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cosmopolite, internationaliste, voyageur, agrégé d'histoire, ancien diplomate, Chief yorouba.

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Billet de blog 11 avril 2017

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La faillite de la gauche de gouvernement du moment Hollande

La faillite politique du quinquennat Hollande qui se termine est aussi celle de la théorie centriste de la gestion de " la gauche de gouvernement".

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La période Hollande se termine. Il a été un président mal compris. Certains ont cru en ses maladresses. Il a au contraire incarné la fonction comme aucun autre avant lui, régnant et gouvernant à la fois, décidant dans son palais entouré de conseillers. Il a porté jusqu'au bout sa théorie de " la gauche de gouvernement".

La faillite politique de ce quinquennat quasi impérial qui finit dans une frénésie de commémorations est celle aussi de la théorie de la " gauche de gouvernement", une invention remise au goût du jour par Michel Rocard en 1990 dans la formule de Joué-les-Tours injustement oubliée tant elle paraît évidente : "Le Parlement et le gouvernement ne sont ni légitimes ni fondés à vouloir autre chose que ce que veulent les Français». Et pourtant elle suppose la distinction entre la "prise du pouvoir" et " l'exercice du pouvoir", deux temps différents pour deux " socialistes différents", celui des promesses et celui des trahisons de la parole donnée aux électeurs comme on l'a vu en 2012. Celui de construction de la mobilisation des énergies populaire pour imposer des réformes et celui de la gestion de l'appareil d'Etat, affaire de spécialistes.

A Joué-les-Tours, Michel Rocard avait fait ce commentaire:  «l'évolution de l'histoire nous a amené au plan économique (...) à une sorte de capitalisme tempéré. Celui-ci pose naturellement plus de problèmes doctrinaux à la tradition socialiste qu'à la tradition libérale». Ces " problèmes doctrinaux" n'ont pas duré tout comme la marche vers l'égalité qui fait la gauche. N'est restée que la technique de gestion du capitalisme inégal et un peuple tenu à distance.

Avec le candidat du PS, Macron,  il n'y aura plus qu'un temps celui qui va le plus rapidement possible vers le futur du paradis libéral, d'ailleurs il assure qu'il agira par ordonnances. Mais écoutons aussi  les " seconds couteaux" chez les solfériniens qui, souvent sont les plus bavards:

Laurence Rossignol RTL 3/4/14

"Il y a dans le nouvel intérêt que suscite Jean-Luc Mélenchon un signal un peu inquiétant pour la gauche, c'est une gauche qui a renoncé à gouverner, celle qui suit Jean-Luc Mélenchon aujourd'hui (...). J'appelle les électeurs de gauche à ne pas renoncer à gouverner, à ne pas renoncer à la gauche qui gouverne, celle qu'on a construite progressivement ces trente dernières années."

Henri Weber (dans le documentaire "Mélenchon,l'homme qui avançait à contre courant"de Gérard Miller

"Les socialistes, c'est la gauche du gouvernement, celle qui accepte d'exercer les responsabilités. Au cours des cinq dernières années, le parti socialiste était au pouvoir à tous les niveaux. Il a eu à se colleter une situation qui était extrêmement difficile. Du coup, c'est un parti qui est obligé de tenir compte des rapports de force et du sytème des contraintes. Et bien, on exprime moins la colère que ceux qui sont dans l'irresponsabilité totale, qui sont vierges de tout bilan, qui n'ont de compte à rendre à personne de ce point de vue là et qui, en conséquence, peuvent toujours aller dans la surenchère et dans la proposition maximaliste."

Une vieille rengaine qui dit beaucoup sur le degré de renoncement et l'inconfort des acteurs. Il ne peut y avoir désormais qu'un gouvernement intermédiaire, du juste milieu, de compromis, forteresse imprenable, entre des extrêmes contradictoires pour exercer le pouvoir au mieux des intérêts des Français.  

