W.S.Domingo

cosmopolite, internationaliste, voyageur, agrégé d'histoire, ancien diplomate, Chief yorouba.

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Billet de blog 4 mars 2017

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Mais où ont-ils mis la Bastille?

A propos de l'appel de Mediapart à présenter un seul candidat de gauche à la prochaine élection présidentielle.

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La République est à l'agonie. L'avertissement est lourd de sens. Sinon, c'est le fascisme qui va l'emporter démocratiquement, ce qui sonnerait la fin de la République tout court. Cela mérite plus qu'un commentaire épidermique dans une longue file de gémissements et d'affects tristes.Reprenons dans la simplicité et essayons de trouver où se déroule la bataille.

La bataille n'est pas la confusion

Une constitution est un agencement indispensable capable d'organiser le jeu des pouvoirs au quotidien dans une démocratie qui n'est que le pouvoir du peuple assemblé. Faut-il le rappeler? Par les élections, les citoyens délèguent leur pouvoir de décider à un candidat, à un parti dont les positions sont identifiées par tous. A priori, les candidats sans parti ni programme demandent aux citoyens de leur signer un chèque en blanc d'une délégation de pouvoir sans contrôle possible. Il en va de même du candidat d'un parti dont le champion, une fois élu, trahit le programme sur lequel il a été élu. Ce parti devrait être disqualifié de fait par tous les citoyens conscients de leur rôle. 

Les Français ont essayé 13 constitutions. Le plus souvent, elles sanctionnaient la fin d'un régime marqué par une défaite militaire ou une révolution sociale. La constitution de 1958 est issue d'un quasi coup d'Etat opéré par un militaire à l'occasion de la défaite militaire et morale définitive du colonialisme, bien loin des intérêts quotidien du peuple de cette époque et sans que ceux-ci puissent s'y opposer.Que des nostalgiques de "l'Algérie Française" aujourd'hui fassent une campagne présidentielle est un scandale démocratique: accepter de donner la liberté de s'exprimer à des gens ennemis de la liberté. 

 Il y a bien une contradiction fondamentale entre l'organisation des pouvoirs dans la constitution de 1958 et l'efficacité démocratique. Tout le monde en est conscient. Elle a poussé à la création d'une multitude d'organismes de consultation, de défenseurs de ceci et de cela sans que pour autant rien n'ait été réglé. Bien au contraire, tout fonctionne comme si la machine qu'est la constitution à faire accepter le pouvoir réel par les citoyens, tourne de plus en plus à vide.Tout indique que le pouvoir sur nos vie est ailleurs et nous échappe dans des cercles restreints loin, très loin parfois. Mais ce n'est qu'une croyance bien utile pour nous faire accepter la domination d'une infime minorité, mettre hors d'état nos capacités à décider, à délibérer. "Le mouvement des places" n'a pas été autre chose qu'une réaction à ceux qui nous expliquent comment ils nous exploitent pour notre bien.

Mais où ont-ils mis la Bastille?

Nous avons le pouvoir jusqu'au moment où on nous le retire de force. C'est ce à quoi se sont échinés à faire les 3 derniers présidents. Inutile de faire la liste, trop longue, des décisions qui ont donné le pouvoir d'agir sur nos vies aux patrons, aux actionnaires, aux petits chefs de tout poil, aux milliardaires, aux notables locaux...Cet agencement qui augmente les distances entre le "peuple souverain" et les décisions prises en son nom de quoi est-il le nom? De l'impuissance du souverain. Comment remettre en cause la domination générale dans des conflits picrocholins, périphériques, locaux. Leur basse intensité est la garantie de la survivance du système et de sa centralité.

Si la Bastille d'aujourd'hui, c'est la République à défendre, on risque surtout de courir en tous sens à sa recherche, la tête sous le bras. Soyons juste un peu plus précis.Qui marche fait la route. Le brinquebalage des responsables de la situation a-démocratique dans laquelle nous sommes n'est plus d'actualité. C'est d'une ligne claire dont nous avons besoin capable de récupérer le pouvoir du plus grand nombre.  Et il est plus que temps pour sauver un peu d'avenir en commun qui nous reste qui s'appellerait la République. Notre Bastille est le pouvoir sur nos vies, celui de convoquer une constituante, de contrôler nos représentants en mission, de consentir à l'impôt, de vivre en démocratie sans état de siège. 

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