Elle déverse sa colère sur vous, monsieur Macron, et je lui concède cet espace de parole en accord avec elle. Elle conclut en regardant une dernière fois le visage de Michel Barnier à l’écran « Mais qu’est-ce qu’un vieux de 73 ans comprend aux jeunes ? »

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