W.S.Domingo

cosmopolite, internationaliste, voyageur, agrégé d'histoire, ancien diplomate, Chief yorouba.

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Billet de blog 27 novembre 2015

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Thatcher et Hollande face à la guerre

Qu'est-ce qui pourrait nous faire croire que la guerre des Malouines lancée par Madame Thatcher en 1982, au début des politiques néolibérales, a quelque chose à voir avec la guerre d'aujourd'hui contre l'Etat Islamique et que François Hollande se serait transformé en Homme de fer?

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Permettez un souvenir de guerre. Lors de la guerre des îles Malouines envahies par l’armée de la junte des généraux au pouvoir en Argentine, Jorge Luis Borgès, toujours énigmatique, avait déclaré : «  c’est la guerre de deux chauves pour un peigne ». Le peigne était un ensemble d’îlots battus par les vents qui courent sur la mer australe, remplis de pingouins et de moutons, un confetti de l’Empire britannique oublié de tous sauf de la Dame de fer.

En cette année 1982, depuis deux ans, à plusieurs milliers de kilomètres de là, Madame Thatcher (le premier chauve) administrait le « choc » libéral et ravageait l’état social à coup de décrets et de répressions des grèves. Le chômage avait doublé atteignant les 3 millions, des pans entiers de l’industrie avaient sombré (la production industrielle avait reculé de 18%) et l'inflation flambé à 20%. Sa « cote » de popularité était la plus basse atteinte par un Premier Ministre depuis un siècle. On attendait les élections de 1983 qui devaient, sans coup férir, mettre fin à la boucherie économique et sociale.

« Ce dont les conservateurs avaient désespérément besoin, c’était d’une diversion de politique étrangère qui changerait les termes du débat public sur l’aptitude à gouverner et la compétence politique. »  (Andrew Gamble, Le Monde diplomatique, août 1982)

 On eut la guerre, loin, très loin déclarée par la junte militaire argentine (le second chauve) aux abois pour sauver son régime atteint par le fardeau de la dette externe qui désormais pesait mais pesait sur les épaules du peuple après la disparition de 30 000 militants de gauche. Et leurs amis états-uniens ne se bougaient pas pour les aider une fois de plus. Ils l'avaient fait lors du coup d'état mais cette fois c'était pour lutter contre les banques, les leurs, c'était évidemment plus compliqué que contre les peuples. A Buenos-Aires, on braillait « las Malvinas son argentinas ! » mais sans trop y croire. On se moquait beaucoup aussi, ainsi en couverture de Humor, un hebdomadaire humoristique à force d’être cinglant, des généraux et en particulier le général Galtieri caricaturé en amateur de la bouteille, la casquette de travers, décidaient de la guerre lors d’un repas arrosé, trop arrosé ? (je n’ai pas pu encore retrouver cette couverture). En Angleterre, on avait sorti l’Union Jack aux fenêtres. 80% des Britanniques approuvaient la guerre.

Qu’est-ce qu’on eut après quelques milliers de morts ? En Argentine, une défaite militaire et la fin de la dictature; au Royaume-Uni, la victoire éclatante des conservateurs et de Mme Thatcher.

 Une caricature de Plantu dans le Monde, je crois, (que je n’ai pas encore pu retrouver) présentait les élections anglaises : une file de pingouins s’était sagement formée devant une urne et avaient dans leur bec un bulletin de vote pour Mme Thatcher.

 On peut se demander qui fut le dindon de la farce dans cet épisode. Les coups cessèrent pour un temps en Argentine mais pas au Royaume-Uni. C’était le premier « choc néo-libéral » de l’histoire et on ne le savait pas. On continua à faire la guerre aux pauvres.

Toute ressemblance avec une situation récente ne serait qu’une pure coïncidence évidemment car, comme on le sait, « comparaison n’est pas raison », « les situations sont si différentes », la « France n’est pas le Royaume-Uni », les conservateurs britanniques ne sont pas de gauche, « les pingouins ne ressemblent ni aux moutons, ni aux pigeons, ni aux mougeons si chers à un abonné de Mdp que je m’en voudrais d’oublier, ni aux pitons d’ailleurs, and so on…

 P.S. Une récompense à ceux qui m’aideront à retrouver toutes les caricatures qui manquent dans ce papier, au choix : une boîte de Noël avec une poupée Barbie de chiffons à l’effigie de Margaret Thatcher…et les aiguilles qui vont avec ou un Kent en homme de fer à l’effigie du François Hollande avec un casque de motard.

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