Passons sur l'impasse logique de ces assertions. Il n'y a pas d'intermédiaire possible entre des extrêmes contradictoires mais seulement entre des extrêmes contraires.(Aristote, Métaphysique). La droite et la gauche sont contradictoires pas contraires. Comme le dit Lordon différemment " le ni droite ni gauche ou le droite et gauche sont des erreurs anthropologiques" pas moins, car "on ne peut nier la part irréductible de confluctualité dans le social". Imaginer que celle-ci puisse être dépassée politiquement en se situant au centre, c'est ouvrir la porte à l'affrontement sous la forme la plus violente qui soit, non contrôlée par la politique dont c'est finalement la raison d'être.

Laissons-leur le soin de théoriser leur impuissance et ce que je crois être leur confort personnel d'adorateurs de dorures et de voitures avec chauffeurs: " il n'y a pas d'autre politique possible que de se soumettre". Nous avions compris. Tentons d'aller plus loin.

Leur problème principal:

Comment faire du présent vécu par les "socialistes de gouvernement", le réel que tous les citoyens devraient pouvoir partager? Comment faire du présent d'aujourd'hui de quelques-uns, présentés comme courageux, l'avenir radieux de tous? De tous ceux qui ont vécu et vivent la domination renforcée sur leur vie ? Le résultat de l'action de ceux qui prétendent les avoir protégés, niant au passage l'expérience concrète de millions de vies?

Une réponse possible:

Il n'y a pas mille manières d'y parvenir. Faire passer pour général, ce qui ne fut que particulier comme lors des périodes d'exception de l'Union nationale en cas de guerre...

Et à défaut? Bâtir une scène, faire appel non à la raison mais à l'émotion pour nous obliger à vivre leur réalité. Parce que pour reprendre la forte sentence de M.Rocard à Joué-les-Tours en 1990, un gouvernement n'est pas censé vouloir faire plus que les Francais veulent. Les Francais lesquels? Ceux connus par les sondages que Rocard a utilisé en masse comme jamais vu auparavant ? Les Francais que les gouvernants voient les plus souvent, les lobbyistes de tout poil. Ceux qu'on effraie par les médias tapageurs. Il aurait pu ajouter que les gouvernements légitimes à gauche sont ceux qui tiennent compte surtout des mouvements sociaux...Il me souvient des interventions de son cabinet de premier ministre auprès des élus comme Mélenchon, soupçonné d'agiter les infirmières, les travailleurs de la RATP, les aiguilleurs du ciel en grève à l'époque comme s'il y avait un centre du complot pour le faire chuter!Il me souvient que le gouvernement Rocard (1988-1991) a utilisé le 49-3, pas moins de 28 fois, un record jamais battu...il me souvient que la forte croissance économique qui ne profita pas aux plus défavorisés.

Commentaire:

Pourquoi avons-nous du mal à comprendre que le confort, le bonheur de quelques-uns (les socialistes de gouvernement qui souffrent à être bienheureux, vous ne vous en rendez pas compte!) doit être le bonheur de tous car notre situation aurait pu être pire que la privation du droit à manifester sous l'état d'urgence, le million de chômeurs de plus, la destruction de notre système de santé, la police désormais surarmée qui tue et même viole dans les " quartiers" comme jamais, les cinq guerres déclenchées à la demande des Etats-Unis, la perte d'indépendance de la France, la destruction du parti socialiste qui nous appartient y compris son siège acheté à la MGEN à un prix dérisoire, la répression des syndicalistes, nos impôts donnés par milliards à des actionnaires d'entreprises qui ne paient pas d'impôt au nom du "réalisme de gouvernement" et de "l'Europe qui protège" et bien d'autres calamités comme le recul de l'âge de la retraite, la baisse de l'espérance de vie, la pollution de nos villes, la loi travail...

Madame, Monsieur. Nous ne voulons pas vivre dans votre réalité.

"Le silence ne sera jamais raisonnable si l'on attend de lui qu'il parle." Il parlera le 23 avril. 

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