W.S.Domingo

cosmopolite, internationaliste, voyageur, agrégé d'histoire, ancien diplomate, Chief yorouba.

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Billet de blog 24 janvier 2016

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Le pain de messe est-il dangereux pour la santé?

Un peu d’information religieuse. Selon l’instruction « Redemptionis sacramentum » du 25 mars 2005 : « le saint sacrifice eucharistique doit être célébré avec du pain azyme de pur froment et confectionné récemment de sorte qu’il n’y ait aucun risque de corruption ». Pourtant même sans corruption, les hosties sont-elles dangereuses pour la santé comme un quelconque produit de boulangerie?

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Le pain azyme est un pain sans levain. Les hosties doivent être fabriquées avec du blé tendre à quoi on ne peut ajouter ni fruits, ni sucre, ni miel. Ce serait un grave abus. On ne communie pas avec des gâteaux à la crème pas plus qu’avec du pain sans gluten fait de farine de riz, de châtaigne ou de sarrasin. Car ces hosties ne pourraient pas être consacrées, c’est-à-dire devenir le corps du Christ lui-même en substance (« Ceci est mon corps livré pour vous » dit le prêtre in persona Christi), s’il n’y a pas eu panification. Et pour une fois, tant pis pour les intolérants… au gluten et les malades coeliaques.

Illustration 1
La flagellation du Christ © William-adolphe Bouguereau 1880

 D’ailleurs le cardinal Ratzinger, futur ex-pape Benoît XVI, quand il était préfet de la congrégation de la doctrine de la foi, a écrit dans une lettre à tous les présidents des conférences épiscopales en 2003 : « Les hosties totalement privées de gluten sont une matière invalide pour la célébration de l’Eucharistie ». Il a ajouté : « le fidèle affecté de céliachie qui ne peut communier sous l’espèce du pain, y compris celui privé partiellement de gluten peut recevoir l’Eucharistie sous l’unique espèce du vin. »

 Faut-il pour autant parler comme l’a fait le Monde du 10/8/1989, sans aucune gène, dans sa rubrique santé « des hosties à haut risque »? Il est vrai que les hosties sont pleines de gluten, ce qui fait qu’elles collent au palais et qu’on a du mal à les avaler. Même les meilleures d’entre-elles comme celles fabriquées par les sœurs cloîtrées du monastère de la visitation à Lourdes. Leur recette est pourtant saine : 20kg de farine de blé mélangés avec 21 litres d’eau de la grotte de Lourdes donnent une pâte qu’on étale entre deux plaques de fonte très chaudes de 180 à 240°C et qu’on coupe avec une fraiseuse produisant ainsi des disques de 8 à 13 cm de diamètre pour les grandes cérémonies et de 3 cm pour les autres[1]. Le paquet de 1 000 hosties était en 2013 à un prix compris entre 16 et  20,59 €. C’est pas donné mais heureusement pour les finances des églises mais malheureusement pour les sœurs, le marché a tôt fait de mettre de la concurrence notamment avec des entreprises laïques d’Espagne ou d’Italie, ce qui a fait baisser les prix.

 Après les hosties sans gluten, il ne manquerait plus que le vin bio soit interdit ou que l’on apprenne que l’encens contribue à l’effet de serre.

Faudrait peut-être convoquer le principe de précaution ? Souvenons-nous tout de même que René Descartes est mort après avoir communié. Certains prétendent qu’il aurait été empoisonné pour éviter que la reine de Suède n’oublie de se convertir au catholicisme comme elle en avait avancé le désir avant de connaître Descartes. Peut-être René était-il intolérant au gluten ? C’est une piste qui n’a pas été explorée. Il est vrai qu’on est toujours intolérant pour celui qui croit. Et nous croyons que le gluten est mauvais pour la santé, même caché dans les hosties.


[1] Le Figaro 21/2/2013

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